6 : Alexandra

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— C'est le moment où tu pars en courant ? me taquine Lucien alors que je suis toujours en train de me remettre du baiser.

J'ai le souffle court et je sais que je devrais agir comme il vient de le dire, mais impossible de m'y résoudre, mon cerveau refuse de coopérer. Ma bonne volonté, ma raison, tout s'est fait la belle ! J'ai trop envie de lui. Pour toute réponse, je fonds sur sa bouche.

Avec possessivité ses bras puissants m'emprisonnent et ses mains partent sous mes fesses. Je me liquéfie, il me hisse à hauteur de son visage pour mieux me dévorer.

Il relâche enfin son étreinte, saisit ma paume et m'entraîne derrière lui. Je ne proteste pas. Je n'ai qu'une idée en tête : celle de voir son corps sans vêtements.

Dans les rues sombres du centre-ville, il me vole quelques baisers torrides et même si ça a rallongé notre temps de trajet, nous finissons par arriver devant un immeuble non loin de la gare. La façade a été faite récemment. À l'intérieur l'odeur de peinture est très présente. Il m'emmène au troisième et je commence à avoir peur quand j'aperçois la lueur prédatrice dans son regard. Il n'y a pas de chaleur dans ses yeux, simplement un désir implacable, possessif.

Le verrou résonne après qu'il ait claqué la porte.

J'aurais aimé émettre des doutes, il ne m'en laisse pas le temps. Il part à l'assaut de mon corps. Et il sait ce qu'il fait. La part de moi qui n'était pas rassurée se fait museler par le désir ardent qu'il éveille en mon sein. Ses mains courent sous mon tee-shirt. Sa langue conquiert ma bouche. Ses hanches acculent les miennes. Son genou frotte mon entrejambe déjà humide.

Je gémis. Il sourit.

Sans surprise, nos habits ne résistent pas longtemps. Et purée ! La vue qu'il m'offre est à se damner. Corps halé, muscles dessinés et léger sourire satisfait, c'est rudement efficace. Je ne peux pas m'empêcher d'avoir une petite pensée pour Tom à ce moment-là, qui dans ce genre de situation est tout aussi sublime et coquin, mais qui me fait beaucoup moins flipper.

Malgré tout je me laisse aller et explore son corps pendant qu'il conquiert le mien pendant de longues et de folles minutes. Nous sommes deux animaux en rut, plus rien n'existe. La chair claque contre la chair, des sons étouffés résonnent dans la pièce alors que nous assouvissons nos désirs primaires.

Après un dernier assaut, je suis en nage, le buste sur la table de sa cuisine. Une grande cuisine ouverte que je n'avais même pas regardée. Il n'y a que des meubles, aucun effet personnel, c'est assez froid, mais c'est immense et tout est neuf. Je n'ai pas fini de me redresser que sa langue remonte de mes fesses jusqu'en haut de ma colonne. Je pensais que lui aussi avait eu son compte. Mes jambes tremblent, j'ai envie de me reposer, j'ai eu ma dose, mais il ne semble pas l'entendre de cette oreille.

Il est assez doux, lascif quand il recommence à éveiller mes sens et je me laisse embarquer à nouveau par l'appel de la luxure. Et c'est épuisée que je m'endors dans son lit.

— Bonjour, me susurre la voix de Lucien.

Mon cœur fait une embardée en réalisant où je suis. Merde ! Je n'ouvre pas les yeux, l'intonation satisfaite qui a accompagné son « Bonjour » me donne envie de me cogner la tête contre le mur. Je suis faible, purée, ce n'est pas possible.

Puis je me souviens que je travaille ce matin. Comme montée sur ressort, je bondis du lit et manque m'étaler par terre à cause du drap.

— C'est maintenant que tu te décides de fuir, s'amuse-t-il.

— Tu es hilarant ! Je bosse aujourd'hui. Il est quelle heure ?

— Huit heures trente.

— Oh bordel de merde ! Je commence dans quinze minutes et il en faut beaucoup plus pour rejoindre le centre-ville de chez toi.

— Je te rapproche avec mon nouveau jouet, ne t'inquiète pas.

Il enfile un jean sans caleçon et passe un tee-shirt. Je le pousse pratiquement dans la cage d'escalier pour qu'il descende plus vite.

Il déverrouille une voiture noire aux vitres teintées dans laquelle je me précipite. Je fixe d'un œil mauvais le portail électrique du garage qui met une éternité à s'ouvrir. Je râle et je jure. Ce qui l'amuse.

— Tu es bien la première personne à ne pas t'extasier sur ma voiture, déclare-t-il en s'engageant sur la route.

— Elle roule, c'est le principal.

— C'est une classe S.

— Et je suis supposée y comprendre quelque chose ?

— Tu n'as pas fait une seule remarque sur mon immense appart', ou ma magnifique caisse, ou mes bijoux.

— Tu as un beau cul et un super sourire, ça m'a suffi, dis-je pour faire mousser son égo et avoir la paix.

— Tu n'as jamais saisi pourquoi tout le monde me surnommait Benz en fait ? (Il jette un regard furtif vers moi et constate que je ne comprends rien.) Mercedes-Benz, tu connais la marque quand même ? Rassure-moi.

— Je sais qu'elle existe. Et ?

— Je n'allais pas me faire appeler Mercedes, rigole-t-il.

Il me faut un peu de temps pour assimiler la vanne, je souris et j'acquiesce. Il finit par s'arrêter juste avant le Pont de la Liberté.

— Merci. Et au fait, y'a pas plus louche que ton genre de voiture, déclaré-je en claquant la portière.

Je me précipite pour limiter les dégâts sur mon retard en me promettantde ne plus me faire avoir par Benz.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant