Chapitre 18

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Harry sut que son humeur n'allait pas s'arranger en entrant dans le bureau de Dumbledore. Severus Rogue était présent, ombre noire dans le fond du bureau, immobile et silencieux.

Il ne dit pas le moindre mot, avançant juste dans le bureau à l'invitation de Dumbledore. Il prit place dans le siège désigné, attendant calmement.

Dumbledore se lissa la barbe, et jeta un bref coup d'œil à Rogue, puis il soupira et croisa les mains devant lui.
— Harry, mon garçon...

Face à l'adolescent silencieux, le directeur s'interrompit et soupira une fois encore, puis il grimaça.
— J'ai appris que tu semblais proche d'une... jeune fille d'une autre maison.


Harry plissa les yeux et serra les poings, furieux. Cependant, il ne comptait pas faciliter les choses à Dumbledore et il s'obligea à rester silencieux. Silencieux et calme. Après un moment, Dumbledore hocha la tête vaguement, mal à l'aise du manque de réaction de son élève, et ôta ses lunettes pour les essuyer d'un geste machinal.
— Je n'ai pas besoin de te rappeler ton rôle, mon garçon, et je crois que tu devrais... t'éloigner de cette jeune fille.

Cette fois, Harry laissa échapper un grognement agacé.
— Je ne vois pas en quoi vous êtes concerné, monsieur.
Dumbledore s'éclaircit la voix, et haussa les épaules, un peu mal à l'aise.
— Et bien, je me dois de veiller à tes intérêts...


Il y eut un long silence, puis Harry répliqua, d'un ton doucereux, les yeux plissés.
— Est-ce parce que j'ai eu quelques échanges avec une fille, ou est-ce parce qu'elle est à Serpentard ?
Dumbledore eut l'air gêné, mais Harry se leva brusquement. Sa magie crépita autour de lui, comme le jour où il avait tout détruit après la mort de Sirius, et Dumbledore lui jeta un regard inquiet.
Cependant, Harry n'avait pas l'intention de tout casser, et il serra les poings avant de lâcher d'un ton sec.
— Sauf votre respect, monsieur, je ne vois pas en quoi mes relations avec mes camarades vous concernent. J'apprécierais que vous vous en teniez uniquement aux sujets qui vous concernent.


Il ignora l'expression stupéfaite de Dumbledore et se tourna. Il pensait avoir affaire à un professeur Rogue furieux, qui ferait une réflexion sur son manque d'éducation ou sur son arrogance. Cependant, il fut surpris de voir l'homme hocher légèrement la tête, comme pour approuver sa réaction. Il crut avoir rêvé et murmura à son intention une vague salutation avant de quitter le bureau, sans un regard en arrière.


*

Sur le chemin de la Tour Gryffondor, il croisa Drago Malefoy. Avant, ils se seraient provoqués, et probablement battus. Ils se dévisagèrent longuement, puis Harry hocha brusquement la tête, comme un signe de paix.
Malefoy sembla surpris, mais il répondit à son geste, avec un léger rictus amusé.


Harry fit quelques pas avant de faire volte-face pour rattraper Malefoy. Il s'assura qu'ils étaient seuls et il murmura.
— Où est Pansy ?

Drago eut l'air surpris, et il l'observa longuement. Puis il soupira.
— Elle avait prévu de passer à la bibliothèque.

Harry lui sourit, et le remercia sincèrement, avant de partir à toute vitesse, sentant dans son dos le regard perplexe du Serpentard.

Harry entra tranquillement dans la bibliothèque. Madame Pince était très stricte sur l'attitude des étudiants dans son sanctuaire et mieux valait ne pas se la mettre à dos en entrant en courant ou en faisant trop de bruit.
Il ignora le regard suspicieux de la bibliothécaire, et avança en silence, vérifiant chaque table pour trouver Pansy.

Il eut un bref moment d'hésitation en se rendant compte qu'elle n'était pas seule. Il identifia Daphné Greengrass, et s'approcha lentement, avant de s'asseoir à côté d'elle.


Pansy masqua sa surprise par un large sourire, mais Greengrass s'était figée, yeux écarquillés. Harry lui jeta un bref regard et la salua brièvement avant de reporter toute son attention sur Pansy.

Il passa discrètement la main sous la table pour emmêler leurs doigts sans être vu, comme pour l'avertir de ce qu'il avait en tête. Voyant qu'elle ne cherchait pas à s'écarter, il s'approcha doucement, toujours pour lui laisser la possibilité de le stopper.

Il posa ses lèvres sur les siennes, brièvement, avant de lui sourire, les yeux brillants et les joues un peu rouges.
Pansy leva un sourcil moqueur, mais elle posa leurs mains enlacées sur la table.

Harry entendit vaguement Greengrass hoqueter de stupeur, tout comme les murmures qui explosaient autour d'eux.
La jeune fille laissa échapper un léger rire moqueur.
— Toi, tu sais faire tes entrées... Je crois qu'à part la Grande Salle, tu ne pouvais pas faire plus... public.
— Je n'y ai pas vraiment réfléchi. Ça te pose un problème ?


Elle le bouscula gentiment, et il réprima un rire satisfait. En se redressant, il se rendit compte que Hermione était face à eux, figée, yeux écarquillés et bouche ouverte. Il hésita avant de lui sourire vaguement pour reporter son attention sur Pansy et lui chuchoter quelques mots à l'oreille.
— Je dois te parler, tu crois qu'on peut aller dans un endroit plus tranquille ?


Pansy tourna la tête vers lui, et haussa un sourcil moqueur, comme pour lui rappeler ce qu'ils faisaient lorsqu'ils étaient seuls. Harry s'empourpra, mais ne détourna pas les yeux.
La jeune fille s'approcha pour déposer un baiser sur sa joue, et elle hocha la tête. Elle se pencha vers son amie.
— Daphné ? On se retrouve plus tard ? Je... Enfin, on a un...

Greengrass ricana et lança un regard amusé à Harry, dénué de toute hostilité.
— Vraiment ? Potter, tu es probablement la seule personne au monde à faire bégayer notre Pansy... À plus tard ma chérie...


Pansy roula des yeux, mais ne répliqua pas. Ses joues étaient légèrement roses et elle entraîna Harry à sa suite, quittant la bibliothèque à grands pas, sans que leurs mains ne se séparent.


Le jeune homme avait parfaitement conscience de l'image qu'ils donnaient, après qu'il l'eut embrassé, avec leurs mains jointes et leur départ précipité. Cependant, il s'en moquait bien et il entraîna Pansy dans la première pièce déserte sur leur chemin.

Harry refusa de la lâcher et elle ne s'en formalisa pas.
— Qu'y avait-il de si urgent ?

Le jeune homme soupira.
— Dumbledore m'a fait venir dans son bureau pour me mettre en garde, visiblement il n'aime pas... que je sois proche de toi. Je voulais te prévenir, au cas où il essaierait de te convoquer toi aussi.

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant