12 : Nathan

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Je suis tranquillement en train de discuter avec Adnan quand la dinde se met à flipper. Déjà quelle était saoule, je suis complètement pris par ses émotions et je dois serrer la taille du conducteur pour garder pied.

— C'est encore elle ? me demande Ice.

— Ouais.

— C'est pas normal mec. Il faut trouver un moyen de rompre ce lien, soit réaliste il s'intensifie !

— Je sais, mais sans avoir pleinement accès à mes compétences, j'en suis incapable. Je ne comprends même pas comment il a pu se créer !

— Il faut que tu retrouves la nana, pour commencer.

Je n'ai pas le temps de répondre – de toute façon, je ne connais pas son nom – car une violente brûlure par vague de puissance me parvient. Des démons. Des connards de démons tentent de m'atteindre par mon lien avec elle. La colère m'aide à exsuder un peu de pouvoir, ça semble suffire la douleur s'arrête.

Merde.

Ça n'a pas coupé mon enchaînement à elle, malheureusement. Je le perçois, elle est paniquée. J'explique à Ice tout ce qu'il s'est passé et mes rares informations sur la fille, soit pas grand-chose.

— Putain, Nathan ! Tu te rends compte, ils ont senti ta présence sur elle. Ils peuvent peut-être deviner ta puissance à cause de ça, si c'est le cas tu te caches pour rien !

— Il faut tuer la dinde, pas le choix. À moins que tu aies un sorcier dans un de tes tiroirs, ou que celle de la première fois ne soit pas morte et que l'immortalité fasse partie de ses neuf secrets.

Je suis très sérieux quand je dis ça. Et pour nous débarrasser de la fille et pour la sorcière aux neuf dons. C'était une vraie légende à l'époque cette femme. Personne ne connaissait l'étendue de ses pouvoirs. Elle a été assez puissante pour juguler la mienne, elle a peut-être trompé la mort tout ce temps et elle se cache.

— Tu t'écoutes Nat' ? Elle est morte. La sorcellerie est morte, les sorcières sont mortes, les mages sont morts, la magie disparaît. Ou alors elle a trouvé refuge dans un endroit qui nous est inaccessible. Et tu ne peux pas tuer la fille.

— Je ne peux pas, mais tu peux, ou quelqu'un d'autre, c'est pas ça l'important. On n'a qu'à la refourguer comme amuse-gueule à tes potes de Léguevin, comme cadeau de pardon.

— Nat', c'est pas ça. Si tu l'as marquée, son âme l'est aussi, une fois morte peu importe où elle ira, des gens vont s'apercevoir qu'elle t'appartient.

— Oh putain, t'as raison. Transforme-là !

Adnan me regarde – ou du moins il tente, mais je sais exactement la tête qu'il a – comme si j'étais un demeuré alors que je panique. Je ne veux pas mourir ou pire retourner captif d'un détraqué qui voudrait trouver un moyen de se servir de ma puissance.

— Calme-toi. On va partir à l'appartement où tu l'as croisé, demander son adresse à son amie. Ensuite on la gardera prisonnière quelque part loin de toute civilisation pour que personne ne perçoive ta présence à travers elle. Et on cherchera une solution viable, elle est jeune, si on la nourrit correctement on a plusieurs décennies pour ça.

— C'est tout trouvé, tu la transformeras, répété-je.

— Je ne pensais pas devoir te l'expliquer, mais tu ne sembles pas en capacité de raisonner. La transformer c'est la condamner et me condamner aussi, donc c'est non, mon espèce ne pardonne pas qu'on créé des vampires. De plus, elle pourrait mourir parce que ça ne marcherait pas et je pense qu'à cause de ton essence démoniaque la transformation ne peut pas fonctionner.

Je capitule, il a raison. Je le remercie de m'aider et c'est nerveusement très affecté que je lui indique le chemin de l'endroit où je l'ai rencontré.

Évidemment, la propriétaire n'est pas là quand nous arrivons au beau milieu de la nuit. Des voisins ont appelé les flics de nous voir investir leur cage d'escalier. Une nuit bien merdique. Malgré tout, je deviens plus serein, car la dinde s'est enfin endormie, elle est toujours un peu alcoolisée, mais ça va.

Je laisse Ice gérer les déconvenues qui se dressent sur notre route, il est équipé pour. Je n'en reviens pas de l'appeler comme ses potes suceurs, sauf que ça lui va vraiment bien.

Nous tuons l'instant, chacun sur notre téléphone, encore une belle merde de ce siècle. Mais ça m'empêche de trop cogiter et c'est bon à prendre.

Le temps s'étire quand, enfin, un visage familier débarque devant la porte clef en main. En une poignée de secondes, Adnan chope toutes les informations que nous voulions, un poids me quitte, c'est une question de temps avant de la trouver.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant