Chapitre 5

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Je pousse un faible cri. Mon cou est en feu. Je brûle ! Puis la douleur est remplacée par un plaisir intense. Un élan de pure euphorie traverse tout mon corps et je me cambre. 

— Haaa. 

Un gémissement s’élève dans le jardin. Je crois qu’il provient de mes lèvres sans en être certain. Cela ne peut être de celles de l’inconnu toujours accrochées à mon cou. Mon cœur bat à toute allure et je m’agrippe au jeune homme qui me paraît à ce moment précis représenter le centre de mon univers. Alors même que j'ignore tout de lui, je me sens plus proche de lui que je ne l’ai jamais été de personne, comme si nous avions fusionné pour ne plus former qu’un seul et même individu. 

Puis il retire ses dents. Je chancelle et il enroule un bras autour de moi pour me retenir. 

— Tout va bien ? Je t’ai fait mal ? 

— Je…, je bredouille. Hum… Est-ce que tu pourrais aller me chercher quelque chose à boire ? J’ai très soif. 

Il acquiesce doucement en me jetant un regard inquiet. Mes jambes sont toujours très faibles et il me fait m'asseoir sur un banc en pierre avant de me voler un baiser rapide. 

— Je reviens tout de suite. Je dois prendre bien soin de toi, maintenant. Tu es à moi. 

Je le regarde partir en fronçant les sourcils. Pourquoi tout le monde dans cette ville estime devoir prendre soin de moi ? Ça commence à devenir ridicule. Et pourquoi ce type fait-il preuve d’une telle possessivité ? Je n’aime pas beaucoup ça… Le pire c’est que je ressens un petit élan d’angoisse lorsqu’il retourne à l’intérieur de la grange. Comme si une part de moi avait envie de ne plus jamais être loin de lui. 

Vraiment ridicule. 

À présent que le jeune homme s’éloigne, mon esprit s’éclaircit un peu et je secoue la tête. Qu’est-ce qui m’arrive ? Ce n’est pas du tout mon genre de me laisser tripoter par des inconnus. Et je ne parle même pas de ce suçon… Qui est même carrément une morsure ! J’aurais dû lui dire non, mais je m’en sentais incapable. 

Et si… et si j’avais été drogué ? Il existe une substance pouvant priver de volonté la personne qui l’ingère. J’avais visionné un jour un documentaire à ce sujet avec mes parents. L'inconnu ou n'importe qui d'autre aurait très bien pu verser quelque chose dans le verre que j'ai bu. 

Je me mords la lèvre. Je dois m’enfuir avant que cet individu ne revienne avec la consommation que je lui ai demandée. Qui sait ce qu’il a l’intention de me faire ? Peut-être va-t-il m’entraîner dans un coin sombre pour… 

Je secoue la tête dans tous les sens, terrifié. 

La morsure à mon cou me fait mal. Le plaisir a disparu. La plaie est juste douloureuse. Je pose une main par-dessus et trouve quelques gouttes rouges sur mes doigts lorsque je laisse tomber mon bras. Ce type m’a mordu jusqu’au sang ! C’est un pervers. Oui, je viens d’être victime d’un pervers enragé ! 

Je prends une profonde inspiration et me relève. Je chancelle un moment, comme si je sortais d’une longue grippe. La peur que je ressens me donne cependant suffisamment de force pour commencer à avancer en direction de la porte du jardin. Je vais d’ailleurs mieux à chaque pas et je pousse un profond soupir de soulagement en gagnant la rue. Les quelques lampadaires plantés çà et là n’éclairent pas grand-chose. Et il n’y a pas un chat. Il y aurait foule, à Paris, à la même heure. Ça m'aurait rassuré. 

Je me rends compte en cours de route que j’ai oublié mon manteau à la fête. Tant pis. Je ne ferai pas demi-tour. J’aurais trop peur de tomber à nouveau sur ce pervers. Je me souviens soudain juste de l’existence d’Émile et je lui envoie un SMS rapide pour lui dire de ne pas s’inquiéter. Après tout, il était censé veiller sur moi (même s’il m’a laissé me faire agresser par un pervers. Ma mère ferait bien d’engager une autre personne que lui pour veiller sur ma vertue). 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant