Chapitre 25

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Je me réveille très stressé le lendemain matin. Un petit coup d’œil à mon portable m’apprend qu’il est seulement huit heures. Habituellement, je me lève rarement avant onze heures, le week-end. Aujourd'hui, cependant, je ne parviens pas à me rendormir. 

Mes pensées tourbillonnent. Martin va-t-il réellement venir ? Quelque chose me fait craindre que oui… Oh, et puis zut… 

Je m'extirpe de mon lit, de mauvaise humeur. Je m'enferme dans la salle de bain pour prendre une grande douche. Je me savonne vigoureusement, me sèche et passe dix bonnes minutes à essayer de me coiffer devant le miroir embué. Je finis par y renoncer et me contente de frotter mes cheveux avec une serviette pour les sécher. Puis j'ouvre mes cartons à déménagement que je n'ai toujours pas fini de vider. J'en sors plusieurs pantalons et me mords la lèvre. Il est évident que je ne vais pas mettre le jogging informe que j'utilise pour aller courir. Je suis horrible, dedans et il n'a pas été lavé depuis ma dernière course. Par contre, ce jean noir me va bien, d'après ma mère. Oui, mais ma mère a des goûts de vieille, forcément. Je ne sais même pas quel style préfère Martin… Et je n’ai d’ailleurs même pas envie de le savoir !  Oui, cela m'indiffère. 

Agacé, j'enfile le pantalon noir et fourre les autres à nouveau dans le carton. Je revêts un t-shirt à manches longues et un pull gris moulant. J'enroule plusieurs fois un foulard autour de mon cou pour cacher la morsure toujours très visible. Puis je complète le tout par ma bague tête de mort. 

Je me plante devant le miroir. Bon, le résultat n'est pas trop mal. Je passe une nouvelle fois la main dans mes cheveux pour les désordonner un peu en mode "coiffé-décoiffé". 

Hum… Est-ce que Martin… Oh et puis je me moque bien de l'avis de Martin ! 

Je dévale l'escalier. Mes parents me jettent des regards étonnés en me voyant débarquer dans la cuisine d'un air maussade. 

— Tu es tombé du lit, mon grand ? s'étonne mon père. 

— Hum…, je marmonne en farfouillant dans les placards pour trouver un bol. 

J’espère que se lever tôt ne va pas être considéré comme un signe d’hystérie aux yeux de mes parents. 

— Dans l’étagère du haut, chéri, me dit ma mère. Et tes céréales favorites sont dans le garde-manger. Le lait est déjà sorti. 

— Merci. 

Je me laisse tomber devant la table avec mon butin. 

— Tu as pris froid, chéri ? s’inquiète ma mère. Tu n'as pas quitté ce foulard de la semaine. 

Je roule des yeux en prenant un air supérieur. 

— C'est la mode, Maman ! 

— Oh… pardon… Et tu es sûr que cette bague est vraiment indispensable à ton look de bg ? 

Je fais tomber des céréales dans mon bol. 

— Oui. 

J'ajoute une bonne couche de lait et m'empare d'une cuillère. 

D'après Émile, je garderai cette marque au cou toute ma vie. Je ne pourrais pas continuer à la cacher avec un foulard. Mes parents la verront un jour ou l'autre et je n'ai pas la moindre idée de l'explication que je pourrais leur donner puisqu'il m'est interdit de leur révéler ma véritable nature. Le coup du moustique tigre ou de la mode ne durera qu'un temps. 

— Quel est ton programme, mon grand ? veut savoir mon père. Tu as l’intention d’aller courir dans les bois ? 

J’avale une bouchée. 

— Je ne sais pas trop… 

Je ne peux pas quitter la maison avant d’être certain que cet imbécile d’alpha ne viendra pas. Je suis d’ailleurs probablement en train de me faire tout un film pour rien. À cette heure, Martin doit faire la grasse matinée, comme tout lycéen qui se respecte. Oui, il n'y a que moi qui me prive bêtement du sommeil dont j'aurais bien besoin. 

Je remue la cuillère dans le bol, agacé. 

— On devrait faire une sortie tous ensemble quand je serais rentrée de la bibliothèque, suggère ma mère. Dans les bois, par exemple. 

Je secoue vigoureusement la tête. 

— Ah non, surtout pas dans les bois ! Ils… ils sont infestés de moustiques ! 

La sonnerie de la porte retentit à ce moment-là et je fais un bond en l’air comme si je venais d’avoir été électrocuté. Mon bol se renverse et du lait se répand sur toute la longueur de la table. 

— J’y vais ! je hurle en voyant mon père faire mine de se lever. 

Mes parents me jettent un regard bizarre tandis que je me précipite jusqu’à la porte d’entrée que j’ouvre à la volée. 

Mon cœur se ratatine de déception en voyant que ce n’est pas Martin. Le jeune homme qui se tient sur notre paillasson recule d’un pas, surpris. C’est un loup. J’arrive à le sentir, maintenant. Un bêta, je dirais. Il me dévisage lui aussi avec une certaine méfiance. Puis il affiche finalement un sourire poli. 

— Bonjour. J’apporte un colis au nom de Madame Creps. 

— C’est bien ici, je grommelle en signant le papier qu’il me tend. 

Je referme la porte après avoir salué le livreur d'un signe de tête. 

— Tu attendais quelqu'un, chéri ? me demande ma mère tandis que je lui remets son paquet. 

Je secoue la tête dans tous les sens. 

— Non, personne ! 

Je me rassieds sur mon siège et prends un chiffon pour essuyer le lait, penaud. Heureusement, je n’ai pas taché les vêtements que j’ai eu tant de mal à choisir. 

La sonnerie retentit une nouvelle fois alors que je venais tout juste de finir de tout nettoyer. 

— J’y vais à nouveau ! je hurle encore plus fort. 

Cette fois, j’évite soigneusement de regarder mes parents qui doivent se demander si je ne suis pas devenu cinglé pendant la nuit. Je me pose moi-même cette question. À coup sûr, ils vont encore me traiter d'hystérique… 

Je sais avec certitude que c’est bien Martin avant même d’avoir ouvert la porte. À cause de son odeur. Mon rythme cardiaque s’accélère lorsque je la respire et je dois m'y reprendre à deux fois avant de réussir à actionner la poignée. 

Martin me sourit. 

— Salut. 

Mon cœur fait un triple saut périlleux. 

— Salut. 

Mes yeux ne peuvent s’empêcher de se poser sur sa bouche. J'ai envie de l'embrasser. Je crois d'ailleurs que je l'aurais bêtement fait si mes parents ne s'étaient pas soudain pointés derrière moi. 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant