Je suis soulagé lorsque l'on l'autorise enfin à rentrer chez moi.Il s'avère finalement que la meute Imbert a pris ses précautions pour éviter que mes parents n'appellent la police. La mère de Martin a imaginé raconter à mes parents qu'elle avait reçu au travail cinq places pour une pièce de théâtre de Molière qui devait se dérouler le soir même. Et comme les Imbert ne sont que quatre, ils m'ont aussitôt proposé de venir avec eux. La pièce se déroulant dans une autre ville (il n'y a évidemment pas de théâtre à Gardelune), il m'a été proposé de dormir chez eux afin de ne pas rentrer trop tard à la maison. Il paraît que mes parents étaient ravis d'apprendre qu'une telle occasion m'était donnée d'augmenter ma culture, d'autant que Molière est au programme du bac de français.
À noter : les loups-garous sont très doués pour inventer des excuses. Et en particulier ma future belle-mère... Si j'épouse un jour son fils, bien sûr...
Martin se gare devant la maison. Il jette un regard en direction de la porte d'entrée.
— Tu crois que tes parents me laisseront dormir dans ta chambre ?
Je manque de m'étouffer avec ma propre salive.
— Parce que tu crois que, moi, je te laisserai dormir dans ma chambre ? Espèce de pervers dévergondé !
Je croise les bras, parfaitement indigné.
Le jeune homme ne se laisse pas déstabiliser le moins du monde.
— Il est hors de question que je te quitte. Pas après ce qui s'est passé aujourd'hui.
Il me fixe avec son air ultra sérieux et je pousse un profond soupir.
— Bon. Mais nous le ferons en cachette, alors. Il est exclu que mes parents apprennent que je fais venir des hommes chez moi. Et nous ne ferons rien de plus que des bisous, hein ? Pas de bébé ! Surtout pas de bébé !!
Je lui jette un regard nerveux et il acquiesce en soupirant.
— Nous sommes jeunes. Nous avons tout le temps pour ça.
— Quand j'ai dit "pas de bébé", cela signifiait "JAMAIS de bébé". Même dans cinquante ans ! Ou alors ce n'est pas moi qui le porterai dans mon ventre, je te préviens !
Pour mettre fin à la conversation, j'ouvre la porte et fais signe à Martin de se précipiter à l'étage. Pour une fois, il m'obéit sans discuter.
— Papa, Maman, je suis de retour !
Je retire mes chaussures et mon manteau en faisant le plus de bruit possible pour couvrir les pas de Martin dans l'escalier.
Une voix endormie me répond.
— Coucou lapin. Nous sommes dans le salon.
Je passe la tête dans la pièce en question. J'y trouve mes parents sur le canapé enfouis dans une grande couverture.
— Alors mon grand, comment était la pièce ? demande mon père en mettant en pause la vidéo qu'ils regardaient.
— Très enrichissante, je déclare en espérant qu'il ne poussera pas ses questions plus loin. Et vous, vous avez survécu sans moi ?
Maman glousse.
— Difficilement. Nous avons regardé trois saisons entières de New-York unité spéciale, pour nous consoler d'avoir été abandonnés par notre propre fils. Tu veux regarder l'épisode suivant avec nous ? Oh, mais qu'est-ce que tu as à la tête, chéri ?
Apparemment, ils ne se sont effectivement pas du tout inquiétés pour moi et j'en suis presque vexé. Alors que je me battais pour sauver ma vie, ils se faisaient un petit marathon de séries, assis devant la télévision !
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Le loup et moi (bxb) [terminée]
Romance//Gagnant wattys 2022 !// Entraîné par ses parents à l'autre bout du pays, Théo peine à trouver ses marques dans cette petite ville champêtre dressée en bordure de forêt. Ses habitants emploient des expressions inhabituelles et diffusent une curieu...