Chapitre 51

9.5K 1K 318
                                    

La matinée de cours me semble interminable. Je passe le temps en racontant en détails mes dernières aventures à Émile. Cela nous occupe pendant la totalité du TP de chimie (où tout le monde bavardait, de toute façon), et une partie du cours de français, jusqu'à ce que notre prof nous demande sèchement où nous en étions de notre lecture de Mme Bovary.

— Et tes parents ? me souffle mon voisin lorsque la prof a à nouveau le dos tourné après nous avoir réprimandés. Tes parents adoptifs, je veux dire. Ils ne savent toujours rien sur ta nature ? Tu penses que tu leur diras un jour ?

Je frissonne à cette idée.

— Certainement pas !

Même si cela obligerait ma mère à cesser de me traiter de "lapin".

Émile se mord la lèvre.

— Mais... Ils trouveront étrange lorsque tu porteras ton premier en... Euh... Euh...

Il referme précipitamment la bouche en se rappelant probablement ma réaction lorsqu'il est question d'un bébé.

Je fronce les sourcils. En plus il a parlé du premier ! Comme si j'allais avoir plusieurs bébés !

Émile est devenu tout rouge et regarde tout droit en direction du tableau comme s'il suivait le cours avec passion. Après cela, il n'ose plus m'adresser la parole de toute l'heure et je suis obligé de me concentrer moi aussi sur les paroles de la prof.

Je bondis de ma chaise lorsque la cloche sonne enfin à l'heure du déjeuner. Je rassemble hâtivement mon cahier et mes stylos et les balance dans mon sac à dos. Puis je quitte la salle de classe le premier pour me diriger vers la cantine.

J'aperçois Martin qui m'attend devant la file pour prendre les plateaux et je lutte pour ne pas me mettre à courir pour me jeter dans ses bras. À la place j'avance d'un pas mesuré en regardant à droite et à gauche avec un air d'indifférence.

— Salut ! me dit l'alpha.

Il se contente de m'adresser un petit signe de la main au lieu de me prendre dans ses bras. Je me mords la lèvre, frustré. Euh... je veux dire... soulagé... oui, soulagé, pas frustré.

Je lui passe devant pour me mettre dans la queue.

— Allons manger, je marmonne, gêné.

Martin vient se mettre à côté de moi, très près, sans pour autant me toucher. Et je me mords encore la lèvre.

Nous nous installons sur un table un peu à l'écart après avoir rempli nos plateaux.

J'émiette mon pain, sans grand appétit.

— Et par rapport à ce qu'à dit la grande dame, relativement au fait que j'aurais un blocage pour me transformer, crois-tu que je parviendrai un jour à le surmonter ? je demande pour faire la conversation.

Martin me sourit.

— Tu voudrais apprendre à te transformer ?

Je fais la moue.

— Pourquoi pas ? Comme cela, tu n'aurais plus à me porter sur ton dos.

C'est au tour de l'alpha de faire grise mine.

— J'aime te porter sur mon dos !

J'agite mon reste de pain dans sa direction.

— C'est moi qui te porterai, tiens !

Je ricane devant la tête déconfite du jeune homme. Cette idée me plaît pourtant bien. Tant que je peux rester coller contre Martin, cela m'indiffère de savoir qui est en-dessous et qui est au-dessus.

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant