16 : Nathan

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Le portail blanc coulisse à l'approche du véhicule. Ça m'étonne, je n'imaginais pas qu'Ice avait une maison dans le coin, il m'a dit être descendu de Nantes pour me retrouver à Léguevin chez ses potes suceurs.

— C'est chez toi ?

— C'est une de mes baraques, oui. Elle est hyper bien sécurisée... À vrai dire, je comptais la donner à Fabrice, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée de parler de lui.

— Pour ça, il faudrait que je sache qui c'est !

— Mon fils.


J'essaie de me contenir, car j'ai plus urgent à traiter que le fait qu'il ait osé engendrer. Mais je note dans un coin de ma tête de m'expliquer avec lui sur le sujet. Parce qu'il ne peut pas être con au point d'avoir oublié que si des vampires apparaissent dans sa descendance humaine ils auront sa mémoire et donc qu'ils connaitront mon existence. Ça aussi, qu'un système de reproduction merdique ! À l'adolescence, sans avoir rien demandé à personne, sans jamais avoir approché un suceur de leur vie, pour peu qu'un ancêtre lointain ait été l'un d'eux, les gens se transforment. Ils obtiennent les souvenirs et la connaissance de tous les suceurs qui ont croisé leur lignée. Comment Adnan comptait-il garder le contrôle ? L'âge lui a forcément ramolli le cerveau, je ne vois que ça.

Il gare la voiture dans un garage avec un portail électrique qui se referme après que nous soyons entrés. Il ne me répond rien et vient ouvrir à l'arrière. Alexandra appuyée contre la portière en position fœtale tombe. Heureusement, Ice a de bons réflexes et il la réceptionne. Ça n'empêche pas la dinde de se mettre à pleurer.

Patiemment, il la calme pour qu'elle ouvre les yeux et l'hypnotise à nouveau.

— Ça ne va pas tenir longtemps, elle semble toujours terrifiée.

— Je confirme ! Et j'en ai marre de sentir ses sentiments. Il va vraiment falloir qu'on trouve quelque chose pour la droguer ou je ne sais quoi.

Adnan soupire en secouant la tête négativement. Il conduit Alexandra vers l'intérieur.

— Qu'est-ce que j'ai dit ? demandé-je en le rattrapant.

— Tu sais que tu pourrais simplement lui expliquer la situation, elle n'a pas à subir autant, c'est un être vivant que tu as entraîné dans ta vie !

— Putain, depuis quand tu es aussi sensible !

— J'ai été humain et contrairement à la majorité des membres de mon espèce, je ne l'oublie pas. Ça ne sert à rien d'être cruel inutilement.

— Laisse-moi rire ! Quand avec tes amis tu organises des « tournois », tu es aussi compatissant ?

— Je n'ai pas dit que j'étais parfait.

Il me plante dans le salon, pendant qu'il conduit Alexandra à une chambre. Je ne me souvenais pas qu'il était si susceptible. Avant il aimait bien me raconter comment avec ses semblables ils se choisissaient des humains à faire combattre à mort. Il lui plaisait de se trouver des champions pour ce genre de jeu. Il en avait même gardé un quelques années. Il avait un surnom à la con, « Venteux » ou un truc dans ce goût-là, parce qu'il lui manquait des dents. Je n'arrive pas à croire qu'il ait osé me faire la morale.

Je tente d'occulter tout ça, je suis en partie atteint par la peur de l'autre dinde et mon humeur est affectée. Pour me changer les idées, je visite l'immense maison. Elle est très sobre, tous les murs sont blancs, il y a peu de meubles, le salon a un sol en marbre alors que les parties chambres ont du parquet, c'est la seule extravagance du lieu. Le mobilier est en bois clair et en verre. C'est tellement aseptisé que je me demande comment on peut tenir sans déprimer dans une habitation comme celle-là. Je souhaite que nous n'ayons pas à y séjourner longtemps.

Ne Jamais Dire JamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant