Chapitre 45

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Après avoir mijotée pendant quelques moments, je me suis décidée à me lancer à la poursuite de Joseph. Ce que j'avais osé dire était impardonnable, je n'en revenais pas d'avoir dit des choses aussi horribles à l'homme que j'aime. Il avait raison, lui ne m'avait jamais menti, alors que je l'avais fait. Certes, c'était au moment où nous n'étions pas encore ensemble, mais ça n'excusait en rien le fait. De plus, ce que j'avais dit était ignoble, je ne suis pas la seule à souffrir. Lui aussi a probablement connu des souffrances au cours de sa vie, et ce n'est pas parce que j'ai finis en HP et en dépression que mes souffrances valaient plus que les siennes. Chaque peine est différente, et personne ne réagit de la même manière à celles-ci. Une chose toute bête pour quelqu'un peut en être une immense pour une autre, et c'est totalement normal. Nous avons tous un vécu différent, et donc des réactions différentes à la douleur.

Je m'en voulais tellement de l'avoir négligé à ce point. Je ne pensais pas un mot de ce que j'avais dit, c'était sur le coup de la colère. Je suis impulsive et irréfléchie, ce sont deux traits de mon caractère que je déteste le plus, surtout lorsqu'ils empiétaient sur Joseph.

Je marchais sur ses pas, dans la direction où il était parti quelques minutes auparavant énervé. J'espérais le retrouver vite pour m'excuser. Je lui devais bien ça, et plus encore.

Plus j'avançais, et plus des bruits que j'avais bien trop souvent entendu résonnait : ceux de personnes qui se battent. Ma curiosité me fit rechercher le point de départ de ce fameux son de bataille.

Lorsque je vis enfin d'où provenait ses bruits, j'ai vite compris que Joseph faisait parti des trois personnes qui étaient en train de se battre. Je me mis à courir dans sa direction en criant son nom pour tenter d'arrêter ce carnage.

- Joseph stop ! criais-je.

Mais rien ne changeait, Joe continuait de se battre. Il enchaînait les coups sur les deux individus, sans que mes propos de changent quoi que ce soit. J'aurais voulu les séparer, j'aurais aimé du plus profond de mon être. Mais c'était impossible. Je n'étais pas en mesure de bouger ne serait-ce que le petit doigt. J'étais pétrifiée.

Lorsque j'ai reconnu les visages des deux individus qui se battaient avec Joseph, mon cœur s'est emballé. Je n'en croyais pas mes yeux. Ça ne pouvait pas être eux, pas aujourd'hui, pas maintenant, pas ici, pas dans de telles conditions. Jake et Ben ne pouvaient pas réellement se trouver ici, et ils ne pouvaient pas être en train de se battre avec Joe.

Je fus bloquée pendant des secondes qui semblaient être heures pour moi. Je ne les avais jamais revu depuis l'incident de trop. Je ne me doutais pas une seule seconde qu'ils étaient toujours ici, à Birmingham, la ville où tous les drames de ma vie s'étaient produits, la ville où j'avais été battue, où j'avais été violée, et où ma mère avait laissé son dernier souffle. Durant toutes ses années que j'avais passé ici après l'agression, je ne les avais jamais recroisé. Je m'étais souvent imaginée ce qu'il se serait passé si un jour, en marchant dans les rues de ce quartier j'étais tombée sur eux. Dans ma tête, je leur mettais la raclée du siècle, et pourtant, là, tout de suite, à cet instant, j'étais incapable de bouger.

Personne ne se trouvait aux alentours, et Joseph commençait à prendre lui aussi de sérieux coups. Il était seul contre deux personnes, c'était évident qu'il ne pouvait pas avoir le dessus très longtemps. J'avais envie de bouger, de l'aider, mais j'en étais incapable. Je n'en croyais pas mes yeux.

Joseph se prit le coup de trop, le coup qui m'a laissé m'évader de cette prison de pétrification.  J'ai couru le rejoindre pour moi aussi me battre à ses côtés. Ce n'était pas l'activité de couple que nous avions prévu pour aujourd'hui, loin de là, mais Joseph était tellement enragé qu'il n'avait pas pu s'empêcher de donner le premier coup et de déclencher ainsi cette après-midi plus que mouvementée.

- Recule Mélya ne reste pas là, fit Joseph en me voyant arriver.

Mais je ne pouvais pas l'écouter, ces deux garçons ne méritaient que ça. Après tout, cela faisait bien longtemps que j'en rêvais.

Entre plusieurs coups, Joe tentait de me défendre, et de me pousser de ce moment de disgrâce.

- Tiens, tiens, mais c'est que notre grande amie est de retour, fit Jake. Comment va notre Mélya adoré?

J'étais tellement en colère, que je ne pu retenir mon poing qui de dirigeait tout droit vers sa face. Mais, malheureusement pour moi, il l'avait senti venir et l'avait donc esquivé, avant de m'en décoller un que pour le coup, moi, je n'avais pas vu venir.

J'ai valsé en arrière, en manquant presque de tomber. Ma main s'est approché de mon nez, pour constater les dégâts : il saignait à ruisseau. Joseph, s'étant rendu compte de la scène, s'est élancé vers moi pour voir comment j'allais.

- Mélya! hurla-t-il en arrivant et en mettant les mains sur mon visage.
- Je vais bien.
- Reste en dehors de ça s'il te plait, me fit-il avant de se tourner vers celui qui m'avait mis le coup, toi, tu vas me le payer très cher...
- Joe non s'il te plaît, l'interrompis-je.
- T'approches pas de mon pote toi, dit Ben qui s'apprêtait à défendre son ami.
- Non. C'est entre lui et moi, enchéri Jake. 

J'avais très peur de ce qui allait se dérouler, mais je savais que quoi que je fasse et quoi que je dise, la rage de Joseph prendrait le dessus et rien ne pourrait l'arrêter. Après tout, je réagirais de la même façon si les situations étaient inversées. Il voulait lui faire mal, comme lui m'avait fait mal au cours de ses années. Je n'avais pas envie que ça se règle de cette façon, j'avais trop souvent pris des coups de Jake pour savoir qu'il ne rigolait pas avec la bagarre.

La colère de Joseph se lisait dans son regard, j'observais cette lueur de colère qui s'agrippait à ses yeux comme elle s'était agrippée au miens pendant des années. La suite s'annonçait terrible, et je n'avais aucune idée de comment l'empêcher.

SAUVAGE : when we met againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant