Chapitre 19

11.5K 1.1K 131
                                    


La voiture de Martin démarre et s'éloigne dans la rue. Je le sais parce que j'espionne tout, un œil collé au judas de la porte. Il faut croire que j'avais peur que l’alpha reste faire le pied de grue devant la maison.

Je m'écarte finalement pour prendre une profonde inspiration lorsque le véhicule n'est plus en vue. J'ai l'esprit plus clair, à présent que Martin s'est éloigné. Même si son odeur flotte encore un peu dans les airs. Je la renifle avec méfiance. Heureusement que mes parents n'ont pas le flair développé des loups.

Mes parents...

Je secoue énergiquement la tête pour me changer les idées. Peut-être que si j'arrête de penser à cette adoption je finirai par l'oublier complètement. Tiens, je devrais aller faire mes devoirs. Le prof de physique-chimie nous a donné une liste d'exercices longue comme le bras. Ça va m’occuper.

Je remonte l'escalier pour aller me réfugier dans ma chambre. J'ouvre mon manuel et grignote frénétiquement le bout de mon stylo à bille pour essayer de me concentrer. Ce n'est pas facile. Trop de pensées se bousculent dans ma tête et me donnent le tournis. Mes parents ne sont pas mes parents. Je suis susceptible de me transformer en grosse bête poilue à n'importe quel moment. Et, par-dessus tout, je pense à Martin, ma soi-disant âme sœur. Au moment où il me serrait dans ses bras pour me dire au-revoir. À ce moment-là, j'ai été à deux doigts de le supplier de rester encore un peu avec moi. Parce que sa présence me faisait du bien. Pourtant, je n'arrive pas à croire à cette histoire d'âmes sœurs. Il m'attire, c'est vrai. Je n'arrive plus à le nier. Mais de là à le qualifier d' "homme de ma vie"... 

Crac !

J'ai mordu tellement fort mon stylo que son plastique se fissure. Je le retire de ma bouche pour le remplacer par l'ongle de mon pouce. Je regarde mon livre de physique-chimie d'un œil vitreux. Je n'arrive pas à lire une ligne de l'exercice que je suis censé résoudre tant je suis obnubilé par mes propres problèmes.

Suis-je réellement gay ? Je n'ai jamais été particulièrement attiré par les filles, c'est vrai, mais...

Mon portable vibre. Je l'attrape hâtivement, persuadé qu'il s'agit d'un message de Martin. Je me sens déçu en voyant le nom de Vincent. Puis coupable. Depuis quand suis-je déçu de recevoir des SMS de mon meilleur ami ? D'autant que je n'ai pas beaucoup songé à lui, ces derniers temps.

Je clique sur le message.

Salut T ! Comment vas-tu ? La rentrée a été bizarre sans toi. Et de ton côté ? Tu survis loin de Paris ? 

Je réfléchis à ce que je pourrais lui dire. "Oh, salut. Tout va très bien, oui. J'ai juste découvert que j'étais un loup-garou. Que mes parents m'avaient adopté. Et que je suis sans doute gay. Oui, gay !".

Bon, il faudrait sans doute que je change l'ordre, niveau crédibilité, mais l'essentiel y est.

Je regarde fixement l'écran de mon téléphone, la tête vide. Je ne peux quand même pas écrire ça !

— Théo ? m'appelle une voix depuis le rez-de-chaussée.

Je sursaute et repose mon portable, la main tremblante. Mon ventre se serre. Mes "parents" sont de retour. Comment vais-je pouvoir me comporter normalement devant eux ? J'ai toujours été un très mauvais dissimulateur.

— Je... J'arrive ! je crie en retour.

Je referme mon manuel d'un claquement sec. J'étais bien incapable de me concentrer, de toute façon. Je ne me souviens même plus de la matière que j'étais censé étudier. Un truc en rapport avec les sciences, je crois.

Mes parents m'attendent assis sur le canapé du salon. Ils me regardent avancer avec une sévérité inhabituelle.

Je commence à paniquer. Sont-ils au courant de ma découverte ? Comment cela se pourrait-il ? Auraient-ils mis des caméras dans le grenier ? Et s'ils étaient des sortes de super espions payés par un gouvernement étranger et...

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant