Chapitre 17

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Martin finit par retourner au centre-ville et gare sa voiture dans le minuscule espace devant ma maison, pile sous le volet cassé (qu'il ne vienne pas se plaindre ensuite si son toit est transpercé !). À cette heure, la rue est déserte. Les adultes doivent être au travail et les enfants sagement à l'école. Sauf nous qui séchons les cours, tels les délinquants que nous sommes... Certes, je sais maintenant que les loups-garous ne sont pas des trafiquants de drogue. Cela ne fait pas pour autant d'eux (OK, de nous) des personnes respectables. 

Le loup du tableau de bord agite une dernière fois la tête pour me narguer. Il a l'air de me dire : "pourquoi te mens-tu à toi-même ?". 

"Je ne me mens pas" ! j'ai envie de répliquer. 

"Si si", semble-t-il répondre. "La présence de Martin ne t'indispose pas tant que cela, n'est-ce pas ?"

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce que j'en ai à faire de l'opinion d'une figurine en plastique ? Sans compter qu'elle raconte n'importe quoi ! Martin ferait mieux de jeter le cadeau de son ex. Je lui en achèterai un autre plus avisé. Ou plutôt non, je ne lui donnerai rien du tout. Pourquoi lui ferais-je des cadeaux ?

Nous gardons le silence pendant un interminable moment. Martin a coupé le moteur et regarde par le pare-brise en tapotant le volant. Je reste assis sur mon siège en me tordant les doigts. Je tire et retire ma bague tête de mort en continuant à essayer de ne pas trop respirer l'odeur délicieuse qui chatouille mes narines. Il me faut garder l'esprit clair. 

L'alpha finit par tourner la tête de mon côté. Je me raidis et conserve pour ma part ma position. 

— Oui Théo ? Tu as quelque chose à me demander ? 

Je pince les lèvres, méfiant. Parce qu'il arrive à lire dans mes pensées, également ? J'espère que ce n'est pas une capacité de loup dont Émile ne m'aurait pas parlé. 

— Non. 

Quelques longues secondes s'écoulent et je ne bouge toujours pas. Je prends une grande inspiration et risque un regard vers le jeune homme qui attend toujours patiemment. 

— Est-ce que... hum... est-ce que tu peux venir avec moi à l'intérieur un moment ? 

Je pointe la porte d'entrée du menton. 

Martin sourit et mon idiot de cœur fait un bond. 

— Avec plaisir. 

Je lui jette un regard inquiet et juge plus prudent de mettre les points sur les I. 

— Pas pour des raisons romantiques, hein ? Simplement... je voudrais vérifier un truc. 

Clic.

Le jeune homme détache sa ceinture. 

— Je serais heureux de vérifier ce "truc" avec toi, assure-t-il d'un ton aimable. 

Je grommelle quelque chose d'indistinct en ouvrant ma portière. Je ne sais même pas pourquoi j'ai lancé cette invitation. J'ai juste eu l'impression que la présence de Martin me rassurerait pour me lancer dans mes recherches de photographies. C'est idiot. Et puis nous ne serons pas assez de deux pour fouiller dans le bazar de mes parents. Je ne fais que me servir de lui. Oui. Ce n'est pas du tout parce que sa présence ne m'indisposerait pas, quoi qu'en pense le loup du tableau de bord. 

Je sais, je sais, j'ai dit que je devais éviter Martin. Mais je commencerai à le faire demain. 

— Ne t'avance pas tout de suite, je lance au jeune homme. Je vais m'assurer que la maison est bien vide. 

J'ouvre la portière et me faufile hors de la voiture avec la prudence et l'habilité d'un ninja. Mes parents ne devraient pas encore être rentrés à cette heure, mais on ne sait jamais. J'essaie de regarder discrètement par la fenêtre du salon et ne distingue aucun mouvement. Je ne vois que le canapé sur lequel personne n'est assis, ce qui est bon signe. 

Le loup et moi (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant