Chapitre 57

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Harry regarda le rayon vert foncer droit sur lui. Il resta immobile, incapable de bouger, fermant juste les yeux, résigné.

Les deux rayons se frôlèrent, leurs lueurs se mêlant un bref instant. Puis, le rayon vert frappa Harry en pleine poitrine, et le jeune homme s'effondra, sans un geste, sans un cri. Il ne vit pas son propre sort frapper Voldemort avec une puissance inouïe ni la baguette du mage noir s'envoler pour tomber près de Severus. Il ne vit pas non plus Voldemort être projeté en arrière et s'effondrer près de son serpent agonisant, assommé.


*

Jusqu'au dernier moment, Pansy avait espéré un miracle. Le calme de Harry l'empêcha de paniquer, persuadée qu'il savait ce qu'il faisait. Après tout, il était Harry Potter, et il devait avoir reçu un enseignement spécifique pour son rôle de Sauveur ? Toute l'école avait assisté aux multiples convocations de Dumbledore au fil des années.
Mieux encore. Toute l'école avait pu apprendre qu'il avait déjà accompli des exploits, chaque année, et ce depuis ses onze ans.

Pansy se souvenait encore du tournoi des trois sorciers. Même si toute l'école avait tourné le dos à Harry en pensant qu'il trichait, Pansy n'avait pas pu s'empêcher de l'admirer face au dragon durant la première tâche. Il avait semblé... si confiant.

La plupart des Serpentard étaient persuadés qu'il suivait des cours particuliers, ou qu'il était avantagé d'une façon ou d'une autre. Et même si Harry avait affirmé à Rogue ne recevoir aucun entraînement, Pansy ne lui avait posé aucune question. Probablement parce qu'elle avait toujours entendu parler de lui comme un héros, et qu'elle n'avait jamais remis cette vision en cause.


Quand le rayon vert frappa la poitrine de Harry et qu'il tomba au sol, comme une marionnette à qui on aurait coupé les fils, Pansy resta un bref instant silencieuse et incrédule. Elle ne se préoccupa même pas de Voldemort, se moquant bien de ce qui pouvait arriver au Seigneur des Ténèbres.

Durant une longue seconde, elle resta persuadée que Harry allait se relever. Comme toujours. Il souffrirait peut être, rien que les potions de Rogue ne pourraient arranger. Mais il devait s'en sortir, après tout, il était le Survivant.

Sauf qu'il resta à terre. Inerte.

Un vent de panique se leva en elle et elle fit un pas avant de tomber à genoux, réprimant une vague de nausée. Oubliant toute son éducation — il y avait bien longtemps qu'elle se moquait de ce qui lui avait été enseigné de toute façon — elle avança à quatre pattes, lentement, son souffle se coupant alors que son cœur battait à toute vitesse et que la pensée dérangeante qu'il se passait quelque chose de mal avec Harry envahissait son esprit.

Elle eut l'impression qu'il lui fallut des heures pour arriver près de lui. Recroquevillé au sol, il lui tournait le dos, toujours aussi immobile. Bien trop immobile.
Pansy tendit une main tremblante vers lui pour la passer dans ses cheveux, croassant son prénom, retenant ses pleurs. Mais il ne réagit pas.

Alors, elle le tourna vers elle, doucement, avec toute la tendresse qu'elle éprouvait pour lui.


En voyant son visage figé et ses yeux grands ouverts, elle comprit. Harry était mort. Devant ses yeux, et elle n'avait rien fait pour le protéger.
Il était mort pour la sauver, pour les sauver tous.

Elle entendit hurler, et il lui fallut quelques secondes pour comprendre que c'était sa propre voix. Que c'était elle qui hurlait sa douleur et son chagrin à s'en briser les cordes vocales.

Aveuglée par les larmes, elle se jeta sur Harry et s'agrippa à son corps. Elle ne pouvait pas croire qu'ils avaient fait l'amour quelques heures plus tôt, qu'elle imaginait déjà un avenir à ses côtés après qu'ils se soient mutuellement avoué leurs sentiments.

Son corps était chaud et encore sans rigidité, elle pourrait presque croire qu'il était juste inconscient. Mais sa poitrine ne se soulevait pas, et ses yeux fixaient le plafond, vitreux.

Ses cris cessèrent pour laisser place à des sanglots de désespoir, alors qu'elle caressait son visage, priant de toutes ses forces pour qu'il lui soit rendu. Elle était prête à se sacrifier, à échanger sa propre vie sans la moindre hésitation. Tout pour que Harry revienne.

*


Severus ne savait pas ce qu'il avait espéré. Il avait agi automatiquement, et il avait éliminé le serpent.

Quelque part, il avait pensé que Harry Potter ne pouvait pas mourir. Il était le foutu garçon-qui-avait-survécu après tout. Il se fourrait dans les ennuis jusqu'au cou et s'en sortait miraculeusement. Depuis qu'il avait échappé à la mort bébé, le gamin semblait indestructible... Depuis son arrivée à Poudlard, il frôlait la mort, se jetait inconsciemment au-devant du danger, et s'en sortait, affichant un mélange de culpabilité et de fierté sur son visage trop ressemblant à celui de son père.

Le maître des potions ne pouvait pas compter le nombre de fois où il avait enragé à son sujet, où il avait reproché à Dumbledore de lui laisser trop de libertés.

Cependant, lorsqu'il s'était retourné après avoir tué Nagini, il avait vu le gosse au sol. Il avait fait un pas dans sa direction avant de voir Pansy Parkinson arriver en trébuchant, ramper jusqu'à lui, et se mettre à hurler. C'étaient des cris dignes des banshees, ces créatures qui hurlaient pour annoncer la mort, des cris d'un désespoir difficilement supportable.

Drago approcha, mortellement pâle, restant à distance, contemplant la scène, l'air prêt à s'effondrer. Severus réprima l'envie de le renvoyer surveiller le couloir, comprenant que le gamin était en état de choc.

Dans un état second, Severus avança en direction de Voldemort. Il était au sol et il n'aurait pas de meilleure occasion de mettre fin à toute cette folie. Il pensa stupidement que le gamin était sacrément puissant pour faire de tels dégâts avec un simple Experlliamus.

Surplombant le Mage Noir qu'il avait appelé maître, il le toisa avec une grimace de dégoût. L'homme était inconscient, et un filet de sang coulait d'une petite plaie sur son front. Cependant, il était en vie et il ne tarderait probablement pas à ouvrir les yeux.

Sans la moindre hésitation, sans le moindre sentiment de regret, Severus leva sa baguette et prononça distinctement.
- Avada Kedavra.

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant