Raphaël posa son thé devant Shira. Dylan avait payé les consommations, et les honoraires de Siri étaient bien faibles par rapport à ceux d'un avocat diplômé. Un thé à la rose, sans même une petite pâtisserie pour l'accompagner. Dylan lui avait commandé une énorme part de gâteau au chocolat.
Quand il était stressé, il fallait qu'il mange du sucré.
— Bon, fit-elle en sortant un bloc de feuille de son sac.
Raphaël s'assit à côté d'elle dans le Coffee Shop préféré de Shira. Dylan, lui, tripotait nerveusement son briquet.
— Tu peux arrêter avec ton briquet j'ai l'impression que tu veux faire cramer le café et nous avec, lança Shira.
Le feu l'angoissait. Dylan le laissa tomber sur la table.
— Pardon.
Elle sourit, avant de reporter son attention sur le problème qui les occupait.
— Bon alors... Euh. Elle s'appelle comment ?
— Madame Loriot... répondit Dylan.
— Madame Loriot, répéta Shira en écrivant sur la feuille.
— Tu mets pas chère madame Loriot ? s'enquit Dylan.
Elle pouffa, se disant qu'il avait vraiment besoin de son aide.
— C'est pas une carte postale Dylan !
Il se dit qu'il allait s'abstenir de faire des suggestions, Shira semblait bien mieux maîtriser cette histoire que lui.
— Elle est comment ? demanda-t-elle.
Dylan répondit sans réfléchir.
— Blonde, plutôt bonne d'ailleurs...
Shira leva les yeux au ciel alors que Raphaël étouffait un éclat de rire dans son café.
— Dylan, je vais pas écrire "je suis désolé de vous avoir sifflé parce que vous êtes plutôt bonne", fit Shira désabusée. Il faut lui dire ce qu'elle a envie d'entendre ! File-moi ton emploi du temps !
Dylan s'exécuta. Raphaël buvait silencieusement son café. Shira avait demandé l'emploi du temps car elle savait qu'il y avait le nom et prénom des professeurs, histoire d'éviter tout malentendu dans de rares cas d'homonymie. Elle attrapa ensuite son iPhone et trouva un profil LinkedIn au nom de Pauline Loriot, qui avait fait ses études à l'université Rennes 2.
Cet abruti d'alpaga s'était visiblement risqué à siffler une militante féministe convaincue.
— C'est une chienne, fit Shira.
— Hein ? s'exclama Dylan.
— Une chienne de garde, compléta Shira en tournant son téléphone vers ce bon vieux Dylan.
L'écran du smartphone affichait des photos d'une réunion féministe à Marseille quelques mois plus tôt, on y voyait clairement la prof de Français de Dylan et Raphaël présider la réunion.
Shira adressa un demi-sourire à Dylan.
— Bon, bah, tu t'es accusé d'avoir sifflé une nana qui passe tout son temps libre à s'indigner contre les mecs qui sifflent les filles dans la rue... Et vu qu'elle est prof elle doit en avoir pas mal... Du temps libre...
— C'est la merde ? s'inquiéta Dylan.
Shira afficha un petit sourire et secoua la tête.
— Pas plus que ça. Ce qu'il faut retenir sur les féministes c'est qu'elles sont extrêmement binaires. Tu es avec elles ou contre elles. Allié ou ennemi. Si tu t'autoflagelles suffisamment tu vas pouvoir facilement passer du statut d'ennemi à celui d'allié.
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Mi Beau Gosse Mi Bâtard III - Jamais deux sans trois
Roman pour AdolescentsTroisième partie