Chapitre 49

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La soirée s'était agréablement bien déroulée. Les amis de Joe étaient un peu, enfin beaucoup bourrés, alors nous leur avons préparé la chambre d'amis pour qu'ils y dorment. Ils ne vivaient pas très loin, mais un accident arrivent vites, même à pieds, alors il valait mieux être prudent, surtout que Joseph avait de quoi les loger !

Après les avoir laissés dans la chambre d'amis, nous sommes partis nous installer dans la chambre de Joseph.

- Elle est sympa ta chambre, j'adore les...
- Notre chambre. C'est autant la mienne que la tienne tu sais.
- Et bien alors je trouve que nos coussins sont super sympa.
- Je les aime bien aussi.
- Je vois que je pourrais te faire confiance niveau déco.
- Si je n'étais pas devenu acteur, j'aurais aimé travailler la dedans. Genre décorateur d'intérieur ou un truc du style. Tu devrais voir la maison de mes parents, j'ai tout décoré à l'intérieur, ria-t-il.
- J'espère que tu voudras bien décorer mon super cabinet de psychologue alors.
- Ça me paraît évident, fit-il.

J'aimais découvrir de nouvelles choses sur Joseph. Durant cette soirée, j'ai appris des tonnes de trucs à son sujet, et j'ai adoré ça. J'étais aussi ravie de voir qu'ils avaient des amis comme Anthony et Caleb, ils étaient tout deux très bon délire, du genre rigolade h24 et aucune prise de tête. Avec eux, la vie est sûrement bien plus drôle. Joseph semblait les apprécier énormément, je le voyais à la façon donc tout ceci l'avait détendu. Certes, j'étais sa petite copine, mais je n'aurais pas réussi à lui changer les idées autant que ces deux-là. Mon visage lui aurait toujours rappelé cet après-midi, c'était évident. Alors je remerciais d'un certain côté ses mecs d'être venus.

- Tu ne m'avais jamais parlé d'Irina, lui dis-je en rigolant tout en repensant à tout ce qu'ils avaient dit à son sujet.
- Disons que c'est pas la partie que je préfère de mon existence aha.
- J'imagine. Enfin, j'imagine aussi qu'elle devait être sympa tout de même ? Tu ne te serais pas mis avec sinon.
- Bien sûr. Au fond, je reste persuadé que c'est quelqu'un de bien. Elle était très gentille, mais je pense sincèrement que quelque chose n'allait pas. Je ne suis pas calé en psychologie et je ne suis personne pour la diagnostiquer mais je pense vraiment qu'elle avait un trouble du comportement ou quelque chose du style. Après, je ne dis pas ça de manière malveillante.
- Je me doute bien oui.
- Et toi? Tu ne m'as jamais parlé de tes ex?
- À vrai dire, on peut dire que j'en ai qu'un au conteur, enfin un seul que je considère vraiment comme tel. Lukas.
- Ça ne s'est pas bien passé ?
- Je ne serais sûrement pas là si c'était le cas, rigolais-je. Disons que... Il s'était plus amouraché de mon amie que de moi. Après, je pense qu'au final c'était un mal pour un bien. Avec du recul je me suis rendue compte que je l'aimais bien, évidemment, mais que ce n'était pas vraiment de l'amour. J'avoue que mon égo en a tout de même pris un sacré coup, et que même si je n'étais pas amoureuse de lui comme je le pensais, j'ai quand même souffert. Mais disons que de plus gros drames se sont déroulés peu de temps après alors c'était loin d'être ma plus grosse douleur.
- Tu parles du décès de ta mère, c'est ça? me fit-il avec compassion.
- C'est ça..

Joseph ne savait pas trop comment agir à ce moment là, et je le comprenais. Moi-même, je n'avais jamais su comment réagir lorsque quelqu'un parlait de décès avec moi. C'était toujours une sensation étrange, ne pas savoir quoi dire, quoi faire, parce qu'au fond, nous savons très bien que peu importe nos actions, la peine n'en sera pas plus légère.

- Sache que si tu veux m'en parler, je suis là.
- Je sais. Tu sais, ça fait plus de quatre ans maintenant, alors j'ai plus ou moins fait mon deuil. Bon, je ne vais pas te mentir, ça fait toujours aussi mal, c'est des conneries quand on dit qu'avec le temps la douleur finit par s'en aller. C'est complètement faux. La douleur est toujours là, c'est juste qu'avec le temps, t'apprends à la gérer, à faire avec tu vois? En réalité, tu n'es jamais prêt à perdre un être cher.
- Je ne peux même pas imaginer ta douleur, mais je compatis de tout cœur. Elle est...
- Décédée d'un cancer du sein, je me doute que tu te poses la question c'est normal. C'est un truc dont beaucoup de femmes de ma famille ont souffert. Malheureusement pour ma mère, son stade était trop avancé pour en guérir. Ce qui me bouffe le plus, c'est que si les médecins avaient été plus compétents, elle l'aurait su plus tôt. Elle avait fait tous les examens recommandés. Elle sentait bien qu'elle avait de drôle de boules qui poussaient, mais pour eux ce n'était que des kystes sans importances, qui ne nécessitaient pas plus de surveillance que ça. Seulement, ce n'étaient pas des kystes.. Et à peine trois mois plus tard, c'était finis.

J'avais tellement pleuré ma mère, que les larmes ne coulaient plus maintenant. Mon deuil n'était pas fait, non, mais comme je l'ai dit, j'avais appris à canaliser cette douleur perçante dans mon cœur. Je ne pleurais plus en racontant son histoire. Mais je pleurais toujours le jour de son anniversaire, ou à Noel. J'avais peut-être fait la paix avec sa maladie, sa mort. Mais je n'avais pas encore réussi à faire la paix avec sa non présence. C'est sûrement paradoxal, mais c'est comme ça.

- J'aurais aimé la connaître. Je suis sûr que c'était une femme remarquable.
- Elle était emplie de sagesse et de bienveillance. Tu sais, ma mère, elle connaissait toute mon histoire, et elle te connaissait toi, à travers mes récits. L'hôpital psychiatrique ne m'a pas aidé à m'en sortir, ce sont les visites de ma mère qui l'ont fait. Elle m'a appris à pardonner, et à passer par dessus. Elle m'a sauvé en quelques sortes.
- Alors j'aurais aussi aimé la remercier, d'avoir été ton ange gardien. C'est le souvenir que tu dois garder de ta mère Mélya. La femme bienveillante, brillante et sage qu'elle était. Je suis persuadé qu'elle t'aimait plus que tout.
- Oh que oui, je le sais.

Joseph m'a pris dans ses bras avec réconfort et bienveillance.

- Merci de m'avoir écouté.
- Je serais toujours là pour t'écouter tu le sais bien?
- Je t'aime Joe.
- Et moi donc. Je t'aime plus que 3x1000.

J'ai rigolé face à sa référence qui manquait cruellement d'originalité.

SAUVAGE : when we met againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant