Chapitre 2

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Joseph me fixe alors d'un air complètement interrogateur. Se demande-t-il sérieusement ce qui m'énerve autant? Parce que j'ai une tonne de raison d'être énervée contre lui. Je peux en citer tellement qu'on pourrait y passer à la soirée. Mais j'ai tout sauf l'envie d'en parler, même des années après.

- Arrête de me fixer et va-t-en s'il te plaît, ordonnais-je.

Je regarde sa réaction dans le miroir qui se trouve juste en face de moi, tout en continuant de frotter ma robe. Elle est foutue. Le vin rouge l'a détruite.

- Ton œil, qu'est-ce que tu as? me demanda-t-il.

C'est donc pour ça qu'il me regarde depuis tout à l'heure? Cela me soulage, je n'ai pas envie de passer des heures à débattre sur tout ce qu'il a fait durant nos années de collège qui ont pu me blesser.

- Quelqu'un m'a énervé, j'affirme.
- Et quand quelqu'un t'énerve tu ressors toujours avec une oeil dans cet état? ria-t-il.
- Je pense que tu serais au courant si c'était le cas.

Mon ton sarcastique ne lui a visiblement pas vraiment plut. Il fronce les sourcils et continu de m'interroger du regard comme s'il attendait la suite de l'histoire.

- Une fille a cassé le nez d'une de mes coéquipières à cause d'un plaquage haut. Je lui ai rendu, alors toute son équipe m'a sauté dessus, fin de l'histoire.

Il se mit à rigoler. Il se moque de moi?

- Plaquage haut? J'en conclus donc que tu t'es mise au rugby depuis tout ce temps?

J'acquisse par un signe de tête. Après avoir lutté pour détacher ma robe pendant plusieurs minutes, j'abandonne finalement. Je m'avance vers la sortie, toujours suivie du regard ébahis de Joseph.

- Si tu croises Lizzie dis lui que je suis rentrée, dis-je à Joseph.
- Tu t'en vas déjà? Mais pourquoi?

Parce qu'il est là, ça me paraît évidemment. Mais je ne veux pas créer de polémique ici, alors je réponds simplement par ma seconde option :

- Je ne peux pas restée ici avec une robe blanche pleine de tâches rouges. Mon œil me faisait déjà assez honte, je ne veux pas en rajouter avec l'état de ma tenue.

Joseph se mis alors à me suivre. Je ne comprends pas pourquoi, compte tenu de nos antécédents plus que tendus.

- Tiens.

Il enlève alors sa veste et me la tend. Qu'est-ce qui lui prends?

- Mets là et reste. Personne ne verra les tâches sur ta robe avec un blouson aussi stylé, sourit-il.

Sadie arrive au même moment. Le timing joue vraiment contre moi.

- Oh Mélya je te cherchais justement. Tout va bien?

Non ça ne va pas. Ma robe est fichue. Joseph est là. Je ne me sens pas à ma place, et j'ai juste envie de rentrer. Mais évidemment, je ne peux pas lui dire tout ça. Alors je mens, j'en ai pris l'habitude. J'affiche un grand sourire sur mon visage et lui dis :

- Tout va bien Sadie ne t'en fais pas.
- Ta robe est...

Joseph met son blouson sur mes épaules avant qu'elle n'ait le temps de finir sa phrase. C'est foutu, je le sais, si je refuse de rester je vais passer pour qui? Encore une fois, Joseph me gâche mon coup. C'était le timing parfait pour m'échapper, j'avais la meilleure des excuses.

- Super, fit Sadie, voilà que le soucis de ta robe est réglé. On peut y retourner maintenant!

Elle prend ma main, et me dirige vers l'intérieur de la salle, ce qui laisse s'envoler toutes mes tentatives d'échappatoire.

Plus tard dans la soirée, Lizzie s'avance vers nous accompagnée de Joe qui commence à discuter avec Sadie. Je décide donc de la prendre légèrement à part et de lui parler.

- Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'il serait là?

Elle me regarde et fait mine de ne pas savoir de quoi je parle. Je tourne ma tête vers Joseph pour lui indiquer discrètement de qui je parle. Elle semble alors gênée, et bafouille :

- Je.. Enfaite je savais que tu ne viendrais pas si je te disais qu'il était là. Mais je voulais vraiment que tu rencontres Joe et tous les autres. Tu n'aurais jamais accepté si je te l'avais dit. Tu aurais repoussé encore et encore, comme tu l'as fait jusque là. Je comptais te le dire avant de venir, mais tu aurais faire machine arrière. Je suis désolée.

En effet, je n'aurais jamais accepté. Mais j'ai mes raisons, et elle les connaît.

- C'est du passé tout ça, je pensais que tu avais tourné la page depuis toutes ses années, continue-t-elle.

Je decide de faire impasse sur ce qu'elle vient de dire et lui demande pourquoi il est là.

- Il fait parti des nouveaux acteurs qui ont intégré la série dans la saison 4.

Très bien, alors une chose est sûre, je ne remettrais jamais les pieds dans une soirée comme celle-ci. Et ce n'est pas plus mal.

- Elle vient d'où cette veste? me questionne la traitresse qui m'a fait venir ici tout en sachant qu'il serait là.
- C'est justement lui qui me l'a prêté. Et avant que tu ne dises un mot de plus, non je n'ai pas eu le choix.

Quelques verres plus tard, j'étais plus détendue et moins stressée. J'ai fait la connaissance de plusieurs membres du casting qui ont tous été vraiment gentils avec moi. Évidemment, je ne suis pas passée à côté des questions sur l'oeil au bords noir. Ça a bien fait rire tout le monde. Je ne pensais pas dire ça mais je crois que c'est même ça qui a été à détendre l'atmosphère. Enfin l'atmosphère, mon atmosphère à moi surtout.

J'ai bien sympathisé avec Jamie. On a parlé pendant un long moment et on a même dansé. Je savais que je n'étais pas la danseuse la plus avisée de la réception, mais j'ai compris que j'étais la plus mauvaise quand j'ai vu la vidéo que Lizzie a pris (note à moi-même : l'alcool n'est pas un ami fiable). Il a passé environ une heure à subir toutes mes questions sur sa routine capillaire. Sérieusement, je n'ai jamais vu de cheveux aussi soyeux.

Il est actuellement 2:15, et je commence à sentir les courbatures de mon match dans mes jambes.

- Lizzie je pense que je vais rentrer. Je commence à être fatiguée et...
- Pas de soucis, s'empresse Lizzie de me répondre sans même me laisser le temps de finir. On se voit demain dans la journée?

Je suis soulagée qu'elle le prenne aussi bien. Je me doute que c'est pour passer un peu de temps seul à seul avec Joe, mais pour le coup, ça m'arrange!

Je salue tout le monde et me dirige dehors dans l'espoir de tomber sur un taxi. J'en aperçois un un peu plus loin. Je m'avance vers lui mais il démarre. Génial. J'en connais une qui ne sera pas rentrée avant 3:45.

Au bout de 20 minutes de marche je me décide à enlever mes talons. Si je continue à avancer aussi lentement, je ne serais pas rentrée avant le levé du jour. Étonnamment je n'ai croisé aucune voiture sur la route. Il faisait très sombre. La seule lumière qui me permettait de voir était celle de mon téléphone.

Lorsque je m'apprêtais à commencer à courir, je vis des phares s'approcher de moi et s'arrêter à ma hauteur. C'est un taxi. Yes! Quelle chance!

Je monte à l'intérieur, euphorique, sans m'apercevoir que quelqu'un est assis de l'autre côté. Je relève la tête.

Je retire ce que j'ai dis, quelle malchance.

- Comme on se retrouve Mélya, fit Joseph avec un sourire en coin.

SAUVAGE : when we met againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant