Ne Jamais Dire Jamais

40 : Nathan

Lex a puisé dans ma puissance et elle souffre. Son hurlement me hante, j'ai failli attaquer Foras. Ce dernier s'en est beaucoup amusé, il m'a même provoqué. Me voir bouillir l'intrigue, alors il cherche les failles.

— Tu sais d'où viennent les pouvoirs de la fille, pas vrai ? lance-t-il avec un regard suspicieux. T'es lâche pour tout mon pauvre ami, t'as jamais osé répliquer à aucune de nos attaques. T'es passif, c'est d'un ridicule. J'en arriverais presque à douter que tu sois l'un des nôtres. Je sais pas qui tu protèges, mais pour qu'il te l'ai demandé à toi, il doit être bien mauvais.

Le démon se tait, il fronce les sourcils, hoche la tête et semble réfléchir. Ce qui m'amène à penser qu'il discute par télépathie avec les autres, ce qui expliquerait parfois certaines de leurs réactions. Il finit par sourire.

— Est-ce que la fille a tes pouvoirs ? demande le démon. Elle paraissait puissante, mais pas à ce point ! Une partie était cachée et pas des moindres, alors qu'elle est humaine. Qui nous dit que tu ne fais pas pareil. Le sire va venir, il faut tirer ça au clair.

C'est foutu ! La démonstration de Lex m'a vendu et en plus Belzébuth en personne va se pointer, c'est la catastrophe. Mais que faire ? Si je laisse les évènements couler, même si je suis démasqué, ils ne pourront presque pas m'atteindre puisque l'enfer ne peut pas m'accueillir. Lex et Ethan sont sûrement condamnés dans ce cas de figure. Mais ils ne le seraient pas moins si j'agissais et c'est moi que je condamnerai.

Mon cerveau tourne la situation dans tous les sens, cherchant une solution.

Un cri, mélange de la voix d'Ethan et de celle de Lex me parvient. La douleur aussi de par le lien. Un trou dans la cuisse cette fois... Les fils de putains démoniaques !

D'autres hurlements brisés. Le ricanement de Foras. Et je finis par comprendre, ils veulent la tuer, pour avoir tout le loisir d'investiguer en enfer avec son âme à leur merci. La puissance de Gusoyn se devine dans mon lien, ce chien des enfers essaie de marquer l'âme de Lex pour pouvoir en faire ce qu'il veut dans leur foutu monde !

Une vague de possessivité me submerge, ma décision est prise et je ne tarde pas à l'appliquer, car je sais que sinon je vais me raviser, puisque je suis certain que je vais la regretter. Poussé par la rage, je fonds sur Foras. Nous tombons au sol, il a dégainé une dague et me la plante dans le flanc. Passé la douleur, je le foudroie du regard et je souris, je souris comme il ne m'est jamais arrivé de le faire. L'anticipation de la liberté absolue que j'ai crainte autant que je la souhaitais me donne un curieux sentiment. En prenant de l'élan, je plante un violent coup de crâne à l'asperge Foras. Au sol, sa taille ne l'avantage pas. Ce bâtard fait tourner la lame, mais le pire de tout est la douleur et la détresse de Lex. Je force sur la puissance qui entrave mes pouvoirs pour les libérer et agir, comme je le fais avec mes muscles pour immobiliser mon adversaire. Aucun des deux ne cède.

Moi qui ai souvent eu l'impression qu'en poussant je pouvais faire sauter le sceau, je me suis fourvoyé, c'était la peur qui me donnait cette sensation. Quitte à enfoncer plus avant l'arme dans mes chairs, je pèse de tout mon poids sur la main qui la tient. Foras libère son autre bras et un brasier sans commune mesure nous entoure tous les deux. Les flammes orange finissent par changer de couleur pour devenir d'un rouge sanguin au fur et à mesure que la frustration de leur créateur grandit.

— Qu'est-ce que tu es, bordel ! grogne-t-il alors que son tour ne lèse que mes fringues.

Cet abruti perd des forces, il est trop canalisé sur sa magie, c'est ma chance, je saisis sa gorge en accentuant la pression de mon bassin pour le clouer au sol et je serre. Fort. Toujours plus fort. À m'en faire mal aux doigts, l'un d'eux se déboite, mais je continue parce que Lex souffre et que je me rends compte que c'est plus insoutenable que tout le reste.