Chapitre 22

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Je me tourne vers mon agresseur, bien décidé à ne pas me laisser intimider. Éric Raspail est planté droit devant moi et me fixe de ses yeux durs. Il ne me fait même pas peur. 

Bon, d'accord, si, je suis terrifié. Mais... Mais pas tant que cela. Voilà.

— Qu'est-ce que tu me veux ? 

Je le toise du mieux que je peux, les yeux plissés, mais, étant donné qu'il fait presque deux têtes de plus que moi, je doute que le résultat soit très impressionnant. Je me mets discrètement sur la pointe des pieds sans que cela change grand chose. 

— Je dois savoir si tu es une menace pour ma meute, grogne-t-il.

Je fronce les sourcils. Sa meute ? D'après ce que je sais, il n'est pas encore chef de meute mais juste le fils du chef actuel des Raspail. Et puis je ne vois vraiment pas quelle menace je pourrais représenter. C'est vrai, quoi, ne suis-je pas censé selon Joséphine apporter de par ma nature la paix et la bonne humeur ? 

— Je n'ai pas l'intention de causer des ennuis à qui que ce soit, j'affirme fermement. 

J'essaie de sortir des toilettes, malgré mon envie de plus en plus pressante, mais Éric se trouve entre la porte et moi et ne semble pas disposé à se pousser. Je me trémousse.

— D'où viens-tu ? demande-t-il de sa voix menaçante. Pourquoi es-tu venu t'installer dans ma ville avec un couple d'humains ? 

Sa ville ? Il se croit dans un western, ou quoi ? Et je n'apprécie pas du tout d'entendre mes parents qualifiés d' "humains" avec un ton aussi méprisant. 

— Laisse-moi partir, j'ordonne de ma voix la plus féroce. 

Et tant pis pour la paix et la bonne humeur. Je les répandrai un autre jour. Ou pas. 

L'alpha attrape soudain mon poignet pour me tirer vers lui. Il lève l'autre main jusqu'à mon cou et arrache mon foulard, dévoilant ma marque au grand jour. 

— Je me disais bien que ton odeur avait un peu changé, commente-t-il en reniflant la cicatrice. Qui est-ce ? Martin Imbert, non ? Ouais, ça pue comme lui. Tu as mal choisi ton camp, en plus. 

Il me repousse avec dégoût. Mon dos heurte le bord des lavabos et je pousse un petit cri. 

— Laisse-moi partir, je répète, bien moins férocement cette fois-ci. 

Je commence à avoir plus de difficulté à camoufler ma peur. Je sais d'après Émile que les loups ne sont pas censés s'en prendre aux omégas. Mais ce type n'a pas du tout l'air au courant de ce fait. Et je ne sais pas du tout me battre ! Quand j'étais en primaire, mes petits camarades adoraient se taper dessus. Je ne participais jamais et me contentais de compter les points en mangeant des BN à la fraise. Une activité beaucoup plus saine, si vous voulez mon avis. 

La porte s'ouvre brusquement au moment où je m'apprêtais à paniquer sérieusement. 

— Ne le touche pas, gronde une voix. 

Je ne suis même pas surpris de reconnaître Martin. Qui d'autre aurait pu se précipiter ainsi à mon secours, à la manière d'un preux chevalier ? Le pire est que ma panique disparaît instantanément rien qu'en sentant sa présence. C'est d'un grotesque ! 

Les deux jeunes hommes commencent à se tourner autour d'un air menaçant. Ils ressemblent vraiment à deux loups et j'espère qu'ils ne vont pas se transformer au beau milieu des toilettes du lycée. Quels imbéciles ! Tout ce qu'ils vont réussir à faire est m'attirer encore plus de problèmes ! 

Je m'interpose entre eux. 

— Vous n'allez tout de même pas vous battre ici ! 

Mon intervention a au moins le mérite de les faire cesser de grogner. 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant