Chapitre 38

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Je passe l'essentiel des cours de la matinée à fulminer contre mes parents et leurs manigances. Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tout le monde veut me caser avec Martin ? Papa et Maman ne sont même pas au courant de cette histoire d'âme sœur ! Et ils connaissent à peine l'alpha. Qu'est-ce qui leur dit qu'il n'est pas un horrible pervers, hein ? Je devrais peut-être leur révéler son habitude de courir tout nu dans les bois. 

En entrant dans la cantine après le cours d'histoire-géo, je reste fermement campé sur ma position. Je ne mangerai pas avec Martin. C'est décidé. Qu'il ne vienne pas me harceler à ce sujet. Non non non. 

Je fais la queue pour prendre un plateau avec Émile, Joséphine, Simon et Noémie. Ils discutent joyeusement tous les quatre. J'essaie de participer à la conversation mais je suis trop occupé à chercher Martin des yeux. Le connaissant, il va probablement surgir pour essayer de m'enlever. Voire de me convaincre de sécher les cours avec lui. Ce que je ne vais évidemment pas faire. 

Nous arrivons au niveau des assiettes. J'en prends une contenant des pâtes à la bolognaise, sans réfléchir. L'alpha n'est toujours pas en vue. J'attrape une orange en me sentant nerveux. 

— Il y a une table vide près des fenêtres, remarque Noémie. 

Nous nous y dirigeons tandis que je parcours la salle des yeux. C'est alors que j'aperçois enfin Martin. Je fronce les sourcils. Il est assis à une table d'élèves de terminale. Entre deux filles. Je me demande si l'une d'entre elles - une louve, apparemment - n'est pas celle avec qui il dansait le jour où je l'ai rencontré pour la première fois. 

Abandonnant mes camarades, je me dirige aussitôt dans leur direction et pose bruyamment mon plateau en bout de table. Les terminales lèvent les yeux vers moi. Je les foudroie tous du regard l’un après l’autre. 

— Hum… Je dois passer rendre un livre au CDI, déclare l’une des filles en se levant précipitamment. 

— Je t’accompagne, s’empresse d’ajouter l’autre. 

Les autres marmonnent aussi de vagues excuses et disparaissent à toute allure en apportant leurs plateaux encore à moitié remplis. 

— Tu fais plutôt peur, pour un oméga, s’amuse Martin, un petit sourire aux lèvres. J’admire ton autorité. 

Je me laisse tomber sur l’une des chaises abandonnées, de l’autre côté de la table, en prenant garde à laisser une distance de sécurité entre l’alpha et moi. 

— Qu’est-ce que ces filles te voulaient ? je grogne. 

J’attrape mes couverts et serre un peu trop fort le manche de mon couteau. Je pense à ma mère ce matin, avec son chou. Moi aussi j'aimerais avoir quelque chose à hacher menu. 

— Il faut savoir ce que tu veux, déclare l'alpha en coupant tranquillement en deux son petit pain. Tu ne peux pas refuser de déjeuner avec moi ET m'interdire de m'installer avec d'autres personnes. Veux-tu donc que je devienne un paria ? Cela dit, je suis ravi que tu aies changé d’avis. 

Exaspéré, je sors Madame Bovary, mon bouquin de français, et commence ostensiblement à le lire. 

— Je n’ai pas changé d’avis. Nous ne déjeunons pas ensemble, je dis en montrant bien mon livre. Nous mangeons juste à la même table, mais séparément. Je suis trop passionné par ma lecture. 

L’alpha ne se laisse pas démonter. 

— Tu n’en es qu’à la page dix. 

Je tourne une page avec dignité. 

— Et alors ? 

— Et tu risques de mettre des taches de bolognaise sur ton livre. Sans compter qu'il n'est pas bon pour la digestion de lire en mangeant. 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant