Patrick Abitan venait de rentrer du travail. Il était déjà plus de 19h, ce jeudi soir, quand le PDG avait poussé la porte de sa luxueuse villa.
Tous les soirs, Raphaël devait être rentré chez lui à 20h, pour le dîner. Il descendit les escaliers de la majestueuse maison des parents de Shira. Il lui avait dit au revoir, et elle avait pris la direction de sa baignoire jacuzzi pour prendre un bain. Raphaël n'avait pas réussit à s'empêché de penser que dans un bain, on peut s'ouvrir les veines. Qu'une lame de rasoir suffit. Ou se noyer, si on avale une boîte de somnifère.
— Bonjour, fit poliment Raphaël.
Le père de Shira lui adressa un mouvement de tête poli, mais il n'appréciait pas ce minot qui venait tous les jours chez eux. Rien ne lui prouvait qu'il n'était pas la cause des problèmes de Shira. Bien que Galit lui ait soutenu l'inverse.
Il est gentil, et surtout il l'aime.
Patrick avait du mal à y croire. A ses yeux, comme à ceux de n'importe quel père, aucun homme ne parviendrait à aimer Shira comme elle le méritait.
— Je peux vous parler ? demanda Raphaël avec le même ton poli qu'il adressait à son paternel quand il voulait quémander une autorisation de sortie exceptionnelle.
Le PDG eut un mouvement de surprise, il ne s'attendait pas à ça.
— Oui.
Raphaël hésita, ne sachant comment annoncer à ce père que sa fille pensait à mettre fin à ses jours...
— Je... Je m'inquiète pour Shira parce que...
Rien que ce début de phrase fit grossir une boule dans la gorge de Raphaël. Le père de Shira le regardait les bras croisés sur la poitrine.
— Elle m'a dit plusieurs fois... qu'elle voulait...
Il ne parvint pas à terminer sa phrase, et Patrick sentit qu'il y avait quelque chose de grave.
L'instinct.
— Qu'elle voulait quoi ? s'impatienta Patrick.
Raphaël baissa la tête, ne pouvant soutenir le regard d'un père en lui annonçant que sa fille envisageait de faire ça.
— Qu'elle voulait mourir...
Le père de Shira poussa un profond soupire. Lui et sa femme s'étaient bien rendus compte que Shira n'allait pas bien, mais jamais ils n'auraient imaginé que cela puisse être à ce point-là.
— Elle m'a fait jurer de rien dire, continua Raphaël, mais je peux pas garder ça pour moi.
Patrick hocha la tête. Se disant qu'il s'était trompé sur ce gosse. Qu'il n'était pas un danger. Au contraire.
Il semblait être un allié pour tirer Shira de l'abîme dans lequel elle était en train de plonger.
— Merci.
— Voilà... fit Raphaël qui ne savait pas quoi ajouté.
Il se dirigea vers la porte d'entrée avant que le père de Shira ne le rappelle.
— Attends.
Raphaël se retourna.
— Assied-toi, lança Patrick en lui désignant le canapé.
Raphaël s'assit.
— Alexa, annonce. Galit est-ce que tu peux venir dans le salon ?
La boule grise posée sur le meuble télé du salon émit une lumière bleue. Raphaël eut l'impression d'être dans un film de science fiction, surtout quand la mère de Shira les rejoignit dans le salon.