Une fois le dîner terminé, Yoni se leva... et attrapa deux assiettes pour les ramener dans la cuisine. Sous le regard incrédule des autres membres de la famille.
— Qu'est-ce que tu fais mon fils ? fit Karine.
Yoni répondit sans la regarder.
— Je débarrasse.
Karine ne sut pas quoi répondre. Yoni allait prendre deux autres assiettes.
— Laisse, enfin, Yoni !
Elle éclata de rire comme si c'était une blague. Jamais son mari ou ses fils n'avaient débarrasser ne serait-ce qu'une petite cuillère. Elle ignorait qu'à Lyon, Yoni vivait avec Eva, pour qui il n'était pas question de faire toutes les tâches ménagères. Yoni avait donc appris à faire la vaisselle, le linge et le ménage. A cuisiner aussi, mais manger était loin d'être une priorité.
Yoni hésita, et finalement interrompit son geste.
— Bonne nuit, fit-il en se dirigeant vers les escaliers.
— Yoni, tu veux fumer une clope dehors ? proposa Aaron.
Yoni déclina. Raphaël et Aaron se retrouvèrent sur la terrasse. Il faisait froid, mais ce n'était pas ça qui les préoccupaient.
— Comment il a géchan, Yoni, fit Raphaël en tendant son briquet à Aaron.
— Il baise aristo…
Raphaël secoua la tête. Ca faisait près de trois ans que Yoni était avec Eva, et c’était la première fois qu’il touchait à peine à son assiette de couscous ou qu’il voulait débarrasser.
— La patossitude c'est une MST ?
Aaron se marra et Raphaël ajouta.
— Je demande parce que c'est un peu ton rayon, les MST non ?
Son grand frère arrêta subitement de rire en se rappelant avec effroi les deux piqûres que lui avait coûtées son escapade à Ibiza.
— Ta gueule !
Aaron prit une bouffée de Marlboro et soupira.
— Faut appeler Nathan.
— Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse ?
— Qu'il vienne voir Yoni !
Raphaël secoua la tête. Nathan n’était pas un super héros non plus.
— Ca changera rien...
— On verra bien.
***
Il restait une semaine avant les vacances de Noël. Raphaël et Dylan étaient en cours d’Education Civique, assuré par madame Loriot. Il n’avait qu’une heure toutes les deux semaines, et elle leur donna dès le début du cours un devoir à faire pour le prochain.
Elle attrapa un marqueur et écrit en lettres rouges sur le tableau blanc.
La place de la femme.
Puis expliqua.
— Je veux une rédaction d’une copie double au moins, ça sera noté.
Raphaël et Dylan se regardèrent. La prof de français leur dit qu’ils pouvaient commencer maintenant et se plongea dans la correction des devoirs de littératures de sa classe de terminale littéraire.
— Place de la femme, facile, dans la cuisine et sous le bureau, souffla Tariq à Hassane.
Raphaël et Dylan sourirent, se disant de faire un tel commentaires à quinze mètres du Cerbère féministe qui leur servait de prof de français était suicidaire.