Chapitre 45

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Le loup s'allonge sur le sol pour que je puisse monter sur lui sans avoir l'air parfaitement ridicule, contrairement à la dernière fois. J'attrape ses vêtements, les calle sous le bras et m'assieds sur l'animal sans perdre de temps. Martin se relève alors et je réprime un cri. 

Madame Imbert jette un regard préoccupé sur son fils.

— Soyez prudents, murmure-t-elle en effleurant le flanc du loup.

Ce dernier hoche la tête et ce simple geste suffit presque à me déstabiliser. J'ai de plus en plus de mal à me retenir de glapir et m'agrippe plus fermement à son cou. La prochaine fois que j'aurai à le chevaucher, je lui mettrai une selle, c'est décidé !

Martin démarre à fond de train sans plus de cérémonie.

Une selle et des rênes. À quoi suis-je censé me retenir, hein ?

Cataclop cataclop. Nous avançons à toute allure.

Ou alors je refuserai tout simplement de le chevaucher, voilà tout. Un jour, je trouverai le moyen de réussir à me transformer et c'est lui qui montera sur moi. Et je trouve bien perverses les personnes qui croiront lire un quelconque sous-entendu mal placé dans ma déclaration.

Curieusement, mon angoisse s'estompe. Je me souviens de ma frayeur la première fois que je l'avais vu sous cette forme, quand je ne savais pas encore la vérité sur sa nature. Je croyais ma dernière heure venue ! À présent, je n'ai plus du tout peur de lui. Bah, c'est juste Martin, quoi. Un peu plus poilu que d'habitude. Et tout nu. Et avec de très grandes dents. Mais sinon... Il sent pareil. Ses poils sont de la couleur exacte de ses cheveux. Et j'éprouve pour lui une confiance aveugle (sauf en ce qui concerne ses penchants pervers). Oui. Je suis en danger de mort, mais la simple présence de l'alpha à mes côtés suffit à m'empêcher de paniquer complètement. Je me sens bien, quand je suis avec lui. Même si chevaucher me donne toujours aussi mal au cœur.

Martin court ventre à terre. Le vent me siffle dans les oreilles. Je m'agrippe à ses poils autant que je peux. Je n'ai même pas le temps de me sentir gêné de la situation. Après tout, les poils du loup dissimulent ce qu'il faut. Ce n'est pas comme si je n'avais jamais vu Martin encore moins couvert...

Mes joues chauffent à ce simple souvenir. Heureusement que Martin ne peut pas me voir ni lire dans mes pensées !

Des hurlements retentissent soudain derrière nous. Des hurlements de loup, pas très loin d'ici. Pendant une seconde ou deux, je me dis qu'il s'agit peut-être de la famille de Martin qui aurait finalement décidé de nous accompagner après avoir effectué leur petite diversion. Puis leurs odeurs m'arrivent aux narines tandis que je regarde en arrière. Ce sont des Raspail, ce qui signifie que la petite diversion en question n'a servi à rien du tout. Et le loup au pelage noir qui les mène est manifestement Éric.

Martin ne tourne pas la tête comme moi mais a senti le danger car il accélère encore le pas. Les arbres défilent à une vitesse hallucinante. Je me penche en avant pour donner moins de prise à l'air.

Quand je regarde à nouveau derrière mon épaule, je peux discerner les yeux luisants d'Éric fixés sur moi. Il est furieux, je le sens bien. Je suppose qu'il considère mon évasion de sa buanderie comme un affront personnel.

Je m'agrippe à Martin plus fort que jamais.

— Ils sont juste derrière nous ! je lui glapis à l'oreille.

L'alpha grogne et se met à avancer encore plus rapidement, ce que je ne croyais pas possible. Je relève légèrement la tête. Nous nous dirigeons droit vers la rivière qui sépare les territoires des deux meutes. À cet endroit là, le courant est particulièrement large et je crains pendant un moment que nous nous retrouvions pris au piège. Mais Martin prend son élan et bondit en avant. Incapable de me retenir, je hurle à pleins poumons. J'ai la sensation de voler dans les airs pendant une bonne seconde. Puis je suis secoué lorsque les pattes de l'alpha touchent à nouveau le sol si fort que mes dents s'entrechoquent.

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant