Chapitre 42

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Harry se tendit, attendant avec inquiétude la réaction de son professeur. Cependant, Rogue sembla particulièrement choqué et eut un mouvement de recul.

Le jeune homme laissa échapper un rire amer, au bord des larmes.
— Et vous savez le pire, Professeur ? Si Dumbledore le sait, il laissera Pansy être sacrifiée, malgré tout ce qu'elle risque, uniquement parce qu'il imagine que je ne suis pas prêt. Il a trop peur de voir sa petite marionnette échouer...

Son professeur soupira, semblant fatigué.
— Et l'êtes-vous, Potter ? Prêt ? Pouvez-vous affirmer que vous êtes prêt à lui faire face ?


Il soupira et haussa les épaules, refusant de croiser le regard sombre qui le transperçait jusqu'à l'âme.
— Je l'ignore. Mais je sais que j'irais jusqu'en enfer pour la protéger, monsieur. J'ai perdu mes parents, puis mon parrain... Si je devais la perdre de cette façon, parce qu'elle aura été sacrifiée pour gagner du temps, je refuserai de me battre. Je le laisserai me tuer.


Rogue émit un grognement agacé, mais il ne semblait pas vraiment hostile à Harry. Il était au contraire plutôt pensif, comme s'il le découvrait sous un jour inédit.
L'homme soupira et se frotta le visage.
— Dites-moi tout, Potter. J'ai besoin de tous les éléments pour... vous aider au mieux.


Harry pinça les lèvres et hocha la tête.
— Dumbledore me convoque régulièrement pour me montrer des souvenirs de l'enfance de Tom Jedusor avant qu'il ne soit Voldemort. Il m'a également emmené sur les lieux importants. Il voulait que je le connaisse...
— Et qu'avez-vous appris ?

Harry haussa les épaules, jetant un coup d'œil nerveux à son professeur. Puis, il baissa la tête, l'air honteux.
— J'ai appris qu'il était un orphelin maltraité par les moldus. Comme moi. Que Poudlard était sa maison, et qu'il voulait plus de pouvoir. Toujours plus. Il a découvert la Magie Noire et s'est plongé dedans, peu avant de quitter l'école. Rien d'utile, en dehors du fait que j'aurais pu devenir comme lui.

Rogue l'interrompit.
— Ne dites pas de sottises, vous n'avez pas assez de...

Harry le coupa à son tour, les poings serrés.
— De colère ? De ressentiment ? Vous voulez parier, monsieur ?
— De haine, Potter. Vous n'êtes pas capable de haïr de cette façon, de faire souffrir quelqu'un sans sourciller.

La magie de Harry s'agita, emplissant la pièce d'une tension de plus en plus pesante. Il ricana, et son visage se crispa.
— Peut être pas de cette façon, mais je pourrais très bien m'attaquer à ceux qui toucheront ceux que j'aime, professeur. Je pourrais tuer cette chienne de Lestrange si elle était devant moi... Sans la moindre hésitation. Je pourrais faire souffrir le père de Pansy pour avoir vendu sa fille.


Le maître des potions soupira et s'approcha de lui pour lui poser une main sur l'épaule, le serrant suffisamment pour attirer son attention. Puis il chuchota avec douceur.
— C'est différent, Potter. Vous pourriez peut-être faire ça pour protéger ceux que vous aimez, mais vous garderez éternellement la culpabilité de vos actes en vous.


La colère de Harry retomba brusquement, comme un soufflé et il secoua la tête perdu. Il regarda son professeur d'un air suppliant.
— Il faut la protéger, monsieur. Elle pense qu'elle doit se livrer pour me donner du temps, mais...


*

L'air perdu du gosse face à lui serra le cœur de Severus. Il pensait qu'il ne pourrait plus être ému de cette façon, pas après la mort de Lily. Mais son fils, avec ses grands yeux verts pleins de larmes, avait réussi à le toucher en plein cœur, par la sincérité de ses émotions.

Il pensa brièvement que la jeune Parkinson avait bien de la chance d'avoir quelqu'un prêt à tout pour la protéger, avant de se souvenir qu'il aurait fait la même chose pour sa Lily autrefois. Il soupira, réfléchissant à toute allure, puis il fixa le jeune homme, essayant de le forcer à se concentrer froidement sur la situation.
— Monsieur Potter. Y'a-t-il une raison d'attendre ? Pourquoi Dumbledore penserait-il que vous n'êtes pas prêt ? Vous suivez un entraînement ?


Le gamin laissa échapper un ricanement sinistre, et ses yeux s'obscurcirent de nouveau, alors que la colère revenait. Malgré lui, Severus haleta face à la puissance dégagée et espéra que personne dans Poudlard ne se rendait compte de ce qui se passait. La réponse chuchotée le fit pester contre le directeur de l'école.
— Un entraînement ? Quel entraînement ? Il me montre juste ses souvenirs, et il attend le moment qu'il aura choisi, monsieur. Rien de plus.


Il y eut un lourd silence, alors que Severus se rendait compte que cette guerre atroce qui avait fait tant de victimes n'était qu'une lutte de pouvoir entre deux sorciers manipulateurs. Il soupira, épuisé d'être tiraillé entre les deux camps, malgré lui.

— Qu'aviez-vous l'intention de faire, Potter ?

Une lueur de malice passa dans le regard émeraude malgré la gravité de la situation et Severus comprit immédiatement. Il attendit cependant la confirmation de son pressentiment.
— Je vais juste protéger Pansy, monsieur. Improviser.

Malgré lui, Severus sourit brièvement en secouant la tête.
— Bien évidemment.

Ce fut suffisant pour que Harry se détende légèrement. Il était encore fébrile, les mains tremblantes et il ne pouvait pas détacher ses pensées du risque que courrait Pansy. Mais le soutien de Severus Rogue le soulageait et il ne se sentait plus aussi seul.

Voyant le jeune homme se calmer un peu, Severus hocha la tête, satisfait, réfléchissant furieusement à la situation. Puis, il grogna.
— Où est miss Parkinson ?

Une nouvelle vague de magie le fit grimacer, et Potter sembla se ramasser sur lui-même. Il répondit d'un ton neutre, évitant son regard, avec une grimace étrange.
— Probablement dans sa salle commune. Malefoy est censé la protéger.

Severus fronça les sourcils, mais ne posa aucune question à la réaction curieuse du Gryffondor. Il n'avait pas la moindre envie de débattre de la vie sentimentale du fils de James Potter et encore moins de consoler un adolescent en pleine crise existentielle ou pris dans une peine de cœur.

Il hocha la tête sèchement et le fixa.
— Avez-vous votre maudite cape sur vous ?

Harry haussa un sourcil moqueur et sortit le tissu chatoyant de sa poche. Severus roula des yeux, refusant de faire le moindre commentaire et secoua la tête brusquement, reprenant un visage vide de toute émotion et son air revêche habituel.
— Cachez-vous et suivez-moi. Il est temps de préparer soigneusement un plan qui tienne la route et qui permette de limiter le nombre de victimes.

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant