Chapitre 28

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Nous restons silencieux un long moment. La voiture avance au milieu des flaques et j'observe les gouttes dégouliner le long de la vitre de ma portière. La petite pluie s'est transformée en grosse averse. Apparemment, le beau temps ne fait jamais long feu, ici. 

Frouitch frouitch. 

Martin ne cesse de me jeter des regards inquiets. Le loup du tableau de bord hoche la tête dans la direction. 

— Tu devrais plutôt regarder la route, je finis par lui lancer avec agacement. 

Le jeune homme fait la moue mais m'obéit. Nous quittons bientôt la forêt et rejoignons la route principale. Nous serons très vite à la maison, après être restés quelques heures dans la voiture pour finir notre repas et bavarder un peu. 

Je pousse un profond soupir. 

— Tu trouves aussi comme Éric Raspail que je sens bizarre ? je demande à brûle-points. 

L'alpha secoue aussitôt la tête avec conviction. 

— Pour moi tu as la meilleure odeur du monde, assure-t-il. Je ne me lasserai jamais de respirer ta douce senteur. 

Je roule des yeux. 

— Ce n'est pas ce que je te demandais ! Est-ce que mon odeur est inhabituelle pour un loup ? Pour un oméga ? 

Frouitch frouitch. 

Martin se mord la lèvre et je comprends que la réponse est oui. 

— Eh bien, commence-t-il avec prudence, disons que ton odeur de loup est comme... diluée... On ne la sent que quand on est vraiment près de toi. 

Je m'agite sur mon siège, mal à l'aise, et agrippe ma ceinture de sécurité. 

— Est-ce que je suis... un loup raté ? Cela expliquerait pourquoi je n'arrive pas à me transformer... 

L'alpha prend un air indigné. 

— Bien sûr que non que tu n'es pas raté ! Et je suis persuadé que tu pourras prendre ta forme de loup dès que tu t'en sentiras prêt. 

Je détourne le regard. Martin dit ça à cause de cette histoire d'âme sœur. Parce que le destin ou je ne sais trop quoi le pousse à être attiré par moi et à me trouver incroyable. Je suis certain que les autres loups me considèrent comme raté. Je ne suis pas comme eux et les personnes différentes sont toujours rejetées. 

— Pourquoi est-ce que je suis ainsi ? je reprends. Parce que j'ai été élevé par des humains sans connaître ma véritable nature ? 

Martin penche la tête sur le côté. 

— J'ai une théorie. 

Je fronce les sourcils. 

— Et quand envisageais-tu de me faire part de cette fameuse théorie ? 

— Ce n'est qu'une hypothèse ! 

— Et alors ? Crache le morceau ! 

L'alpha me regarde de travers. 

— Parfois, je trouve que tu as vraiment un sale caractère, me reproche-t-il. 

Je lui rends son regard noir. 

— Tu n'es pas censé me trouver merveilleux en toutes circonstances ? 

Mon ton est plein d'ironie. 

— Tu serais plus gentil avec moi si je te répétais tous les jours à quel point tu es charmant, aimable et toujours de bonne humeur ? s'agace Martin en donnant une tape sur le volant. 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant