Chapitre 20

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Je m'attendais à ce que Martin soit fâché contre moi. Je le mériterais, après la façon dont je l'ai traité la veille. Non que je regrette ma froideur à son égard. Je n'ai pas besoin d'être harcelé par un alpha collant alors que je suis émotionnellement trop instable. Beaucoup trop de changements et d'incertitudes se sont passés dans ma vie depuis quelques jours. Dire que cela ne fait même pas une semaine que j'ai déménagé ici ! 

Je suis donc surpris, en ouvrant la porte le lendemain matin sous une pluie battante, de voir une voiture que je connais garée dans la rue tortueuse et dont la portière s'ouvre. 

— Qu'est-ce que tu fous là ? je grogne en guise de bonjour. 

— Il pleut, me répond Martin avec un sourire éblouissant. Je ne voulais pas que tu sois mouillé. Et puis j'étais inquiet pour toi. Monte. 

Je jette un regard nerveux derrière mon dos. Il ne faudrait surtout pas que mes parents me voient grimper dans la voiture d'un jeune homme inconnu ! 

C'est pour cela que je me hâte d'entrer dans le véhicule et de fermer la portière. 

— Démarre, j'ordonne en laissant tomber mon sac sur le sol. 

Heureusement, il fait encore nuit et la ville est très mal éclairée. Et puis Maman était encore sous la douche, quand je suis parti. Quant à Papa, il ne portait pas ses lunettes au petit-déjeuner et ne risque pas de discerner grand-chose, myope comme il l'est. 

La voiture se met lentement en mouvement à travers les flaques. 

— Je suis heureux de passer un peu de temps avec toi, ronronne Martin avec satisfaction. 

J'attache ma ceinture en soupirant. 

— C'est idiot. Le trajet jusqu'au lycée va durer cinq minutes maximum. 

— Cinq minutes avec toi suffiront à illuminer ma journée, assure gaiement le jeune homme. 

Il manœuvre avec dextérité dans les rues étroites. Les essuie-glaces s'agitent devant nous pour chasser les gouttes qui ruissellent. Cette fois-ci, j’ignore le loup du tableau de bord qui hoche la tête, plus déchaîné que jamais. 

Martin se racle la gorge. 

— Alors, comment te sens-tu ? 

Je sais qu'il parle de mes découvertes de la veille, mais je n'ai pas envie de lui exposer mes états d'âme. 

— Ça va très bien, merci. 

Frouitch frouitch. 

Les essuie-glaces continuent leur travail, imperturbables. 

L'alpha me coule un regard inquiet et je me détourne pour regarder par la vitre. Il pleut des cordes. Je ne peux même pas ouvrir pour chasser l'odeur trop tentante qui a envahi l'habitacle. 

Je me rends compte que je ne sais presque rien sur Martin, à part ce qu'Émile m'en a dit. À savoir qu'il est l'un des fils du chef de la meute. Et qu'il a dix-huit ans. Et qu'il a manifestement le permis (quoique je ne lui ai pas demandé ses papiers pour vérification). Je devrais peut-être me renseigner un peu. Pas pour lui faire plaisir, hein ? Mais pour… pour ma propre sécurité, voilà tout. 

— Cette voiture, elle est à toi ? je demande soudain. 

Martin tourne sur la longue route menant au lycée. Nous sommes presque arrivés. 

— Non. Mon père en possède plusieurs. Mon frère et moi avons le droit de les utiliser. 

— Oh, tu as un frère ? 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant