Le loup et moi (bxb) [terminée]

Chapitre 26

Martin se compose aussitôt un sourire poli de gendre idéal. 

— Bonjour Monsieur et Madame Cresp, déclare-t-il d'une voix onctueuse. Je suis navré de vous déranger un samedi matin. Je suis Martin Imbert, un ami de Théo. Nous nous étions déjà croisés, mais je n'avais pas eu l'occasion de me présenter.

Je le vois clairement grimacer en prononçant le mot "ami". Je sais bien qu'il aurait préféré dire quelque chose comme "l'amour de la vie de votre fils". Voire même encore pire.

— Entre, le salue ma mère avec un petit sourire. Je crois que tu étais attendu avec impatience...

Je sursaute.

— Il n'était pas attendu ! je m'indigne. Et encore moins "avec impatience" ! Et il n'a nul besoin d'entrer.

Personne ne semble m'entendre. Martin pénètre tranquillement dans notre maison comme s'il était chez lui et accroche sa veste sur le porte-manteau.

—Tu veux boire un jus d'orange, Martin ? lui propose mon père.

Je fais frénétiquement non de la tête dans le dos de mes parents. Cette proposition est bien entendu une stratégie des plus grossières pour pouvoir faire subir à l'alpha tout un interrogatoire. Ce dernier choisit cependant d'ignorer mes signes.

— Volontiers.

Je grogne intérieurement. Bah, si Martin veut se faire torturer, c'est son problème, après tout. Qu'il ne compte pas sur moi pour le tirer d'affaires ! Je ne prononcerai pas un mot en sa faveur !

Mes parents font asseoir l'alpha sur une des chaises de la cuisine - une qui est bancale - et prennent place en face de lui à la manière d'un jury. Pour ma part, je reste debout appuyé contre le four, les bras croisés.

— Et bien, Martin, demande Papa en lui remplissant un verre jusqu'à ras bord, qu'est-ce qui t'amène ici ?

Le jeune homme sourit avec innocence. En le voyant ainsi, je pourrais presque penser qu'il n'a rien d'un pervers. Non, il ressemble à un lycéen studieux et bien élevé, dans le genre de ceux qui ne vont jamais aux soirées et passent leurs week-ends à faire du bénévolat.

— Si cela vous convient, je suis venu proposer à Théo une petite promenade dans la forêt au bord d'un lac. C'est un très beau lieu à découvrir facilement accessible en voiture.

— En voiture ? Tu as le permis de conduire ? demande ma mère en contemplant Martin avec une méfiance qu'elle ne prend même pas la peine de dissimuler.

L'alpha hoche la tête.

— Depuis mes dix-huit ans, Madame, il y a deux mois.

Ma mère n'en paraît pas rassurée pour autant.

— Ah ? Et tu n'as jamais eu d'accident, n'est-ce pas ? Tu as tout tes points ?

— Maman ! je proteste sans lui laisser l'occasion de poursuivre son inquisition. Si Martin a obtenu son permis, cela signifie qu'il sait conduire correctement, voilà tout !

Je me garde bien sûr de révéler que j'ai déjà pris la voiture avec lui. Je ne voudrais pas que nous ayons l'air trop proches.

Le jeune homme hoche gravement la tête.

— Je prendrai soin de Théo, Madame Cresp. Ne vous inquiétez pas.

Je grince des dents. On a l'impression, avec cette phrase, que cet imbécile vient de demander ma main ! C'est justement ce que je voulais éviter !

— Bon, je grogne. Ça ne vous dérange pas si j'y vais ?

J'interroge mes parents du regard en croisant discrètement les doigts. Ma mère me sourit.