Shira tripotait le mot qu'une surveillante était venue lui apporter. Elle avait séché le report de son heure de colle. Sa mère avait reçu un email l'informant que Shira devait aller en colle, mais elle l'avait directement mis à la corbeille.
Ils nous emmerdent avec leur régime autoritaire !
— Shira, viens là ! ordonna madame Morales.
— Bonjour madame Morales, comment allez-vous madame Morales ? Vous passez une bonne journée madame Morales ? lança Shira avec son sourire de Mère Thérésa.
La CPE soupira mais décida de ne pas relever les provocations de Shira.
— Assieds-toi !
Elle déclina.
— C'est gentil, je vais pas rester longtemps !
Madame Morales savait qu'il faut choisir ses batailles.
— Reste debout !
Shira ne répondit pas et se contenta de la fixer avec son fameux sourire de Mère Thérésa.
— Pourquoi tu n'es pas venue à tes heures de retenue ? demanda Madame Morales. On l'a déjà reporté une fois !
Shira inspecta sa manucure sans se départir de son sourire. Elle avait des ongles impeccables, et pour cause, au lieu d'aller à ses heures de colle, elle allait chez sa manucure.
— J'adorerais, mais mon emploi du temps ne me le permet pas !
Vous comprenez entre la manucure, le coiffeur, l'esthéticienne, le bronzage et le shopping je suis overbookée !
Madame Morales secoua la tête, Shira n'avait visiblement pas compris le fonctionnement des heures de colle.
— Shira, une heure de colle c'est une obligation, c'est pas facultatif, tu viens pas si t'as rien d'autre à faire !
Shira lui adressa un air de cause toujours tu m'intéresses.
— Arrêtes de sourire s'il-te-plaît, fit la CPE. Les règles ici c'est pour tout le monde pareil, qu'on s'appelle Shira Abittan ou autre chose. C'est clair ?
Shira ne se départit pas de son habituel sourire insolent.
— Sauf que je ne suis pas tout le monde !
— Tu arrêtes de sourire, répéta Madame Morales. J'en peux plus de ton insolence !
Shira hocha la tête avec un air faussement concerné.
— Comme tu as manqué le report de ton heure de colle, continua la CPE, ça va te faire trois heures au lieu de deux, tu viendras le mercredi après les vacances !
Ça n'impressionna pas outre mesure l'adolescente face à elle.
— Sinon ? s'enquit Shira.
— Ca sera quatre heures !
Shira pouffa.
— Vous savez, demander à un lion de faire le beau, s'il n'a pas peur du fouet...
Cette phrase provenait de Marianne, une série d'horreurs que Shira avait adorée. Madame Morales ne l'avait pas vue, sinon elle aurait eu tout le loisir d'apprécier les similitudes entre Marianne la sorcière et Shira.
— Shira, tu arrêtes ton insolence et tu arrêtes de te prendre pour je ne sais pas qui ! l'engueula madame Morales.
Shira secoua la tête.
— Je ne me prends pas pour je ne sais pas qui !
— Très bien...
— Je suis simplement moi-même, termina Shira.
