46 : Nathan

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Hors de moi, je fixe les débris de mon téléphone. Impossible d'avoir du réseau quand j'en ai besoin. Foutu suceur ! Qu'est-ce qu'il fait ! Est-ce qu'il a abandonné Lex ? Elle a eu peur, ce qui est assez souvent le cas depuis que je l'ai laissé. En général, ça se calme vite, mais pas cette fois. Elle a eu mal aussi, puis il y a eu une intervention magique qui n'était pas belliqueuse. J'ai failli la rejoindre, mais les pouvoirs étaient démoniaques, j'ai eu peur d'empirer la situation. Malgré tout, je suis resté à l'affût, mais Lex s'est calmée avant d'être à nouveau complètement désespérée.

Je ne sais pas quoi faire.

Tout en continuant de trépigner, j'étire mon dos, j'ai les muscles un peu endoloris et le stress n'arrange rien. Des jours que je m'entraîne à voler. J'ai encore un peu de difficulté à prendre de la vitesse ou aller haut, mais je parviens à rester plusieurs heures loin du sol.

Dans la chambre d'hôtel que j'occupe, je tourne en rond. Lex est mal, vraiment mal. Elle pleure, elle ne s'arrête plus. Son bras gauche la lance. Si j'y vais et que c'est un piège... Mais si je n'y vais pas et qu'il lui arrive quelque chose !

Où est ce foutu bleu de mes deux quand on a besoin de lui !

Exaspéré, les minutes me semblent durer des heures et Lex ne se reprend pas. Son mal-être devient le mien, c'est tout bonnement insupportable. En restant sur mes gardes, je la rejoins. Un clignement de paupière, l'énergie consommée pourtant colossale se reconstitue la seconde où j'arrive. C'est tout ce que me coûte ce type de voyage.

Sur le qui-vive, je regarde les alentours, personne. J'ai atterri au milieu des bois, des chênes, des oliviers et des pins encerclent une clairière qui sent le thym et le romarin, où se trouve Lex prostrée en train de pleurer. La situation est bizarre, que fait-elle là ? Seule de surcroit !

— Lex ? m'enquiers-je.

— Nathan ? demande-t-elle d'une petite voix brisée en levant la tête.

Ses yeux rougis, son teint blafard, les taches marron de sang séché sur sa blouse blanche. Le tableau m'horrifie.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?! m'inquiété-je en la rejoignant sans pour autant combler les derniers centimètres. Qui t'a fait ça ? Je vais le buter !

— Je me suis fait ça seule, avoue-t-elle en jetant un coup d'œil au vide entre nous.

Je reste accroupi, à une main d'elle et l'enjoint à me raconter. Tout le long du récit, je résiste à l'envie de la prendre dans mes bras. C'est pénible, cette lutte contre moi-même et ces espèces d'instincts qui me poussent toujours vers elle. Impossible de m'en débarrasser, pourtant ce n'est pas faute d'avoir eu de quoi m'occuper jusqu'à maintenant.

— Tu veux que j'enlève ma marque ? demandé-je à la fin de l'histoire. Tu passeras plus inaperçue.

Les dents serrées, je tente de ne pas montrer que je ne souhaite pas le faire, mais si elle le veut, j'obéirai. Elle a essayé de se tuer, je ferais tout ce qu'il faudra pour qu'une telle situation n'arrive plus jamais. J'ai envie de l'engueuler, de la secouer, de la forcer à jurer de ne jamais recommencer. Sauf que je n'en ai pas la légitimité et surtout, je sais ce que c'est de se retrouver acculé. Si j'étais capable de mourir, c'est certainement une option que j'aurais déjà envisagée.

— Non, je veux la garder ! s'écrie-t-elle. Tu me sens toujours pas vrai ?

— Oui, avoué-je. Je devais me douter que le suceur me balancerait.

— C'est Bélial...

— J'aimerais bien savoir ce qu'il me veut celui-là ! bougonné-je en me concentrant sur la situation.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant