37 : Alexandra

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Les douleurs qu'endure Nathan m'ont forcée à me rouler en boule dans le canapé.

— Il faut partir Alex ! J'ai chassé les humains, j'ai fait nos bagages.

— J'ai trop mal, hoqueté-je.

Ethan me soulève et se dirige vers la voiture où il m'installe avec précipitation. Piteuse, je m'excuse d'être un fardeau. Le vampire prend le temps de me regarder dans les yeux et de m'offrir un sourire avant de rejoindre le volant.

Alors qu'il démarre et que les chaos du chemin en terre me donnent la nausée, je fixe ma main, je visualise avec netteté les lettres que Nathan a dessinées, celles qui font que nous nous retrouvons sur la route : « FUIS ». J'ai beau lui avoir dit que j'écouterai, je me sens déchirée de le laisser en arrière.

— Ne t'inquiète pas pour lui, il ne peut pas mourir. Sa seule faiblesse c'est toi, donc fais-toi du souci pour ta survie.

— Il souffre...

— C'est le lot de tout un chacun.

Son cynisme ne me plait pas, alors je préfère changer de sujet. Il ne peut pas comprendre, il n'est pas humain et il ne ressent pas ce que traverse Nathan.

— Où on va ?

— Loin en évitant les lieux habités... Il nous faut espérer ne croiser aucun démon.

— Et aucun déchu...

— Ils comptent comme des démons, ils poursuivent le même but.

Le cauchemar reprend, en pire. Cette fois, je ne sais pas qui est avec Nathan et j'ai une idéé de à quoi m'attendre : la sensation d'être traquée et vulnérable. Anticiper ces émotions les démultiplie et mon ventre se noue.

— Respire profondément, me conseille Ethan. Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour le démon. Il va avoir besoin de se concentrer.

Prise en faute, je réalise que si je veux arrêter d'être le boulet de cette histoire, il faut que je réfléchisse un peu plus. J'aurais dû penser par moi-même que mon état allait impacter Nathan et qu'il n'a pas besoin de ça.

Patiemment, je respire profondément, cherchant le calme. Je sais que je ne crains rien, j'ai le meilleur garde du corps qui soi ! Et Nathan ne peut pas mourir, ça va s'arranger.

Comme un mantra, je me répète tout ça en boucle, jusqu'à ce qu'Ethan jure et accélère sur une route à virage me forçant à gainer mon corps pour ne pas que je subisse trop les lacets du bitume.

— Qu'est-ce qu...

— Un ange nous survole et nous a pris en chasse.

— Le roux de la dernière fois ? demandé-je en criant presque.

— Je ne le vois pas, je ne sais pas, j'entends le bruit de ses ailes, c'est tout.

Les yeux fermés, j'essaie de calmer mon cœur, je ne veux pas ajouter ma panique à celle de Nathan, ça n'aiderait aucun de nous deux !

— Alex, je vais être obligé de m'arrêter. Dès que je sors de la voiture, tu te mets au volant et tu roules ! Tu t'arrêtes pas. Je ne sais pas où tu vas, mais tu y vas ! Je te rattraperais, d'accord ?

Docilement, j'acquiesce. La douleur est plus étouffée, Nathan guéri doucement et il n'est plus malmené.

Ethan pile. Le véhicule tout juste stoppé, il est parti. Je me détache, fébrile, mes mains tremblent. Je réussis quand même à m'extirper de mon siège gauchement et à glisser sur l'autre. Tout juste en place, j'obéis.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant