34 : Nathan

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La pointe ibérique, un échec. L'Italie, même constat. Les Somnores sont impossibles à approcher, trop bien gardés par les humains et aussi surveillés de très près par pas mal de démons. Les avant-gardes des hauts dignitaires des sires, rien de moins ! L'engeance des enfers ne m'a pas trop porté d'importance, même si je n'ai pas poussé ma chance à me frotter aux garnisons. Il y a beaucoup de badauds humains qui collent les cordons militaires, ce qui m'a été pratique pour me fondre dans la masse, mais je n'ai vraiment trouvé aucune ouverture.

J'ai renoncé au Somnore Anglo-saxon, à cause du Brexit et mes galères de papiers, je ne peux pas prendre le risque de me taper la route pour rien. Mon problème, c'est que je n'ai la localisation d'aucun autre Somnore. Je sais qu'il y a longtemps, très longtemps, j'étais allé près d'une ville dont le nom m'échappe et qu'elle se trouvait près de la cachette slave des sorcières, mais impossible de déterrer mes souvenirs.

En désespoir de cause, j'envoie un texto à Ice, la capacité mémorielle de son espèce peut m'être utile, ou peut-être qu'il aura déjà l'information sans que ma demande ne fasse émerger une quelconque réminiscence. En attendant, je me rapproche de ma cible en payant grassement un type à l'allure déplorable avec sa camionnette couinante.

Comme souvent à l'approche de la nuit, l'inconfort de Lex me gagne. Je suis parti depuis seulement trois jours, ou quatre, mais peu importe et à chaque fois, ses sentiments deviennent un vrai champ de bataille. Elle éprouve du désir, du dégoût et plein d'autres nuances que je suis infoutu de saisir. La première fois, j'ai envoyé un message auquel elle m'a écrit que tout allait bien par un texte court. Ce qui m'a inquiété, puisqu'elle est relativement bavarde, alors j'ai posé la question au bleu, pour me retrouver avec une réponse sensiblement identique.

J'ai été jaloux, mais je n'ai pas insisté, car si elle s'était envoyée en l'air, je l'aurais senti. Sans m'appesantir sur ce malaise qui m'habite en l'imaginant avec un autre, j'essaie de me perdre dans le paysage montagneux qui m'entoure.

Sauf que la belle brune a décidé de me pourrir la nuit, elle est un peu saoule et je me retrouve tout aussi ivre qu'elle. Les fois précédentes, elle n'avait pas picolé. Au fur et à mesure que son grammage augmente, elle éprouve du désir et quand je sens une main fantomatique se poser sur sa taille, c'est la sensation de trop et je frappe violemment la portière à ma droite. Et je la défonce. La vitre a éclaté et la carrosserie s'est déformée, mais pas trouée.

Le conducteur a pilé, zigzagué et a fini dans le fossé, le tout en gueulant.

Il continue de m'abominer sans que je ne sourcille, mon téléphone vibre, de deux ou trois textos coup sur coup, puis un appel. Les notifications se sont enchaînées tellement vite que je reste perplexe à fixer l'écran. Mon voisin me secoue, apparemment mécontent que je ne réagisse pas, mais un regard noir parvient à calmer ses ardeurs. Penaud il sort du véhicule pour aller constater les dégâts.

Lex tente de me joindre, c'est son second appel, mais je ne suis pas d'humeur, une colère sourde me monte. Dirigée contre moi-même et mon incapacité à garder le contrôle.

L'écran de mon téléphone redevient noir et je le range. Curieux, je me penche pour voir ce que trafique le conducteur et lui demander de reprendre la route. Ce dernier peste, ne me répond pas et s'éloigne avec son mobile. Énervé, j'entreprends de le poursuivre quand la paume de ma main gauche me démange. Comme si quelque chose d'aussi léger qu'une plume venait de la frôler. La sensation se répète.

Et encore.

Elle est infernale sa gratte sans que mon action n'ait un quelconque effet. Je scrute ma peau en essayant de visualiser les chatouillements pour comprendre ce qui se passe.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant