Chapitre 52

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J'ai essayé de joindre Joseph 3 fois avant mon rendez-vous en visio à 10:30. J'avais besoin d'avoir son avis, j'avais besoin qu'il me rassure sur nous deux si jamais je finissais par envisager leur proposition. Mais malheureusement, comme je m'en doutais, Joseph n'avait pas répondu. Il m'avait bien prévenu qu'il serait très occupé aujourd'hui, mais j'avais tenté ma chance tout de même.

Plus le temps passait, plus j'étais stressée pour cette visio. Pourtant, cela ne m'engageait à rien, je le savais très bien. Mais c'était quand même stressant. Je ne m'étais jamais attendue à être repérée un jour. J'avais toujours joué pour moi, pour m'amuser, pour me détendre. Certes, je prenais le rugby au sérieux, bien évidemment, mais pas au point de jouer à un gros niveau, et encore moins dans un autre pays.

À 10:30 tout pile, j'ai reçu un appel, celui que j'attendais depuis que je m'étais réveillé. J'ai pris une grande inspiration, et j'ai décroché.

- Bonjour, fis-je timidement.
- Bonjour mademoiselle Perrez. Je me présente, Julien Dupont, sélectionneur de l'équipe féminine du Stade Toulousain.
- Enchantée.
- J'étais d'une certaine manière présent lors de l'entraînement des repérages à Londres. Un cameraman vous filmait et j'étais en ligne. J'ai beaucoup apprécié votre jeu. Nous sommes à la recherche essentiellement d'un numéro 9, et nous cherchons par dessus tout quelqu'un capable de toucher un peu à tous les postes, comme vous.

Nous avons parlé un peu plus de ma pratique en rugby. Puis il m'a un peu expliqué l'emploi du temps : j'aurais des entraînements pratiques 2 à 3 fois par semaine, accompagné de 2 entraînement plus physique directement à la salle de sport, où je devrais suivre un programme bien spécial.

Il a aussi abordé un sujet non négligeable : la rémunération. Celle-ci s'élève à 1500€ par mois. C'était une somme que je trouvais très élevée pour faire ce que je fais gratuitement depuis maintenant des années.

Nous avons tous les deux parlé de mes cours, puisque cela restait tout de même le plus important pour moi. Rick lui en avait déjà un peu parlé, et Julien s'était donc un peu renseigné au préalable. Il y avait donc une faculté de psychologie à Toulouse, et il fallait que je regarde s'ils proposaient un master pouvant m'intéresser.

- Écoutez monsieur Dupont, je suis évidemment fortement intéressée. Mais je ne peux pas vous donner ma parole sans être sûr d'être acceptée dans un master qui m'intéresse. Et il faut aussi que je me pose un peu pour réfléchir. Cela impliquerait d'énormes changements pour moi de partir vivre dans un autre pays.
- Je comprends tout à fait. Vous avez les résultats des master à partir de jeudi c'est bien ça?
- Tout à fait.
- Alors je vous laisse me recontacter vendredi dans la matinée si cela vous semble convenable.

J'ai acquis, puis nous nous sommes salué.

J'étais encore plus perdue maintenant. J'avais de toute urgence besoin de parler avec Joseph. C'est marrant, avant, j'aurais sauté sur une occasion comme celle-ci. Mais maintenant qu'il était dans ma vie, c'était complètement différent. C'est comme si j'avais besoin de son approbation. Mais là, tout de suite, je ne pouvais pas l'avoir.

Je lui ai donc envoyé un SMS pour qu'il ne s'inquiète pas pour tous les appels manqués.

" Il faudra que je te raconte quelque chose lorsque tu rentreras ce soir. J'ai besoin de ton avis d'homme sage <3 "

J'ai faillit envoyer un "il faut qu'on parle" mais le pauvre aurait été stressé tout le reste de la journée s'il l'avait lu.

Ma dernière demande de master venait d'être faite. J'ai postulé dans plus d'une dizaine de fac différente, voir même une vingtaine. Et parmi elles, l'université de Toulouse. Il se trouvait qu'ils proposaient un master absolument incroyable en clinique patho, qui pourrait complètement me convenir.

J'avais peur de la réaction de Joseph lorsque je lui annoncerais que j'envisageais sérieusement d'y aller. C'était une opportunité de dingue, et même si j'étais persuadée qu'il me dirait de foncer, j'avais tout de même peur. Je ne pouvais pas le forcer à me suivre jusqu'au sud de la France. Il m'avait affirmé qu'il me suivrait n'importe où, mais nous parlions seulement de l'Angleterre. Je redoutais tellement sa venue. Parce que j'avais envie d'y aller, j'avais envie de tester cette nouvelle aventure, avec lui. Mais je savais que je ferais une croix dessus s'il ne voulait pas partir avec moi. Joe était quelqu'un de bien. De tellement bien que je savais pertinemment que peu importe ce qu'il pensait réellement, il me dirait d'y aller. Il ne me priverait jamais d'une opportunité pareille. Et je savais qu'il ne fallait pas que je m'en prive non plus, pas pour un garçon. Mais Joe... ce n'était pas n'importe quel garçon. La Mélya d'avant lui, aurait foncé même si elle était en couple. Aucun mec ne l'aurait jamais arrêté de se lancer à la poursuite d'un rêve qu'elle n'avait jamais osé s'imaginer. Mais là Mélya d'aujourd'hui, celle que je suis, est différente. Elle sait maintenant ce que c'est d'être avec la bonne personne, d'être avec l'homme le plus incroyable. Je ne prendrais pas le risque de le perdre, mais ça me stressait quand même. Il se sentirait coupable que je reste pour lui, et si je finissais par être désagréable inconsciemment parce que j'ai fait une croix sur quelque chose qui aurait pu être génial ? Je ne préférais même pas y penser.

Joe a finit par franchir le seuil de la porte a 19h36. Il était tout souriant, et tenait deux petits sacs qui contenaient des sushis. Ce garçon était décidément beaucoup trop attentionné et gentil.

Il est venu m'embrasser et s'est installé à mes côtés sur le canapé.

- Comment s'est passé ta journée? demandais-je.
- Pas mal. C'était pas grand chose en faite. Deux interviews et le reste c'était des tas de documents à remplir. Pas très passionnant. Et toi alors, tu as postulé ?
- Exact. C'était beaucoup plus long que ce que j'imaginais, riais-je.

Joseph a mis un sushi dans sa bouche et a tenté d'articuler quelque chose :

- D'ailleurs, commença-t-il en mâchant, tu avais besoin d'un conseil non?
- Oui plus ou moins. Il y a quelque chose que je dois te dire... Quelque chose de dingue.
- J'ai hâte de savoir, allez dis-moi tout !
- Et bien en faite...

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Chapitre où on voit très peu Joseph, mais chapitre très important pour la suite de l'histoire 🫶🏼

Je vous laisse voter et commenter si vous le voulez :))

Gros bisous les copains ❤️

SAUVAGE : when we met againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant