Raphaël regardait sa prof de français, une blonde à l'air autoritaire. Dylan avait dit en entrant en classe qu'elle était bonne.
Pitié qu'il transpose pas ses fantasmes de l'année dernière de Madame Petit sur elle, priait silencieusement Raphaël.
C'est ma Brigitte !
— Je kiffe les blondes, c'est sensuel, les blondes, philosophait Dylan en ce deuxième jour de leur année de première.
Madame Loriot faisait son cours. Elle avait le visage fermé des femmes qui veulent absolument être prises au sérieux et qui considèrent leur féminité comme un obstacle à leur réussite.
— Vous vous taisez ! dit-elle sèchement.
Le silence se fit instantanément. Non, elle n'était pas sensuelle. Elle avait la trentaine et une beauté froide.
— On parle pas madame, se défendit Dylan.
— Pardon ?
— Vous êtes excusé, lança Dylan avec un petit sourire.
Raphaël était mort de rire, mais se faire remarquer le deuxième jour n'était pas la meilleure des idées.
Madame Loriot allait le reprendre, mais on frappa à la porte. Madame Morales qui avait une annonce à faire.
— Bonjour, je voudrais rappeler quelques règles du lycée. Premièrement la tenue vestimentaire. Vous êtes en cours, pas à la plage donc vous vous habillez en conséquence. Pas de shorts de bain ni de crop tops ou de minijupes.
— Parce qu'on est pas au salon de la pute, lança Dylan.
Madame Loriot se dit que Dylan n'allait pas être son élève préféré pour cette année à venir. Madame Morales secoua la tête et tenta la pédagogie.
— Je veux pas entendre ce genre de choses, Dylan, c'est pas parce qu'une fille met une minijupe que c'est une pute ! Simplement c'est pas adapté pour aller à l'école. Tu vas pas à la piscine en combinaison de ski, il y a un temps pour tout.
Dylan hocha docilement la tête avant de souffler discrètement à Raphaël.
— Tu ken pas en combinaison de ski non plus.
Le beau marocain pouffa. Madame Morales continuait son speech qu'elle devait répéter dans toutes les classes.
Un vrai travail de perroquet.
— Deuxième chose c'est le Ramadan et ce moment, chacun est libre de pratiquer ou de ne pas pratiquer sa religion mais ça ne vous dispense pas de vos devoirs d'élèves ni d'assister à tous les cours, notamment l'EPS.
Un garçon qui avait tiqué quand elle avait prononcé le mot Ramadan leva la main.
— Madame ?
— Oui Tariq ?
— On peut pas faire du sport si on jeûne, il fait chaud en plus...
Il n'était pas le premier à faire cette remarque. Elle l'avait déjà entendu dans plusieurs classes.
— C'est à vous de voir quelles sont vos limites, mais faire le Ramadan n'est pas une excuse pour ne pas faire de sport !
Il soupira.
— Ca se fait pas !
Une variante de c'est pas juste.
— C'est comme ça ! Si chacun commence à faire ce qu'il veut on va pas s'en sortir.
— Mais Madame...
Elle s'approcha de sa table et tenta un sourire conciliant.
— Tariq, on est dans une école publique, donc chacun peut avoir ses croyances mais ça ne peut pas servir de motif pour ne pas participer aux cours, on s'en sortirait pas si les Musulmans commencent à pas faire sport parce que c'est le Ramadan, les Juifs partent à quinze heures le vendredi, les autres que sais-je encore... Tu comprends ?