Chapitre 18

11.7K 1.1K 178
                                    


Je passe le premier et monte les barreaux avec précaution. Je débouche alors dans une longue pièce bas de plafond aux poutres apparentes. Mes parents ont décidé d'y stocker toutes les affaires dont ils n'ont pas besoin au quotidien ou qui sont en attente de classement et elle est donc occupée par une multitude de cartons ou autres. Je commence à ouvrir les caisses un peu au hasard (les déménageurs ont dû bien s'amuser à tout monter avec une échelle…). C’est fou ce que mes parents ont déjà accumulé alors que nous n’habitons ici que depuis quelques jours. Si je les laissais faire dans le reste de la maison, ils seraient bien capables de remplir les pièces jusqu'au plafond de toutes sortes d'objets aussi encombrants qu'inutiles, comme ces trois paires de ski que nous n'avons utilisées qu'une seule et unique fois lorsque nous étions partis en Forêt Noire. 

— Que cherchons-nous, exactement ? s’enquit Martin d’un ton nonchalant. 

— Un album, je marmonne en m’attaquant à un autre carton. Mes parents ont des photos de moi à la maternité. 

Tiens, voilà les combinaisons qui vont avec les skis. J’avais oublié à quel point elles étaient hideuses. Ma mère m’avait fait porter celle qui avait jadis appartenu à ma cousine Florence. Elle était rose fluo. Je crois que j’aurais presque préféré me précipiter sur les pistes en maillot de bain (mais pas tout nu, contrairement à certains habitants du coin que je ne nommerai pas). 

J’entends la voix de Martin s’élever. 

— Théo, il est impossible que tes parents puissent t’avoir mis au monde… Tu dois t'attendre à une déception. 

J’évite de poser les yeux sur lui, buté. 

— Je veux en avoir la preuve ! Je suis certain d’avoir déjà vu une photo ! Ma mère me tenait dans ses bras sur le lit de la maternité. Enfin, du moins, elle tenait un bébé dans ses bras. J'ai toujours supposé qu'il s'agissait bien de moi, puisque je n'ai pas de frère et sœur. 

Le carton se révèle ne contenir que l'horrible vaisselle à petites fleurs que nous avons héritée d'une grande tante. Déçu, je le referme. 

Martin me fixe toujours, les bras ballants. 

— Tu n'étais pas censé m'aider ? j'aboie, de mauvaise humeur. Tiens, fouille de ce côté-là. 

Il hausse un sourcil mais m'obéit, étonnamment docile, aujourd'hui. N'est-il pas supposé être une sorte de loup ultra dominant ? Bah, peut-être qu'il essaie juste de m'amadouer. Comme si ça allait marcher ! Je ne suis pas un homme facile, moi ! 

Je suis en train d'examiner une boîte pleine d'affaires à dessin (ma mère s'était prise pour une artiste pendant un mois où deux) lorsque l'alpha m'interpelle. 

— J'ai trouvé quelque chose. On dirait bien un album photo. 

Je tourne la tête si vite vers lui que je me fais mal au cou. Le jeune homme tient dans sa main une sorte de livre cartonné sur lequel il est marqué : "Théo, varicelle". 

Je me précipite aussitôt aux côtés de Martin. 

— Ce n'est pas le bon album ! Non, ne l'ouvre pas ! 

Je lui arrache des mains l'objet compromettant pour le mettre à l’abri. 

— Pourquoi je n'ai pas le droit de le consulter ? grommelle Martin. Je voudrais voir des photographies de toi enfant. Tu devais être super mignon. . 

Je commence à farfouiller dans le carton que cet imbécile avait ouvert. Il y a d'autres albums ! 

— Bien sûr que j’étais mignon. Tu verras des photos de moi à la maternité, je dis distraitement. 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant