7 : Nathan

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Ethan est l'équivalent d'un vieux au volant de sa voiture. Ça m'exaspère. En plus j'ai accepté d'attendre un jour de plus avant qu'il ne m'amène voir les « vieux » vamp'. Autant dire que je n'ai plus une once de patience.

— Tu devrais investir dans une éolienne portative, tu ne fais que soupirer, me lance nonchalamment le jeune homme.

— Tu n'as qu'à conduire plus vite ! Merde, t'es pas en sucre, l'argent n'est pas supposé être un problème si tu as peur des amendes. Tu peux te débarrasser de n'importe quel flic sans transpirer, alors pourquoi tu roules à soixante-dix kilomètres-heure ?!

— Pour t'emmerder.

Sa déclaration accompagnée d'un sourire étincelant me donne des envies de meurtre. Je vois rouge.

— Je vais te tuer ! Je peux les retrouver tes semblables, si je vais à Léguevin et que je brandis ta tête, sans ton corps au milieu de la place, je suis certain qu'ils rappliqueraient.

Une seconde, c'est le temps où la peur transparait, puis il reprend contenance :

— Non, je ne crois pas et on est presque arrivé.

Après sa déclaration, il appuie sur le champignon. Il ne ralentit même pas quand nous nous embarquons sur un chemin mi-terre mi-gravillon. J'ai beau être résistant et ne pas craindre la mort, je suis soulagé quand il s'arrête, près de plusieurs autres véhicules. Il m'a pris à mon propre jeu ! Le petit con.

Nous sommes en plein milieu de l'après-midi, ils sont tous couchés et au comportement d'Ethan, je sens qu'il approche lui aussi de sa limite.

Je détaille les alentours. C'est pittoresque, une forêt de pins qui encadre un château avec son toit pentu et sa tour. Bâtiment impressionnant au demeurant. Plus loin, je vois une grosse dépendance en forme de U, c'est vraiment grand. En prenant en compte l'espace et le nombre de véhicules, j'imagine qu'il doit y avoir du monde, mais pas de moto. Pas d'Adnan.

Ethan se dirige vers la volée de marche et l'immense double porte en bois. Il n'a pas le temps de frapper que cette dernière s'ouvre.

— Ethan ! Que fais-tu ici ? Et pourquoi nous ramènes-tu un démon ?

L'homme d'assez petite taille aux yeux bleus perçants se place mine de rien entre Ethan et moi. Il ne doit pas arriver au mètre soixante-cinq, pourtant il a énormément de charisme. Qu'il ait compris ce que j'étais en une seconde prouve qu'il n'est pas né de la dernière pluie ! Enfin une bonne nouvelle, il y a de fortes chances qu'il connaisse Adnan.

— Je cherche un des tiens. Et notre cher Ethan a eu la gentillesse de me conduire ici, dis-je en essayant d'être poli.

— Ethan est toujours le bienvenu ici, pas toi, démon.

— Je suis désolé, je ne savais pas quoi faire, s'excuse Ethan gêné.

— Il n'y a pas de mal, Ethan, rentre te reposer. Il y a des chambres de libres au second. Qui cherches -tu ? me questionne-t-il une fois le jeune parti.

— Adnan, s'il se fait toujours appeler comme ça. Un mec assez flippant aux cheveux blancs.

Mon interlocuteur regarde autour de nous. Il semble prendre une décision, mais avant il demande :

— Lui veux-tu du mal ?

— Non, c'est un ami.

— Pourquoi ça ne m'étonne pas de lui de trainer avec une engeance telle que toi. Je t'en prie entre.

Le salon est immense et bien entretenu. Les couleurs sont sobres et claires, il y a une monstrueuse table dans un coin et à l'opposé plusieurs canapés et des fauteuils. Mon hôte prend place dans l'un d'eux et m'invite d'un geste à m'asseoir.

Il souffle, puis se frotte le visage et les parties qui étaient exposées au soleil. Je sais que ça ne peut pas les tuer, mais que les rayons les brûlent fortement.

— Comment te prénommes-tu ? attaque le suceur.

— Oh misère, tu ne t'es jamais mis au goût du jour ? Tu parles comme une antiquité, répliqué-je.

— Je m'exprime correctement ni plus ni moins. Je peux aussi utiliser des injures, mais je n'en vois pas l'intérêt. Tout démon que tu sois, n'use pas de mon hospitalité. Nous sommes dix ici, c'est assez pour venir à bout d'un être tel que toi.

— Tout doux. Je veux simplement un moyen de contacter Adnan. J'oublierai ton adresse, je ne connais même pas ton nom. Et je ne tiens pas à le savoir. Plus loin je suis des gens tels que vous, mieux je me porte.

— Je contacterais Adnan. Qui dois-je lui annoncer ? Tu ne pensais tout de même pas que j'allais prendre le risque de divulguer des informations le concernant à je ne sais qui.

— Très bien, dis-lui que Nathan le cherche. Et que c'est urgent.

— Quel genre d'urgence ?

— Le genre qui ne te regarde pas, répliqué-je en me mettant sur la défensive.

— Je pose une dernière fois la question. Pourquoi dois-je l'appeler ? insiste le petit vampire avec un air à faire peur à une gargouille.

— J'ai des problèmes administratifs, concédé-je.

— Pardon ?

Je me retiens de justesse de rire. Il ne semble pas me croire. Ses yeux ont failli sortir de leurs orbites et sa posture est devenu beaucoup moins nonchalante, il est prêt à me sauter à la gorge au moindre doute. C'est fâcheux, je ne pensais pas le braquer aussi vite.

— Il comprendra. Maintenant, joins-le... S'il te plait, dis-je en me forçant.

— Tu te moques clairement de moi. Sors avant que je ne décide que tu es une réelle menace pour mon ami et que je cède à l'envie de me débarrasser de toi.

Les dents de mon interlocuteur se sont allongées. Il semble furax. Et je suis persuadé qu'il est dangereux. Je reste raisonnable et j'obéis. Je ne compte pas m'éloigner du domaine, car il va appeler Adnan pour l'avertir qu'un démon le cherche et que ce dernier va rappliquer illico quand il l'apprendra. Je n'avais pas prévu ce scénario, mais il me va, le tout c'est de le faire venir, peu importe comment.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant