Karine versa le sucre glace dans le tamis pour saupoudrer les soufganiots qu’elle venait de frire. Les fameux beignets de Hanouka. Elle n’en faisait jamais assez tant Aaron adorait ça. Eli aussi, mais depuis qu’elle avait appris qu’il avait des problèmes de coeur, Karine ne lui en donnait pas plus de deux par jour pendant les huit jours de fêtes.
Pense à ton cholestérol mon amour.
Il faisait la gueule en silence en regardant ses fils se baffrer des douceurs interdites.
Eli et Aaron rentrèrent du travail et une délicieuse odeur de pâtisserie leur rentra délicieusement dans les narines dès qu’ils eurent ouvert la porte de la maison.
— J’adore Hanouka, fit Aaron en se précipitant dans la cuisine.
Il avait l’espoir de pouvoir manger un beignet avant l’allumage des bougies sur le traditionnel chandelier à huit branches. La réponse de Karine fut implacable.
Non, on attend Raphaël.
Elle aurait aimé attendre Nathan et Yoni aussi, mais elle aurait sûrement attendu jusqu’à l’année suivante.
Raphaël, qui était en vadrouille avec ses copains, arriva quelques minutes plus tard alors qu’Eli faisait défiler les enveloppes que Karine avait pris dans la boîte aux lettres quand elle était rentrée du travail.
Des prospectus d’Auchan pour la dinde au marrons et les huîtres de l’étang de Thaux.
Joyeux Noël !
On s’en fout.
Des factures.
Evidemment.
Une pub avec des rennes.
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Je suis pas Rothschild !
Une enveloppe blanche portant le tampon du lycée Valparaiso.
Le bulletin du petit.
— Raphaël, viens-là !
Raphaël s’approcha pendant que son père décachetait l’enveloppe. Aaron, qui perdait jamais une occasion de faire le con, arrêta de reluquer l’assiette de beignets pour dire.
— T’as intérêt à avoir de bonnes notes sinon t’auras pas de cadeaux à Noël.
Karine pouffa. Eli n’avait même pas écouté.
Déjà que je le supporte toute la journée ce gosse…
— Il a des bonnes notes ? demanda Karine à son mari.
Eli haussa les épaules.
— 9 en Français…
— Il est pas français, lança Aaron.
Eli n’accorda pas un regard à Aaron et se contenta de dire.
— Tu te tais, toi.
Mais Aaron ne se démontait jamais.
— Ou tu me tais ? proposa-t-il.
Cette fois, son père leva les yeux vers lui.
— Exactement. Raphaël, 6 en maths ? 6 en maths !
Raphaël ne trouva rien à répondre à ça.
— Tu branles rien ! continua son père.
— C’est pas facile… tenta le cadet.
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Mi Beau Gosse Mi Bâtard III - Jamais deux sans trois
Roman pour AdolescentsTroisième partie