Chapitre 43

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En se recouvrant de la cape d'invisibilité, Harry souffla lentement pour se calmer au mieux. Puis, il sortit la carte du Maraudeur discrètement et murmura la formule pour la faire apparaître.

Il murmura avant que le maître des potions ne sorte.
— Monsieur ? Ils sont dans un couloir juste avant l'entrée de la salle commune Serpentard.

Rogue se tourna brusquement vers lui et fixa le vide, les sourcils froncés. Puis il secoua la tête et grogna vaguement, avant de quitter la pièce suivi par Harry soigneusement dissimulé.


Ils traversèrent Poudlard d'un bon pas, et Severus invectiva quelques élèves qui croisèrent son chemin, retirant des points sans pitié. Malgré lui, Harry sourit, amusé. Il était bien plus drôle d'être caché et d'être observateur que d'être l'élève qui était la cible de son professeur.

Le fait que l'homme prenne la situation en main l'avait calmé et il se rendait compte qu'il lui faisait confiance. Quels que soient ses défauts, l'homme était fiable et il avait visiblement à cœur la protection des élèves. De tous les élèves sans distinction de maison.

En arrivant dans le couloir où étaient Pansy et Drago, Harry vérifia qu'il n'y avait aucun autre élève dans le secteur puis sortit la tête de sous sa cape. Il murmura pour attirer l'attention de son professeur.
— Monsieur ?

Rogue regarda autour d'eux, et hocha la tête avant d'avancer à grands pas vers les armures désignées par le Gryffondor et se poster devant. Harry se recouvrit à nouveau de sa cape, disparaissant du couloir, et il en profita pour avancer légèrement.

La voix sèche du professeur le fit se tendre.
— Miss Parkinson. Monsieur Malefoy. Dans mon bureau, immédiatement !

Drago Malefoy apparut en premier, pâle, mais toujours aussi fier, les poings serrés, défiant silencieusement l'homme en se dressant devant lui. Puis, il tendit la main à Pansy et elle se releva à son tour, tête basse, ses cheveux en désordre et le visage marbré de rouge, les larmes séchant sur ses joues.
Harry se crispa pour ne pas se jeter sur elle, pour l'enlacer et l'embrasser, pour la consoler. Peu importait ses paroles dures, il avait besoin d'elle près de lui.

Rogue leur fit un signe sec de la main pour qu'ils passent devant lui et il jeta un regard dans son dos, comme pour signifier à Harry qu'il était lui aussi invité à le suivre.


Avec un soupir, le cœur battant à tout rompre, Harry suivit le groupe. En entrant dans son bureau, Rogue s'écarta de devant la porte assez pour permettre le passage de Harry, et attendit quelques secondes avant de refermer la porte et de la verrouiller d'un sort puissant de verrouillage.

En se tournant vers les deux Serpentard, il fronça les sourcils. Son filleul avait le visage fermé et son regard indiquait qu'il ne serait pas coopératif. Il grogna et roula des yeux.
— Potter !

Pansy sursauta comme si elle avait été frappée, les yeux écarquillés, et blêmit en voyant Harry sortir de sous sa cape d'invisibilité. Ce dernier regardait le sol, les poings serrés, refusant de croiser son regard pour l'instant. Il fallait d'abord s'assurer de sa sécurité et Pansy risquait de ne pas apprécier son initiative.

Malefoy laissa son regard passer de son parrain à son camarade, horrifié. Puis, il gronda en direction de Harry, furieux.
— Potter ! Tu es un idiot ! C'est un foutu Mangemort !


Harry soupira et regarda son professeur tranquillement, osant lui adresser un vague sourire amical.
— Je sais.

Le professeur de potions soupira et marmonna, puis secoua la tête.
— Pendant près de quinze ans, j'ai réussi à garder mes secrets et ce foutu môme fait tout exploser en un temps record. Je porte effectivement la Marque comme vous, monsieur Malefoy.

Pour une fois, Harry resta silencieux, simple spectateur, refusant de regarder ce qui se passait autour de lui. Son tempérament lui hurlait de s'expliquer, de réagir, de juste regarder Pansy, mais il s'accrochait à l'idée que pour la sauver il devait laisser les rênes à Rogue.


*

Pansy était perdue. Quelques minutes encore plus tôt, elle pleurait dans les bras de Drago, désespérée. Elle venait de décider qu'elle se livrerait, mais qu'elle prendrait une fiole de poison juste avant pour ne pas avoir à subir ce que Voldemort lui réservait comme horreurs.
Son meilleur ami la consolait comme il le pouvait, en insistant pour qu'elle aille voir Harry. Qu'elle s'excuse et accepte son aide ou au moins son réconfort. Drago ne voulait certainement pas perdre sa meilleure amie de cette façon, pas sans avoir tout tenté pour la sortir des ennuis dans lesquels elle était.

Puis Rogue était arrivé et la jeune fille avait senti son cœur s'arrêter. En plus d'être leur tête de maison, elle savait qu'il était un Mangemort. Si avant elle ne l'avait jamais craint — il était un bon directeur de maison pour les Serpentard —, les choses avaient changé, à cause de la marque sur son bras.

Elle s'attendait à beaucoup de scénarios, mais certainement pas à celui qui se jouait sous ses yeux effarés. Rogue avait prononcé le nom de Harry et celui-ci était apparu, sortant de sous sa cape d'invisibilité. Tête basse, il pliait l'étoffe soigneusement, sans la regarder.

Elle crut en premier lieu que Harry était présent sous la contrainte. Puis, la colère de Drago lui fit comprendre que Harry avait tout dit à leur professeur.

Elle aurait peut-être dû se sentir trahie, ou furieuse. Lui en vouloir. Mais elle était plutôt soulagée, quelque part, parce qu'elle avait toujours confiance en lui pour ne pas la blesser. Une petite voix dans sa tête lui hurla qu'il voulait probablement se venger des paroles haineuses qu'elle lui avait lancées en sortant de la salle de bain des préfets, mais elle l'ignora, refusant de repenser à sa relation avec Harry. À ce qu'ils avaient fait avant que tout leur monde ne se brise, lorsque la réalité les avait rattrapés.

Elle cligna des yeux et s'obligea à être attentive à ce qui se passait autour d'elle quand le professeur Rogue avoua sans la moindre hésitation qu'il portait la marque. Immédiatement, elle fronça les sourcils, comprenant que le choix des mots de l'homme avait une importance capitale.
— Vous... portez la marque, mais vous n'êtes pas l'un d'eux ? C'est ça que vous essayez de dire ?

Rogue ricana sans la moindre méchanceté, et il avança dans son bureau pour se laisser tomber dans son siège avec un grognement épuisé. Puis, il fixa Pansy avec un air approbateur.
— Heureux de voir que vous n'avez pas perdu vos capacités à réfléchir, miss Parkinson...

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant