Chapitre 56

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C'était l'instant de panique de mon côté. Joe, ayant remarqué son père s'avançât vers lui. Ils se prirent brièvement dans les bras, mais durant cet instant le visage de son père semblait beaucoup moins tendu.

- James chéri, sors donc de ce coin de la pièce et vient saluer notre splendide invitée, fit la maman de Joseph.

Son père marcha tranquillement vers moi. Son visage semblait de moins en moins fermé et froid.

- Je suis James, le père de Joseph. Heureux de vous avoir parmi nous.

Puis il tendit sa main dans ma direction attendant que je la lui serre en retour, ce que je fis bien évidemment. Il m'a alors sourit gentiment. Je crus comprendre que son père s'était mis dans l'angle de la pièce pour observer la situation de loin, d'où le manque d'émotion à ce moment sur son visage. Il ne faisait qu'analyser ma personne, sûrement pour se faire sa première opinion à mon sujet.

- Merci beaucoup de nous recevoir aujourd'hui, commençais-je, votre maison est ravissante.
- On doit tout ceci à la magnifique décoration de Joseph et au sens du rangement au carré de mon très cher mari. Il a fait parti de l'armée pendant de nombreuses années, Joseph a sûrement dû te le dire, fit sa maman en m'installant sur le canapé.
- Oui Joseph m'en a parlé. C'est un univers que j'admire énormément.

Joseph s'est joint à mes côtés sur le canapé, pendant que sa mère était dans la cuisine et son père installé sur le fauteuil presque face à nous. J'ai bien évidemment proposé mon aide à Anne, qu'elle a rejeté. J'avoue que je m'en doutais, mais je me devais tout de même de demander.

James et Joseph parlait un peu de la vie actuelle de Joseph, des tournées de conventions, des prochains shows en préparation.

- Et toi Mélya? Que fais-tu dans la vie? m'interrogea-t-il.
- J'étudie la psychologie depuis maintenant trois ans. J'ai obtenu ma licence et je m'apprête à intégrer un master spécialisé dans la psychologie clinique et la psychopathologie. Et à côté de mes cours je pratique le rugby.
- Mélya est beaucoup trop modeste papa. Elle a oublié de préciser qu'elle a obtenu sa licence avec une moyenne impressionnante et qu'elle s'apprête aussi à rejoindre une grande équipe professionnelle de rugby française, qui l'a repérée sans même qu'elle le sache.

Joseph parlait de moi avec un réelle fierté dans la voix. Je sentais qu'il voulait partager ma réussite avec sa famille, pour leur montrer à quel point il était fier de moi. Ça me touchait au plus haut point.

- C'est donc pour ça que vous partez en France quelques temps?

Nous avons acquis de la tête. J'avais un peu peur à cet instant que son père juge la décision de Joseph de tout plaquer pour me suivre en France, alors qu'au fond, il n'y avait rien qui le poussait à aller là-bas si on m'enlevait de l'équation. Mais il fit tout le contraire.

- Vous avez raison les jeunes, il faut saisir ce genre d'opportunité. Vous êtes jeunes. Profitez. Voyagez. C'est génial la France. Vous allez découvrir de nouvelles choses, ce sera très bénéfique pour vous cultiver encore plus.

C'était le genre de paroles qui me rassurait vraiment dans notre décision. Un homme aussi sage que le père de Joe, ayant vécu probablement des choses aussi sensationnelles que terrifiantes, qui nous donnait en quelques sortes sa bénédiction sur notre choix. J'en fus que plus rassurée. Et j'eus l'impression que Joseph aussi. J'ai sentis qu'il était encore plus détendu qu'avant. Je comprenais tout à fait, après tout, l'avis de ses parents ce n'est pas rien, et que ça aille dans son sens cela a dû le combler et lui enlever un poids.

Après avoir finis de manger, nous sommes sortis quelques instants dans le jardin pour prendre un peu l'air. James a allumé une cigarette et m'en a proposé une, ce que j'ai accepté. Pendant ce temps, Joseph tenait en laisse notre petit chat et le câlinait avec sa mère.

- Merci pour la cigarette. Et merci pour ce chaleureux moment, ça m'a fait vraiment plaisir de vous rencontrer.
- Nous aussi nous sommes contents de t'avoir reçu. Je n'en ai pas encore parlé avec Anne, mais je sens qu'elle t'apprécie beaucoup. Et puis bon, mon fils a l'air de beaucoup t'aimer.
- Je l'aime beaucoup moi aussi.
- Ça se voit. Il compte beaucoup pour toi, et tu comptes beaucoup pour lui. Vous formez un joli couple, dit-il en tirant une taffe sur sa cigarette. Tu sais, il expira, c'est la première fois qu'il nous présente une fille. Et je ne pense pas qu'il le fasse simplement parce que vous déménagez sous peu. Je crois qu'il voulait vraiment que l'on te rencontre. Il parle de toi avec un regard que je n'avais encore jamais vu chez lui.

J'eus envie de répondre aux propos de James, pour lui expliquer à quel point ce qu'il avait dit m'allait droit au cœur, et à quel point j'étais heureuse d'avoir Joseph dans ma vie, mais à peine j'ai commencé à parler que Joseph et sa mère nous ont rejoint, accompagné de Le Chat, qui était clairement la petite mascotte de cette journée.

Anne et James se sont éloignés de nous pour discuter de leur potager que James avait visiblement oublié d'arroser ce matin.

Joseph en à profiter pour se glisser derrière moi et a passé ses bras autour de ma taille. Nous observions le magnifique paysage qui s'offrait à nous.

- Je t'aime? fis-je d'un coup en tournant seulement mon visage vers lui.
- Et moi bien plus encore.

La mère de Joseph, voulant très certainement immortaliser ce merveilleux moment, nous a pris en photo, comme j'ai pu l'entendre avec le son de son téléphone. "Erreur de débutant" avais-je envie de lui dire à ce moment là. Toujours le mettre en silencieux lorsque l'on veut prendre un cliché sans que l'on se fasse remarquer. Mais nous n'étions qu'à la première rencontre, alors je ferais ce genre de blague dans quelques années.

LE LENDEMAIN :

Nous étions désormais sur le point d'embarquer pour la France. Juste avant de rejoindre l'escalier pour monter dans l'avion, j'eus un instant de peur. J'ai repensé à tous ces moments que j'avais passé dans ce sublime pays que j'allais quitter pendant les trois prochaines années minimum. Toutes ses personnes que je n'allais plus revoir aussi souvent. Je laissais ici derrière moi un passé douloureux, mais qui m'avait mené jusqu'à ce jour. Après tout, si je n'avais pas été battu, je ne me serais jamais mise à ce sport de combat collectif, je n'aurais jamais gagné cette opportunité de rejoindre un autre pays pour exercer le sport qui me passionne, accompagnée de la personne que j'aime le plus sur cette terre.

Mes yeux se sont tournés vers le ciel, a la recherche en plein jour de ma plus belle étoile : ma mère, qui a toujours cru en moi et qui a toujours su que ce jour finirait par arriver. Le jour où je finirais par réellement laisser toutes cette merdes que j'ai accumulé derrière moi. À ce moment même, je me sentais pleinement heureuse. Je ne pouvais pas rêver de meilleure vie que celle qui m'attendait.

" Tu as vu maman, j'ai réussi." ai-je pensé très très fort les yeux rivés vers le ciel.

Joseph, a alors pris ma main, et m'a déposé un baiser sur la joue, sentant que j'étais nostalgique quelques instants.

- Prête pour cette nouvelle vie? m'a-t-il demandé.
- Prête si tu es prêt, ai-je répondu pleine de conviction.

Et c'est ainsi que l'homme que j'aime et moi sommes montés dans l'avion qui allait nous mener tout droit à de nouvelles aventures, de nouveaux défis mais surtout à une vie pleine de petits bonheurs tous plus incroyables les uns que les autres.

SAUVAGE : when we met againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant