Chapitre 41

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Les trois adolescents restèrent un instant muets après la déclaration de Pansy. Drago était blême et tremblait, visiblement en état de choc. La magie de Harry se fit étouffante, et sa voix claqua sèchement, catégorique.
— Hors de question.

Pansy retint un haut-le-cœur en comprenant ce qu'elle devait faire. Elle serra le poing s'entaillant la paume de sa main de ses ongles, et se redressa prenant son visage le plus méprisant. Elle crispa sa bouche en une moue moqueuse, retrouvant ses réflexes de peste, consciente qu'elle allait devoir blesser Harry pour l'écarter d'elle. Le blesser profondément.
— Tu te prends pour qui, Potter ? Je fais ce que je veux ! Tu n'es rien pour moi !
Harry hoqueta, et tenta de protester, soudain incertain.
— Mais...
Elle poursuivit impitoyable.
— Ce n'est pas parce que la mission qui m'était confiée était agréable que je vais baiser le sol à tes pas et te suivre gentiment !

Harry eut un mouvement de recul et Pansy laissa échapper un ricanement méprisant. Tête haute, elle fit volte-face et partit à grands pas, sans se retourner.


*

Drago fut horrifié de la réaction de Pansy. Il était certain que Potter allait jeter l'éponge et reprendre sa vie de parfait Gryffondor après ce coup d'éclat stupide... N'importe qui serait blessé de ces paroles et se laverait les mains de la situation après avoir été traité de cette façon. Il se sentait mal, parce que c'était lui qui avait amené la terrible nouvelle et qu'il était resté silencieux, ne prenant pas parti pour l'un ou pour l'autre.

Il les avait laissés se disputer, sans donner son avis, perdu dans un dilemme impossible : protéger sa mère ou protéger sa meilleure amie. Soit sa mère risquait d'être torturée, soit Pansy serait livrée aux Mangemorts et son sort risquait d'être terrible.


En voyant Potter vaciller, pâle comme la mort, il voulut lui dire de ne pas l'abandonner, mais le regard vert Avada le cloua sur place, le réduisant au silence. Il l'avait déjà vu furieux, mais jamais à ce point. Loin d'être en colère, il était ivre de rage.
Les yeux de Potter brûlaient littéralement de haine, et il craignit un instant que ce soit contre lui.

Cependant, le brun lui ordonna de veiller sur Pansy d'un ton sans appel avant de partir. De s'assurer qu'elle ne fasse rien de stupide. Puis il partit à grands pas, déterminé, irradiant d'une puissance incroyable, insoupçonnée.


Drago déglutit avant de partir en courant, oubliant les apparences qu'il devait protéger. Il voulait rattraper Pansy et lui hurler dessus pour avoir été aussi sotte, pour avoir repoussé la seule chose positive de sa vie, sa seule raison d'être heureuse un jour.

Il la trouva un peu avant leur salle commune, en larmes, réfugiée entre deux armures. Elle sanglotait avec un tel désespoir qu'il sentit son cœur se serrer et il se faufila à ses côtés pour la prendre dans ses bras, oubliant sa colère contre elle.
— Idiote ! Pourquoi tu as fait ça ?

Elle renifla sans grâce, et eut un sourire triste au travers de ses larmes.
— Pour l'aider. Il ne doit pas... se mettre en danger, c'est trop tôt !
— Pans'...
— Ne dis rien, OK ? Tu avais raison. Je... quelque part, je suis tombée amoureuse de lui. C'est pour ça que je l'ai repoussé, parce qu'il n'aurait jamais voulu me laisser le faire. Mais il doit être protégé, Drago.


Drago l'attira contre lui, la serrant de toutes ses forces, alors qu'une larme roulait sur sa joue.
— Tu ne peux pas faire ça, Pansy. Je ne peux pas... je refuse de te livrer à eux. Bon sang, tu sais ce qu'ils vont te faire ?

Elle eut un pauvre gémissement effrayé et hocha la tête.
— J'en ai une assez bonne idée, oui.

Ils restèrent silencieux un long moment, puis Drago murmura.
— Je suis certain qu'il t'aime lui aussi Pansy. Je ne l'avais jamais vu aussi... furieux. Il a perdu les pédales à l'idée que tu sois en danger. Prends le temps de te calmer et va t'excuser. Reste près de lui, répare ce que tu as essayé de briser. Je te couvrirais s'il le faut. Mais...
Pansy renifla misérablement.
— Et tes parents ?

Drago se tendit.
— Je vais les prévenir. J'ai accepté d'être marqué pour eux. De devenir un monstre, parce qu'il veut que je commette un meurtre. De risquer ma vie aussi. Mais je refuse de voir ma meilleure amie être... être malmenée sous mes yeux.
— N'aie pas peur de le dire. Être violée. Et probablement torturée. Puis tuée avec un peu de chance.

Ils échangèrent un regard hanté et restèrent blottis dans leur cachette, prenant du réconfort dans leur étreinte amicale.


*


Harry arpentait les couloirs d'un pas vif, les sourcils froncés, conscient qu'il en faudrait peu pour le faire exploser de rage. Pour autant, il n'en voulait pas à Pansy. Il avait compris ce qu'elle avait fait, elle avait voulu le repousser pour l'empêcher de la suivre et de se mettre en danger.
Sauf qu'il refusait de la laisser. Même s'il devait la perdre ensuite, même si elle devait le haïr, il la sauverait. Il sacrifierait le monde magique pour elle.

Lorsqu'il arriva dans le hall de Poudlard, il croisa Rogue. Ce dernier écarquilla les yeux en le voyant passer dans cet état et approcha vivement avant de lui attraper le bras, le serrant jusqu'à lui faire mal.
— Potter. Suivez-moi.

Le jeune homme cligna les yeux, revenant brutalement au présent, et sa magie se fit moins étouffante. Ses yeux brillaient cependant toujours d'un éclat surnaturel, comme s'il était presque possédé. Il hocha la tête en silence, se laissant entraîner par son professeur docilement. Fort heureusement, les couloirs étaient déserts à cette heure — la plupart des élèves étaient encore en classe, même s'ils avaient passé une partie de l'après-midi dans la salle de bain des préfets.

Harry repoussa fermement cette pensée, craignant de perdre le contrôle une fois de plus. Il prit une grande inspiration, s'obligeant à se calmer, ignorant le coup d'œil surpris de son professeur.
Ce dernier le traîna jusqu'à sa salle de classe et ferma la porte derrière eux, d'un puissant sort.
Puis il se tourna vers Harry, les bras croisés sur la poitrine, l'air revêche même si ses yeux ne pouvaient pas cacher son inquiétude.


*


Severus Rogue observait avec curiosité le gamin qu'il détestait tant peu auparavant, essayant de comprendre ce qui se passait pour qu'il soit dans aussi perturbé. Il ne l'avait jamais vu dans cet état, hormis peut-être le jour où Black était mort sous ses yeux.
Craignant le pire, il soupira.
— Monsieur Potter ? Que se passe-t-il ?

Le gamin leva vers lui ses yeux trop verts et il lui sembla si jeune un instant qu'il en fût horrifié. Il n'était rien qu'un enfant, un pion dont le monde magique se servait sans scrupules. Puis l'impression passa alors que le gamin se redressait et serrait les poings, que son visage se fermait et que ses yeux s'assombrissaient.

Sa puissance était indéniable et Severus commença à penser que ce gamin allait réellement tous les sauver, malgré les apparences. Lorsque le jeune homme prit la parole, sa voix était tendue, comme s'il s'empêchait de hurler.
— Malefoy a reçu ses ordres, monsieur. Il doit faire entrer des Mangemorts au sein de Poudlard. D'ici quelques jours.

L'homme écarquilla les yeux et jura perdant son impassibilité habituelle. Cependant, Harry poursuivit d'un ton atone.
— Il doit également livrer Pansy à ce moment.

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant