20 : Nathan

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— On l'a faite fuir, constaté-je.

— En même temps, débouler à poil dans la pièce, ce n'était pas judicieux.

— Ça ne lui a pas déplu, déclaré-je en haussant les épaules. De quoi tu lui parlais ?

— Il n'y a pas qu'à elle que ça n'a pas déplu. T'as aimé qu'elle te reluque.

— Arrête de dévier la conversation, qu'est-ce qu'il lui a fait peur ? demandé-je les mains sur les hanches.

— Je ne répondrais pas, je n'apprécie pas que tu me fliques. Tu me fais déjà faire des tonnes de trucs pour toi et être aux ordres de quelqu'un ça ne me plaît pas.

— Comme tu voudras.

Je m'apprête à quitter la pièce, quand Ice m'arrête :

— J'ai cherché le fameux Benz, il n'était plus sur Narbonne, par contre, il a demandé à quelques-uns de ses contacts de te retrouver toi.

— Et ? Qu'est ce que tu veux que ça me fasse ?

— Tu ne devrais pas être si arrogant. Tu es certainement l'une des créatures les plus dures à tuer, mais un accident peut vite arriver s'ils te tombent dessus. Toi tu pourrais en butter un et ça reviendrait au même, tu te condamnerais. Bref, j'ai demandé à V et Briec de s'en occuper. Ça me faisait beaucoup trop de travail seul. Je n'ai pas réussi à remonter la piste d'un de ses amis et ça me préoccupe déjà assez.

— Comment ça ?

— Ta chère « Lex » à un meilleur pote policier. Un, dont elle est très proche, il ne vit pas sur Narbonne et son téléphone était éteint. Je n'ai rien pu faire à son sujet. Mais pas de quoi s'inquiéter, dans l'historique de leur conversation j'ai vu que durant ses périodes de travails, ils pouvaient rester plusieurs jours sans se parler, ça me laisse de la marge. Je lui ai envoyé plusieurs textos du téléphone d'Alexandra et je me suis démerdé pour qu'un humain me file sa localisation quand il l'aura, je n'ai plus qu'à attendre.

— C'est tout ?

— Tu ne te rends pas compte ! Tout ne t'est pas dû Nat' ! Au moins une fois tu pourrais dire merci.

— Je pensais que notre relation avait dépassé le stade des mots creux et que nos actions valaient plus que ça.

— Excuse-moi, je suis grognon. L'âge sans doute.

Ice esquisse presque un sourire. À chaque fois, je me fais la réflexion que je suis content d'être son ami. Il est tellement intimidant quand il sourit. En même temps rien d'étonnant, il est sûrement le seul suceur à être revenu des enfers. Même dans dix mille ans, il sera toujours marqué par son séjour là-bas. Tout le monde n'est pas mauvais dans le monde d'en dessous. C'est simplement que le bien et le mal ont des limites très variables et dépendantes de chacun. Car c'est le royaume du châtiment, faire du mal à quelqu'un pour le punir ce n'est que la justice pour beaucoup. Quand on part du principe que tout le monde est un pêcheur, ça ne laisse plus aucune barrière à la cruauté. Combien de fois notre geôlier lui a brisé les dents pour voir à quelle vitesse elles repoussaient, ou crever les yeux, voire même quelques fois couper des membres. C'est un véritable miracle qu'Adnan ne soit pas devenu fou de douleur.

— Je vais m'habiller et faire à manger. Tu veux quelque chose ? Du lait chaud ? Du riz ? demandé-je pour lui montrer ma reconnaissance.

— Non, c'est bon, merci, j'ai pris des bananes et du chocolat si jamais j'ai faim. Mais ça ne sera pas le cas.

Pour toute réponse je hausse les épaules, c'est lui qui voit. Je rejoins Alexandra dans la cuisine. J'ai déjà le sentiment de tourner en rond dans cette baraque pourtant immense.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant