5 : Alexandra

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Rageusement, je mets mon téléphone en mode avion. Benz me harcèle de messages. Il change constamment de numéro. Si ça, ce n'est pas louche ! En plus, j'ai eu le malheur de parler de lui avec David et cet idiot m'a presque convaincu d'accepter de passer du bon temps avec.

Je n'ai pas envie d'apparaître dans les faits divers, merde ! Mais c'est vrai que le côté dangereux me tente. C'est pour cette raison que j'espère que Benz va finir par se lasser, parce que je sens que je vais céder.

— Des problèmes avec un garçon ? me demande Cécile.

— Juste un que j'ai éconduit et qui ne me lâche pas depuis des mois !

— Fais attention quand même. Tu en as parlé avec Jimmy ? C'est bien ça le prénom de ton charmant ami policier ? réplique-t-elle en insistant bien sur l'adjectif.

— Oui, c'est ça. Et non je ne lui en ai pas parlé, mais si je sens que ça craint je le ferai.

— Tu pourrais le faire maintenant, je viens de le voir passer plusieurs fois devant la pharmacie, je pense qu'il n'ose pas entrer. T'as qu'à aller à la poste et en profiter.

— Merci, déclaré-je en enlevant déjà ma blouse.

En effet après avoir fait quelque pas, j'aperçois son magnifique petit cul de flic posé à une terrasse. Je ne compte pas lui parler de Benz. Le mec trempe dans des trucs illégaux, manquerait plus que Jim soit obligé d'en référer à sa hiérarchie ou je ne sais quoi.

Jimmy me prend longuement dans ses bras quand j'arrive devant lui. Ça fait dix ans qu'on est amis et je sais que ça durera toujours, parce que rien ne parvient à nous séparer réellement. Nous ne nous disputons jamais et nous avons toujours eu une affinité innée. À tel point que nous avons été en couple durant le lycée. Une amourette de quelques semaines, mais je pense qu'il nous fallait essayer pour vraiment nous rendre compte que nous étions simplement amis.

— Tu es superbe, déclare-t-il en me lâchant.

— Mais moins musclée que toi. Purée, tu as un corps ferme, tu m'énerves à chaque fois !

— Il faut ce qu'il faut pour arrêter les méchants.

Il me sourit, toujours avec cette bienveillance et cette force tranquille qu'ont l'air d'affiché tous les flics en civil dans leur vie de tous les jours. Alors que je sens chez Jimmy que parfois ça ne va pas du tout. Il a toujours été un mec droit, honnête, profondément gentil et juste. Je n'ose imaginer les frustrations que son boulot lui occasionne, quand il doit inlassablement arrêter les mêmes personnes. Mais il n'en parle pas, malgré toutes les perches que j'ai pu lui lancer.

Il vient d'être muté fraîchement sur Montpellier. Avant, il était sur Paris, comme tous les flics qui débutent. Ça me rassure qu'il soit plus près.

Il marche à côté de moi pour aller à la poste. On ne peut pas dire qu'on se presse, nous parlons de chose et d'autres et ça me fait un bien fout.

Jim n'a pas pu rester, mais de l'avoir vu ça m'a requinqué et je termine la journée avec la banane. Parfois pour rire, nous faisons allusion au fait que si un jour nous en avons marre de notre célibat nous finirons ensemble, avec des chats. J'espère pour lui qu'il se casera avant, il n'a pas idéé comme je peux être insupportable au quotidien.

Cécile est en train de compléter les dernières commandes de la journée, la soirée n'est pas très animée, ça nous fait du bien de souffler.

— Il a l'air tellement prévenant ton Jimmy, pourquoi tu n'essaies rien avec lui ?

— Parce que malgré son physique attrayant, je ne le désire pas. On est simplement amis. Sans sexe, ajouté-je.

— Quel gâchis ! Je comprends qu'au quotidien un policier, ça ne fait pas forcément rêver, mais quand même.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant