Chantage brûlant

Chapitre 36

Le plan de Harry sembla convaincre les deux Serpentard, et le brun rougit en voyant Pansy lui lancer un long regard admiratif et brûlant.

Ils décidèrent de manquer les cours, et ils se faufilèrent jusqu'à la salle sur demande. Ils suivirent Drago après qu'il eut fait les trois aller-retour obligatoires, et Harry écarquilla les yeux en découvrant le bric-à-brac qui encombrait la pièce.

Il eut une exclamation de surprise.
— Je suis déjà venu ici, mais à chaque fois la pièce était vide ! C'est la première fois que je vois autant de choses...

Pansy attrapa une coupe en métal délicatement ouvragé et souffla.
— On dirait qu'il y a des trucs vraiment anciens !

Drago ricana, fier de leur montrer sa trouvaille. Cependant, il se rembrunit en arrivant devant l'armoire à disparaître.
Harry avança, observant le meuble massif, sombre et lourdement décoré, qui avait l'air de les surplomber, menaçant. Il passa sa main sur les portes et frissonna.

Drago murmura, avec un peu de crainte.
— Pour l'instant, j'arrive à faire passer des objets inanimés dedans. Comme une pomme. Elle se retrouve chez Barjow et Beurk et il me la renvoie.

Pansy croisa les bras sur sa poitrine et fronça les sourcils.
— Comment sais-tu que ta pomme va réellement où elle le devrait ?

Drago glissa un bref coup d'œil en direction de Harry et murmura.
— Ma cinglée de tante mord dedans. Son empreinte de dents est le signe que ça fonctionne.

Harry serra brusquement les dents, furieux, mais il ne fit pas la moindre réflexion. Il haïssait Bellatrix Lestrange de toute son âme, mais il savait que Drago Malefoy n'était pas coupable des crimes de sa tante. Il caressa un instant le fantasme de lui envoyer une pomme empoisonnée à la façon de ce conte moldu, puis s'obligea à se calmer et à se concentrer sur son objectif : protéger les élèves, aider Drago et Pansy.

*

Pansy se laissa tomber au sol, essoufflée. Depuis qu'ils étaient arrivés dans la salle sur demande, tous les trois, ils se relayaient pour réparer l'armoire à disparaître. C'était probablement un coup de poker, mais c'était un plan qui tenait la route. Laisser l'ennemi entrer et le piéger.

Visiblement, Harry avait une idée derrière la tête, parce qu'il avait marmonné qu'il aurait besoin d'écrire aux jumeaux Weasley. Elle se souvenait de leur sortie triomphale face à Ombrage et elle avait eu malgré elle un petit sourire moqueur en pensant que les Mangemorts allaient souffrir.

Finalement, les deux garçons la rejoignirent et se laissèrent tomber près d'elle. Harry alla même jusqu'à poser sa tête sur ses genoux, se vautrant sans complexes sur le sol.
Drago ricana, mais il ne fit pas la moindre remarque. Il semblait amusé de découvrir que Harry Potter agissait comme un chaton humain en mal de câlins...

Ils restèrent longuement assis en silence, s'observant, puis Drago hocha la tête.
— Merci de votre aide. Lorsqu'ils auront le message que j'ai pratiquement terminé, les choses vont s'accélérer. Tu es sûr de ça, Potter ?

Pansy passa la main dans les cheveux du jeune homme et il lui sourit paresseusement avant de répondre à Drago.
— Certain. Plus vite ça sera fait, plus vite on pourra... réagir. Si nécessaire on quittera Poudlard, mon parrain m'a... légué sa maison. C'est lugubre, mais personne ne pourra y entrer, elle est sous Fidelitas.

La jeune fille ferma un instant les yeux, avec l'impression que quelque chose se tordait dans son estomac. Même si elle avait peur, une partie d'elle espérait presque qu'ils doivent fuir pour avoir un aperçu — même éphémère — de ce que pourrait être la vie avec Harry.
Elle frissonna en sentant la puissance de Harry, alors qu'il laissait échapper sa magie comme chaque fois qu'une émotion plus forte le touchait. C'était un frisson de pur plaisir, une envie de l'embrasser et de se frotter contre lui jusqu'à ce qu'il se laisse aller et qui lui offre un baiser dévastateur. Ou plus.

Drago lui lança un coup d'œil narquois et elle se redressa, mortifiée d'avoir laissé transparaître ses sentiments sur son visage. Ses pommettes se teintèrent de rouge, mais elle continua de toucher Harry, retraçant ses joues, grattouillant son crâne, lissant ses cheveux fous. Le jeune homme, le Survivant, élu du monde magique, ronronnait littéralement entre ses mains fines, et elle se sentait presque toute-puissante.

Son ami soupira et roula des yeux, avec une expression d'amusement dans ses yeux gris.
— Tous les deux, vous m'avez bien aidé... Vu la crasse dans cette pièce, je pense que je peux vous donner le mot de passe de la salle de bains des préfets. À condition de ne pas vous faire prendre... Le mot de passe est Amormentia.

Pansy vit avec fascination les pupilles de Harry se dilater légèrement alors qu'il rougissait et elle devina sans peine qu'il pensait utiliser la salle de bain avec elle.
Cette idée était loin de lui déplaire. Elle aurait probablement hésité avec n'importe qui d'autre, mais Harry la faisait se sentir en sécurité... Et surtout vivante. Terriblement vivante.

*

L'invitation de Malefoy à utiliser la salle de bains des préfets était si peu subtile que Harry se sentit rougir, alors qu'il imaginait Pansy nue dans la grande baignoire, son corps dissimulé par la mousse. Il s'autorisa quelques secondes à rêver avant de se forcer à se calmer. Hors de question de se retrouver en érection devant Malefoy et surtout, hors de question d'effrayer Pansy en se montrant trop empressé.

Il s'était juré de la laisser mener leur relation, pour qu'elle comprenne qu'elle n'était obligée en rien. Elle ne lui devait rien, et quoi qu'elle décide, il ferait tout pour la sauver...

Pansy cependant, lui lança un coup d'œil complice, avec un léger sourire, et il se redressa brusquement. Ignorant l'air moqueur de Malefoy, il lissa nerveusement son uniforme poussiéreux et marmonna.
— Et bien, je vais en profiter. Le temps d'aller chercher des vêtements propres et je vais me délasser dans un bain chaud... Toute cette poussière...

Pansy hocha la tête, très sérieusement, masquant son sourire.
— Tu as raison, j'ai besoin de me changer également, je pense que je vais faire comme toi. Un bain chaud est une excellente idée.

Harry eut l'impression d'entrer en ébullition et il imagina qu'il était écarlate. Il se maudit de rougir aussi facilement, mais il fit comme si tout était normal et il embrassa légèrement Pansy, au coin des lèvres. Il savait que s'il commençait à l'embrasser plus profondément dans cet état d'excitation, avec en tête la salle de bain des préfets, les choses allaient déraper et il ne tenait pas vraiment à avoir un public.

Drago se leva d'un bond, les faisant presque sursauter.
— Très bien les tourtereaux. Moi je vais me changer, mais je ne veux rien savoir sur ce que vous avez l'intention de faire. Amusez-vous bien...