Chapitre 47

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Harry se crispa à la question de Rogue, sentant les doigts de Pansy lui frotter la main, apaisant ses angoisses. Puis, il souffla et évita le regard de son professeur.
— Rémus Lupin s'il me pardonne pour la mort de... De Sirius. Et... s'il ne veut pas m'écouter... Tonks.

Rogue plissa le nez avant d'avoir une expression résignée.
— Je vais contacter le loup. En attendant, faites-vous oublier tous les trois. Pas d'esclandre.

Malefoy roula des yeux, mais Harry hocha sérieusement la tête. Il hésita, puis marmonna.
— Je compte me cacher, Monsieur. Ne pas retourner en cours, pour m'entraîner. Je ne peux pas...

Rogue lui lança un regard étrange, plein de compassion. Puis il souffla et secoua la tête.
— Je vais voir avec madame Pomfresh pour qu'elle vous déclare contagieux. Je suppose effectivement que suivre les cours n'est pas votre principale préoccupation, même si...

Harry le fixa. Quelque chose vacilla dans le regard de l'homme comme s'il comprenait. Harry n'avait pas besoin de le dire, ils savaient tous qu'il y avait de grandes chances pour que ce soit une mission suicide. Cependant, le jeune homme était déterminé à emporter Voldemort dans la mort.


*

Pansy croisa les bras sur sa poitrine, et plissa les yeux.
— Je reste avec Harry. S'il est contagieux, je suis forcément... contaminée vu notre proximité.

Le maître des potions soupira et passa une main sur son front. Ses joues se teintèrent légèrement de rouge et il plissa les yeux.
— Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée...
Drago l'interrompit.
— Oh bon sang, parrain ! Nous risquons tous notre peau, ils ont forcément envie de passer un peu de temps ensemble. Nous n'avons plus douze ans, tu sais.

L'homme grogna et fusilla son filleul du regard.
— Mais vous n'êtes pas majeurs. Aucun d'entre vous.

Pansy haussa les épaules, serrant les doigts de Harry.
— Pourtant nous sommes assez vieux pour mourir.


Leur directeur de maison pâlit légèrement, et se frotta les yeux. Il grogna une fois encore, avant de conclure sèchement.
— Je ne veux rien savoir de vos activités. Et je ne veux pas avoir à vous reprocher quoi que ce soit quand je viendrai m'assurer que tout se passe bien. Où comptez-vous vous cacher ?

Harry rougit et baissa la tête.
— Dans la cabane hurlante ou dans la salle sur demande. J'ai supposé que nous ne pourrions pas sortir de Poudlard pour aller square Grimmaud, surtout que c'est le quartier général de l'Ordre.

Rogue pinça les lèvres puis lâcha du bout des lèvres.
— Cabane hurlante. Elle peut être rapidement remise en état par un elfe de Poudlard, et au moins on peut vous y joindre. La salle sur demande ne permet pas à ceux qui y sont enfermés d'avoir des contacts avec l'extérieur.

Harry hocha la tête sagement, conscient que ce n'était pas vraiment sujet à négociation. Drago grogna.
— Je suppose que j'irais en cours... De toute façon, ce vieux fou de Dumbledore serait capable d'alerter mon père pour que je sois mis à l'écart de l'école...


*

Harry se sentit soudain gonflé d'espoir. Ils avaient un plan concret, bien plus solide que toutes les vagues explications de Dumbledore, qui lui assurait qu'il saurait quoi faire le moment venu. Il avait un soutien inattendu, mais il avait finalement confiance en ces trois Serpentard.

Depuis le début de l'année, il avait perdu toute motivation pour suivre les cours et pour étudier. Les convocations de Dumbledore le soir le laissaient épuisé et ce qu'il apprenait sur la jeunesse de Voldemort l'effrayait terriblement.
Comment pouvait-il espérer battre un ancien élève qui avait été si brillant en son temps ? Un homme qui avait appris par la suite la Magie Noire, pour devenir si puissant que nombre de Sang-Pur s'agenouillaient devant lui ? Il n'était qu'un petit orphelin maigrichon de seize ans, élève moyen. Il brillait en Quidditch, mais face à Voldemort, il n'aurait pas vraiment besoin de cette compétence. Attraper le vif d'or ne lui permettrait pas de mettre fin à la guerre.
Il était également doué pour survivre, de façon surprenante. Mais c'était probablement à cause de son enfance misérable chez sa famille moldue, où il s'était forgé une sacrée carapace.

Sans oublier que Dumbledore ne lui avait jamais appris la moindre chose pour se battre. Il ne connaissait que les sorts appris en classe et son expérience se bornait aux affrontements avec Voldemort où il avait survécu avec beaucoup de chance.

Le directeur pouvait lui assurer qu'il avait l'amour de sa mère, que c'était le sacrifice de Lily qui avait détruit le mage noir lorsqu'il était bébé et qui lui avait permis de survivre à l'Avada, mais tant d'années après, Harry n'avait pas le moindre souvenir d'eux. Il les avait vus pour la première fois en arrivant à Poudlard, d'abord dans le miroir du Rised d'abord, puis grâce aux photographies que Hagrid lui avait offertes.
Peut-être qu'il aurait pu encore croire au pouvoir de l'amour s'il avait eu une enfance heureuse. Il avait du mal cependant à imaginer que ça puisse le sauver, après avoir grandi dans un placard, traité comme un elfe de maison.

Il cligna des yeux en notant le regard de Rogue sur lui, comme si l'homme se posait des questions. Il chassa ses pensées de son esprit pour afficher un sourire presque insolent.
— Auriez-vous des sorts à me conseiller pour lui faire face, monsieur ?

Rogue marmonna et secoua la tête.
— Ce soir, vous aurez un livre ou deux sur l'art du duel à votre disposition. Je suppose que vous aurez largement le temps de le lire puisque vous n'aurez plus l'obligation d'aller en cours...
Le regard de l'homme s'attarda un instant sur Pansy et revint sur Harry. Ce dernier rougit brutalement et haussa les épaules, ignorant le ricanement moqueur de Drago.

Harry écarquilla les yeux quand l'homme émit un léger rire, loin de son air fermé habituel. Puis, Rogue lui adressa un regard presque amical et soupira.
— J'espère que vous pouvez trouver une occupation d'ici la fin de la journée sans provoquer une catastrophe, monsieur Potter...

Loin de se vexer, Harry sourit largement et haussa les épaules.
— Je vais essayer, monsieur. Tant que vous ne m'obligez pas à brasser une potion, ça devrait aller.

Les coins des lèvres de Rogue tressaillirent et il secoua la tête, amusé par la répartie de son élève. Il redevint sérieux pour donner des instructions.
— Miss Parkinson et vous devez rester discrets. Je vais faire préparer la cabane hurlante et vous vous y glisserez pendant le repas de ce soir, puisque personne ne devra se douter que vous y êtes. Surtout pas le directeur.

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant