Chapitre 4

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En temps ordinaire, je me préoccuperais de savoir si nous attirons l’attention. Je regarderais tout autour de moi avec inquiétude, terrorisé à l’idée de me faire remarquer.  Ce soir, je n'arrive à m’intéresser qu’au jeune homme qui me presse contre lui. Peut-être que tout le monde nous fixe. Ou peut-être personne. Je n’en ai pas la moindre idée et je m’en moque. 

L’inconnu a enroulé ses bras musclés autour de ma taille. Nos deux corps sont collés l’un contre l’autre tandis que nous tournons doucement, sans prendre la peine de suivre le rythme de la musique. J’ai chaud et mon cœur bat au moins deux fois plus vite qu’il ne devrait. 

— Je… je ne suis pas gay, je tiens à préciser. 

Le jeune homme sourit. 

— Je ne savais pas non plus que je l’étais. Mais nous le sommes forcément, n’est-ce pas ? 

Je secoue la tête, confus. Je ne comprends rien à ce qu’il raconte. Les gens d’ici sont décidément vraiment bizarres. Cela dit, gay ou pas gay, je me sens bien dans les bras de ce type. Nous continuons à danser mollement, entourés d’autres couples à qui nous n’accordons aucune attention. L’odeur de l’inconnu me chatouille les narines. Il sent si bon que j’ai envie de coller mon nez contre son torse pour mieux respirer son odeur. Elle est si forte qu’elle m’enivre. 

— Je… j’ai la tête qui tourne, je gémis. 

Les yeux du jeune homme se remplissent aussitôt d’inquiétude. 

— Je t’emmène prendre l’air. 

— Non, je… 

Mais il me fait avancer et je ravale mes protestations. Nous nous extirpons de la grange surpeuplée et gagnons le jardin en traversant une large porte. L’air est frais et je respire un peu mieux. Nous errons au milieu de quelques arbres sous le ciel qui s'est entre-temps dégagé. Des multiples étoiles nous surplombent. Il semble y en avoir bien plus ici qu'à Paris. 

L’inconnu me sourit. 

— C’est plus intime, ici, n'est-ce pas ? 

Une petite alarme s'allume au fond de mon esprit. Intime ? Pourquoi aurions-nous besoin d’intimité ? Il ne pense tout de même pas que nous allons faire… euh… ce qu’on fait lorsqu’on se déshabille ? 

Je sens mes joues chauffer. Je ne jamais… Je veux dire que je suis… Bref, je n’ai pas d’expérience dans le domaine et aucune envie d’en acquérir ce soir, et encore moins avec un mec. Si jamais il fait mine de vouloir ne serait-ce que de vouloir toucher l'un des boutons de ma chemise, je me tirerais d’ici à la vitesse de l’éclair ! Oui, j’irai si vite qu’il n’arrivera même pas à me voir bouger ! 

Ses lèvres se posent sur les miennes. Stupéfait, je ne songe pas à le repousser. Mes vagues intentions de fuite s’effacent et je reste immobile, pétrifié. Le jeune homme est plus grand que moi et j’ai la tête levée vers lui. Son goût est encore plus merveilleux que son odeur. Mes jambes deviennent toutes faibles, comme si elles n’étaient rembourrées que de coton. 

Je n’ai jamais cru aux genres de baisers décrits par les romans. Ceux qui parlent de papillons dans le ventre et de feux d’artifice dans la tête. Personnellement, j’avais embrassé une fille sur le coin de la lèvre, il y a environ un an. C’était à une soirée comme celle-ci. Nous avions tous les deux un peu bu et… bref, nous nous étions retrouvés maladroitement dans les bras l’un de l’autre. Il n’y avait eu ni feux d’artifice ni papillon et nous n’étions pas allés plus loin que ça et puis bon, d’accord, moi aussi je m’étais essuyé les lèvres après... Aujourd'hui, cependant… 

Mon corps se met à agir de sa propre volonté. Il se presse encore plus près de celui du jeune homme. Ce ne sont pas des papillons qui s’agitent dans mon ventre. Non, ce sont plutôt des lapins bien gras qui sautillent dans tous les sens et me remuent des pieds à la tête. Quant aux feux d’artifice, ils explosent dans mon cerveau et achèvent le peu de raison qu’il me restait. 

L’inconnu met soudain fin au baiser sans pour autant me lâcher. Je pousse un gémissement de protestation que je regrette aussitôt. Je ferais mieux de flanquer une baffe à ce type. On n'a tout de même pas idée d’embrasser divinement bien quelqu'un sans prévenir ! 

Le jeune homme m’adresse un sourire éblouissant qui me fait plisser les yeux. 

— Je peux te marquer ? Nous finirons bien par le faire un jour, alors pourquoi attendre ? 

Il me fixe avec une telle intensité que mon esprit a du mal à fonctionner et il se passe quelques longues secondes avant que je me souvienne comment respirer. Les lapins continuent à faire la fête dans mon ventre. Je ne comprends même pas exactement ce qu’il me veut. Ses doigts se promènent le long de mon cou. Oh, il souhaite me faire un suçon ? Au point où j’en suis… 

— Bah, si tu veux, je me résigne. 

Une petite lueur de joie pure s’allume dans ses yeux et je ne peux pas m’empêcher d’être satisfait de lui faire plaisir. 

Il entoure ma taille de son bras et pose une main sur mon menton pour me faire pivoter la tête. Ses doigts me caressent. Je me laisse faire, incapable de lui résister. Et puis ce n’est pas désagréable. 

— Je ne pensais pas te rencontrer un jour, me murmure-t-il d’un ton doux. Je suis heureux. Si heureux… 

Je lui jette un regard étonné. Que veut-il dire ? 

Et il enfonce ses dents dans ma peau. 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant