Chapitre 64

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Avant que Severus ne puisse répondre ou poser des questions, l'escalier s'arrêta brusquement et ils revinrent au présent.
Il y eut un long regard entre les deux adultes, curieux de Severus et plein de regrets de Rémus, et ils hochèrent la tête, se promettant sans un mot une longue conversation lorsque les choses seraient plus calmes.
Puis, ils avancèrent de concert, suivis des deux adolescents qui avaient assisté à la scène sans oser intervenir. Pansy nota le sourire satisfait de son petit-ami et devina qu'il en savait bien plus qu'il ne le disait, une fois encore.
Il lui lança un clin d'œil complice et elle roula des yeux, souriant malgré elle lorsqu'il serra ses doigts.

Drago arrivait derrière eux, silencieux lui aussi. Cependant, il avait fait signe à Hermione Granger de les suivre et elle se tenait près de lui méfiante, mais soulagée de ne pas être repoussée.

Elle avait entendu la réflexion de Harry, lorsqu'il avait justifié son attitude distante par son envie de la protéger, et elle avait dû mobiliser toute son énergie pour ne pas lui hurler dessus immédiatement. Malefoy lui avait fait signe de se taire et curieusement elle avait obéi.
Après tout, si Harry lui faisait confiance, elle pouvait bien en faire autant. Comme elle l'avait dit à Harry, il était son ami et elle avait totalement confiance en lui.

Elle ignorait quel serait son rôle alors qu'ils avançaient vers le bureau de Dumbledore, elle ignorait même tout de la situation, mais elle ferait tout pour protéger son ami, quoi qu'il arrive.


*

Dumbledore les attendait assis derrière son bureau, les sourcils froncés, visiblement mécontent. Il lança un regard noir à Severus, ne cachant pas son mépris, puis dévisagea Rémus d'un air déçu. Il regarda vaguement les adolescents, sans faire cas d'eux, visiblement décidé à commencer par les adultes.

Harry avança d'un pas, se plaçant entre les deux hommes, avec un regard de défi. Un instant, Dumbledore fronça les sourcils, visiblement perplexe de la réaction du jeune homme. Cependant, il soupira et fixa Rémus en premier.
— Rémus, j'avais totalement confiance en vous, mon petit. Je pensais qu'après tout ce que j'avais fait pour vous, vous auriez au moins le respect de me prévenir avant de prévoir toute action stupide ! Vous introduire dans l'école... pour venir y mener une attaque ?

Rémus secoua doucement la tête, et il répondit calmement, nullement déstabilisé.
— J'ai agi pour le bien des enfants, Directeur. Il me semblait que c'était pour cette raison que vous aviez confiance en moi ? Après tout, vous êtes le premier à dire que tout doit être fait pour le plus grand bien ? Y compris trahir des personnes chères ?

Dumbledore rougit furieusement et se redressa, piqué au vif. Il écarta la réflexion d'un geste agacé et se tourna vers Severus, le dos raide.
— Et vous, Severus ? Quelle est votre excuse ? Vous êtes censé me servir, pas intervenir de votre propre chef.

Severus laissa échapper un ricanement moqueur et il leva un sourcil méprisant en direction du vieil homme.
— J'ignorais que je portais une seconde marque, Albus. J'ai dit que je vous aiderai. Mais j'ai surtout dit que je ferais tout pour mettre à mort le Seigneur des Ténèbres. C'est ce que j'ai fait.


Dumbledore haleta et secoua la tête, perplexe.
— Quoi ? C'est... impossible !

Harry ricana, attirant l'attention du directeur sur lui. Pour une fois, le regard bleu de l'homme n'était plus bienveillant. Juste calculateur. Harry resta cependant calme, et répliqua.
— Vous disiez que je devais le tuer, non ? Et bien... j'y suis allé. Tout simplement.
— Mais... Ce n'était pas comme ça...

Le jeune garçon s'avança seul, calme, face à un homme qui n'avait fait que l'utiliser depuis sa naissance. Il haussa les épaules, et murmura, assez fort cependant pour être entendu de tous.
— Je devais me sacrifier face à lui pour faire de vous un héros, monsieur ? Je suis désolé, mais j'ai une raison de vivre... Et je ne comptais pas l'abandonner de cette façon. Nous y sommes allés tous ensemble. Nous nous sommes battus et nous l'avons tué. Lui et son serpent. Au cœur de son repaire.

Dumbledore secoua la tête une fois de plus, cherchant à nier l'évidence.
— Mort ? Il est mort ? Mais...

Harry fronça le nez, avec un mépris évident.
— Il était peut-être un élève brillant, mais son enfance ne m'a rien appris hormis qu'il était lui aussi une victime de votre aveuglement. Il était si seul... Il n'était pas un surhomme, monsieur, juste un homme en colère.


Furieux Dumbledore ricana.
— Visiblement, tes nouveaux amis t'ont bien manipulé, Harry. Mon garçon, tu t'es montré si stupide. Comment peux-tu jurer que c'était bien lui ?

Il y eut un hoquet de stupeur collectif, mais Harry resta muet, comme s'il n'était pas surpris de cette trahison de plus. Cependant, le jeune homme sursauta en entendant la voix de sa meilleure amie — celle qu'il avait repoussée — retentir.
— Je suis aux côtés de Harry depuis le début, monsieur. Et je le connais suffisamment pour affirmer qu'il n'est pas manipulé et qu'il n'invente rien. Je n'étais peut-être pas sur place pour constater de visu la mort de ce monstre, mais... je le crois. Sans la moindre hésitation.

Harry la fixa longuement, les yeux humides, et il cligna des yeux pour chasser son émoi passager. Il lança un sourire lumineux à Hermione, se jurant de se faire pardonner de l'avoir éloignée de lui. Même pour la protéger.

Harry croisa ensuite le regard fier de Pansy, et il se reprit, pour faire face au directeur une fois de plus.
— Vous n'avez pas arrêté de me dire que j'avais un lien avec lui, monsieur. Vous vous souvenez ? La douleur de ma cicatrice en sa présence, les rêves. Les visions. C'était bel et bien lui. Et son serpent. Les deux sont morts, et je suppose que vous savez où ils se terrent. Ou que vous le saurez rapidement après que les Mangemorts arrêtés grâce à Drago Malefoy ici présent soient interrogés.

Dumbledore grogna de rage et se redressa, pointant le blond du doigt.
— C'est lui qui les a fait entrer ! C'est ce petit serpent qui a ouvert une brèche dans l'école pour faire entrer les Mangemorts !

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant