Chapitre 46

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Harry aurait aimé trouver une raison de s'opposer à Pansy. Un moyen de la garder loin de tout ça, de la protéger. Mais il était douloureusement conscient qu'elle avait raison. S'il échouait, elle serait la première victime après lui. Ses proches seraient les cibles privilégiées de Voldemort...

Il soupira et ferma les yeux. Il hocha lentement la tête, à contrecœur.
— D'accord. Seulement si Rogue est d'accord avec ça.

Pansy hocha la tête et se serra contre lui. Harry soupira et enfouit la tête dans son cou, respirant son odeur. Il avait envie de l'entraîner loin de tout ça, de la cacher pour la protéger. Il l'embrassa dans le cou et mordilla le lobe de son oreille, ravi de ses soupirs et gémissements involontaires.

Ses mains passèrent sur son dos, avec douceur. En cet instant, c'était juste de la tendresse, il voulait uniquement lui montrer qu'il tenait à elle, plus que tout.

Lorsque la porte s'ouvrit, brisant leur bulle, Pansy s'écarta rapidement, les joues rouges, mais Harry la ramena contre lui, la serrant dans ses bras en adressant un regard de défi à Rogue et Malefoy.
Les deux Serpentard ne firent pas la moindre réflexion, et Harry leur en fut reconnaissant.

Il jeta un regard tendre à Pansy et lui sourit, comme pour la rassurer. Puis, il fixa son professeur et soupira.
— Professeur. Pansy a eu une idée de plan qui pourrait... fonctionner.

Rogue leva un sourcil surpris, dévisageant le couple devant lui, et attendit une explication. Harry se mordilla la lèvre un instant avant de souffler.
— Elle propose que nous profitions tous les quatre de l'entrée des Mangemorts pour aller défier Voldemort. Ensemble.


Drago hoqueta, mais Rogue pinça les lèvres. Il soupira.
— Je suppose qu'il y a une explication à ce revirement, miss Parkinson ?

Pansy se redressa, l'air sûr d'elle.
— Si Harry échoue, s'il tombe dans un piège, nous serons tous morts.


Il y eut un lourd silence et Drago murmura.
— Ma mère pourrait aider. Je veux dire... Si j'y vais, et qu'elle me voit, elle voudra me protéger et...

Harry plissa les yeux, dévisageant Malefoy.
— Tes parents pourraient réellement trahir Voldemort et nous aider ?
Le blond eut une grimace amère.
— Depuis la disgrâce de mon père, ils semblent décidés à changer d'allégeance. Je crois que mon père voulait surtout du pouvoir et maintenant qu'il l'a perdu...


Rogue intervint.
— Peu importe. Même si nous bénéficions d'aide, nous ne devrons compter que sur nous-même.

Harry sursauta.
— Vous êtes d'accord, Monsieur ?


*

En entendant la surprise dans la voix de Harry, Pansy eut un sourire moqueur. Bien évidemment, il avait pensé que leur professeur refuserait d'entraîner ses élèves directement dans la gueule du loup. Ils seraient en danger de mort, dès lors qu'ils afficheraient leur soutien à Harry Potter.

Cependant, Pansy voulait être libre. Elle l'avait dit haut et fort, elle refusait d'être la parfaite idiote Sang-Pur, obéissant sans broncher, se laissant marier à un vieux sorcier lubrique qui lui dicterait sa vie. Elle ne serait pas comme sa mère, enfermée dans un mariage malheureux.
Elle avait appris comment s'émanciper en toute discrétion, jouant le rôle de la fille obéissante tout en affirmant son caractère.

Jusqu'à cette ignominie. Lorsque son père était arrivé et lui avait ordonné de séduire le Sauveur, elle avait cru à une plaisanterie. Mais il était sérieux. Il était prêt à offrir sa fille en pâture au camp de la Lumière pour blesser un jeune homme de son âge.

Elle avait hoché la tête et refusé de croiser le regard de sa mère. Elle avait même refusé que sa mère vienne la consoler, la repoussant sans la moindre hésitation. La femme qui l'avait mise au monde n'avait pas protesté à l'annonce. Elle était juste restée près de son époux, un vague sourire aux lèvres. Silencieuse.
Son sourire n'avait pas faibli quand Pansy avait hoché la tête froidement, laissant croire à ses parents qu'elle acceptait de se vendre.

À l'époque, elle haïssait tout le monde. Ses parents, Voldemort et Harry Potter. C'était à cet instant, poings serrés qu'elle avait décidé plusieurs choses.
D'abord, elle était désormais orpheline. Elle refusait d'appeler parents ces personnes qui voulaient l'utiliser de cette façon. Ils n'avaient jamais été des parents aimants et elle avait été plutôt soulagée de sa décision.
Ensuite, elle avait décidé qu'elle ne serait l'esclave de personne. Elle aiderait Harry Potter à vaincre Voldemort, puisque beaucoup semblaient le considérer comme le seul espoir du monde magique. Mais ce serait à ses conditions uniquement. Elle agirait selon son bon vouloir, elle se moquait bien du monde magique. Elle voulait sa liberté et elle l'arracherait quoi qu'il arrive.

En chemin, elle avait découvert Harry Potter. Naïf. Novice. Mais réellement héroïque. Il lui avait tendu la main et il avait réussi à l'apprivoiser. À calmer la colère permanente qui bouillonnait en elle.
Quelque part, la découverte du sexe avec lui s'était muée en tendresse mutuelle. Et Pansy était tombée amoureuse.

Elle s'était haïe de sa faiblesse. Elle avait voulu repousser ses sentiments, se prouver à elle-même qu'elle n'était pas une sotte sentimentale.
Harry pourtant s'était immiscé dans sa vie, attentionné. Patient. Tendre.

Il la regardait avec désir, mais il la respectait. Il la laissait décider, mener leur relation. Il ne prenait rien, il lui offrait tout.
Son envie de liberté était toujours présente, mais elle voulait en plus sauver Harry. Le protéger. Elle voulait croire qu'ils avaient un avenir ensemble, malgré les difficultés. Malgré son nom, son passé. Malgré les obstacles.

Elle avait commencé à y croire en voyant la volonté farouche de Harry à la protéger. Et elle avait décidé de le suivre jusqu'en enfer. Jusqu'à se sacrifier pour lui offrir le répit suffisant pour qu'il soit prêt.

Rogue la sortit de ses pensées en grognant à la question de Harry.
— Je n'approuve pas, mais je sais que nous n'avons pas le choix malheureusement. Le directeur refusera de cautionner ça... Cependant, je suis conscient que c'est notre meilleure chance. Miss Parkinson a raison : nous devons vous offrir les moyens de le battre, c'est notre unique chance de parvenir à quelque chose. Si un seul Mangemort est présent et vous désarme... tout sera terminé avant que vous n'ayez eu l'occasion de vous battre.

Harry se rembrunit, torturé, et Pansy se serra un peu plus contre lui, attrapant sa main pour nouer leurs doigts, caressant sa peau de son pouce, en cercles apaisants. Il leva un regard perdu vers elle, indécis, mais elle lui sourit et lui fit un clin d'œil.
— On sait tous se battre, Harry.
Rogue hocha la tête sèchement, puis changea brusquement de sujet.
— Et à quel membre de l'Ordre comptez-vous demander de l'aide, monsieur Potter ?

Chantage brûlantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant