Chapitre 62

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Prenant soudain conscience que Fiertalon n'attendait probablement que ça pour agir, un air vaguement menaçant lui permettrait de justifier un sort perdu, Severus posa la main sur l'épaule de Harry Potter.
Aussitôt, le jeune homme se calma suffisamment pour ne plus donner l'impression d'être une menace, bien qu'il ait encore un air furieux.

Rémus intervint d'une voix douce.
— Et bien, je suppose qu'il serait judicieux de régler ce problème plus tard. Ce n'est pas comme si Severus allait fuir pour se cacher, non ?

L'Auror grommela, de baisser sa baguette. Finalement, Shakelbolt secoua la tête et usa de son autorité de supérieur hiérarchique.
— Suffit Fiertalon. Si tu n'es pas capable d'oublier tes griefs personnels, tu quittes les lieux et tu es déchargé de cette affaire.

L'homme se renfrogna et lança un regard plein de haine en direction de Severus Rogue qui n'échappa pas à Harry. Puis, il haussa brusquement les épaules et baissa sa baguette avant de reculer à pas raides. Il défia Shakelbolt un instant, et leva le menton, clairement décidé à ne pas se laisser faire.
— Ce n'est pas parce que tu es chef d'unité sur ce coup que tu as raison. Crois-moi, j'arriverais à le coincer, quel qu'en soit le motif et ce jour-là je ferais en sorte que ton comportement protecteur soit noté et examiné.

Le regard de Harry navigua entre les différentes personnes présentes autour de lui et constata avec soulagement que seul Fiertalon semblait avoir des doutes sur le rôle de Severus Rogue. Il se retourna vers l'homme, et lui adressa un regard malicieux. Puis, il soupira, exagérant légèrement.
— Merci Professeur. Sans vous, je n'aurais jamais réussi.

Rogue haussa un sourcil stupéfait, mais resta silencieux. Rémus approcha tranquillement, tenant toujours Pansy contre lui.
— Effectivement Severus, je te dois aussi des remerciements pour avoir pris soin de Harry pendant mon éloignement. Il n'aurait pas pu être entre de meilleures mains.

L'homme leva les yeux au ciel, prêt à laisser échapper une remarque acide, avant de croiser le regard de Harry et de se rendre compte qu'il était pleinement sincère. Il vit du coin de l'œil Fiertalon faire demi-tour et quitter la pièce d'un pas raide, furieux. Shakelbolt s'approcha de lui avec un sourire moqueur, et lui posa une main sur l'épaule.
— Eh bien, Severus... Pour quelqu'un qui aime la solitude, tu as réussi à obtenir de solides soutiens...

Le maître des potions marmonna indistinctement sans répondre, et l'Auror ricana, ne s'en vexant pas. Puis, Shakelbolt dévisagea Harry.
— Je croyais que Severus ici présent te menait la vie dure ?

L'adolescent n'hésita pas un seul instant.
— Bien sûr. Mais il n'avait pas vraiment le choix pour son rôle, non ? Un Mangemort qui se montre amical avec moi serait hautement suspect.

Cette fois, Severus grogna
— Oh par pitié, Potter ! J'ai été infect avec toi, tout le monde le sait.
Doucement, l'adolescent le reprit, souriant.
— Peut-être. Mais vous m'avez protégé. Sauvé la vie à plusieurs reprises. Aujourd'hui encore, vous étiez là à assurer mes arrières. Que vous le vouliez ou non, je vous fais confiance, monsieur.

Kingsley eut un rire grave et secoua la tête.
— Dûment noté, monsieur Potter. J'ai bien compris que vous ferez en sorte de protéger cet homme. Maintenant, puis-je savoir pourquoi nous devions venir ici dans le plus grand secret, au nez et à la barbe d'Albus, pour une mission d'envergure ? Et pourquoi ce cher directeur n'a pas pointé le bout de son nez pour quelque chose d'aussi capital dans la guerre que nous menons ?

Harry se crispa.
— Dumbledore a annoncé au monde magique dans son ensemble que je devrais faire face à Voldemort, que j'étais un genre... d'élu, n'est-ce pas ?
Kingsley hocha prudemment la tête, sourcils froncés. Harry ricana, moqueur.
— Oh... Je suppose que vous me trouvez ingrat, à me plaindre alors que je dois avoir bénéficié de cours particuliers non ?
L'Auror fronça les sourcils, perplexe. Harry détourna le regard en déglutissant, comme s'il cherchait à dissimuler son expression. Severus posa une main sur son épaule et l'adolescent leva le regard vers lui, reconnaissant de son soutien.

Kingsley se gratta la gorge, impatient d'en savoir plus. Harry lui sourit tristement et haussa les épaules.
— Je n'ai jamais reçu la moindre aide, la moindre instruction spécifique. J'ai été... Placé en première ligne et je suppose que ma mort aurait...

L'Auror eut un mouvement de recul, incrédule. Cependant, Harry n'y fit pas attention, reportant son attention sur Pansy.
— Il voulait... Il voulait que je laisse Pansy. Il m'a dit qu'il devait contrôler mes relations, mais... il ne s'est jamais inquiété de tout ce qui m'arrivait. Excepté quand Pansy, fille de Mangemort reconnu a commencé à me fréquenter.

Kingsley se tendit.
— Et bien, peut être que la forme était un peu brusque, jeune homme, mais je peux comprendre qu'il soit inquiet de te voir proche d'une jeune fille dont la mission de son père est de te blesser.

Harry laissa échapper un ricanement amer.
— Pansy a été honnête avec moi dès le début et elle m'a aidé.
Le jeune homme marqua une pause pour chercher le regard de Pansy, et ils se fixèrent un instant. Harry lui sourit tendrement, les yeux brillants et il soupira avant de parler sans détourner la tête.
— Elle a toujours été de mon côté, depuis le début. Sans elle... Je me suis battu pour elle, Kingsley. Pour elle avant tout. Et le directeur était prêt à la sacrifier. Quand elle a été agressée... il n'a pas pris la peine de chercher le coupable.


Cette fois Shakelbolt ne put trouver la moindre justification, et il secoua doucement la tête.
— Je ne comprends pas...

Rogue renifla et eut un sourire crispé.
— Vraiment ? Pourtant vous aviez été choqué d'apprendre que les Maraudeurs n'avaient jamais été punis de leur harcèlement continu n'est-ce pas ? Et bien... c'est toujours la même chose : les Serpentard sont laissés de côté, comme s'ils étaient pourris à la base.

Harry gloussa nerveusement.
— Si vous saviez à quel point je regrette d'avoir supplié le choipeau de m'envoyer à Gryffondor ! Sans Ron pour m'influencer juste avant, j'aurai été réparti à Serpentard...

Kingsley dévisagea l'adolescent quelques secondes d'un air stupéfait avant de partir dans un fou rire sincère, l'amusement clairement lisible dans son regard sombre. Riant toujours, il lui tapota l'épaule, et s'éloigna pour rejoindre le reste de ses coéquipiers, visiblement dans le but d'emmener au Ministère les Mangemorts arrêtés, ses épaules tressautant de temps à autre alors que le fou rire repartait de plus belle.

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant