Chapitre 12

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Une fois ma douche prise, j'enfila mon peignoir pour sortir de la salle de bain. Mes vêtements se trouvaient dans l'armoire de ma chambre.

Lorsque je traversa le couloir, Joseph ne posa même pas les yeux sur moi. J'observa le sol qui avait retrouvé son apparence d'origine. Il n'avait pas chaumé durant ma toilette.

- Merci d'avoir nettoyer, fis-je en m'avançant vers lui.

Le canapé se situait juste à droite de la porte de ma chambre. Joseph, étant assis sur la gauche, se trouvait donc juste à côté.

- Pas de quoi, me répondit-il toujours sans lever un œil en ma direction.

De toutes les issues que j'avais imaginé, je n'avais jamais pensé à celle-ci. Jamais je n'aurais pu envisager le fait qu'il serait dégoûté rien qu'à l'idée de me regarder. Je me sentais sale, frustrée et abandonnée.

- Alors c'est pour ça que tu m'as demandé d'aller prendre une douche? commençais-je sur un ton tout sauf cordial. Le viol fait de moi une femme salie au point que tu n'arrives même plus à m'adresser un regard, et encore moins à entrer en contact avec moi. Je t'écœure donc à ce point maintenant?

Je partis dans la chambre enfiler des vêtements. J'entendis Joseph pester dans la canapé.

- Tu crois vraiment ce que tu es en train d'insinuer?

Je sortis de la chambre et partis en direction du frigo. J'ouvris une bière avec mes dents, et la bu aussi sec avant de lui répondre :

- Je n'insinue rien. Je ne fais qu'observer tes réactions. Je te dégoûte, ça se voit à ta façon d'esquiver mon regard et d'éviter les contacts entre nos peaux. Tu crois peut-être que la "saleté" qui parcourt mon corps est contagieuse?

Je sortis mon paquet de cigarettes et m'alluma une clope. Moi qui pensait que la discussion avait réglé mes insécurités, il ne faut qu'en créer de nouvelles.

Joseph se leva et s'approcha de moi, tout en gardant une certaine distance. Il prit sa tête dans ses mains.

- T'es carrément à côté de la plaque Mélya.

Cette explication ne me suffisait pas. Ce n'en était même pas une. Il n'y avait rien de concret dans ces propos. Je tira une grande taffe sur ma cigarette, puis pris une gorgée d'une nouvelle bière que je venais d'ouvrir.

- Arrête de boire, ordonna Joseph, et pose donc cette foutue cigarette.

C'était impossible pour moi de les lâcher. C'en était trop. Je m'étais confié à lui, chose que je n'avais pas fait depuis mon année en HP. Et tout ce que je lui inspirais maintenant était du dégoût.

- Si je dévie le regard c'est parce que j'ai honte Mélya, honte d'avoir été manipulé, honte de t'avoir blessé, et honte de ne pas l'avoir compris.

Je leva les yeux vers lui.

- Et si je n'ose plus te toucher, comme tu le dis, c'est simplement parce que j'ai peur de faire un geste qui pourrait te paraître déplacé et de raviver des traumatismes... Tu ne me dégoûtes pas Mélya. Loin de là, bien au contraire.

Il continua de s'avancer vers moi, pris ma cigarette et l'écrasa sauvagement dans les cendriers qui se trouvait juste à côté. Je vis que ses mains hésitaient à se poser sur le mienne, et que son regard était toujours quelque peu incertain.

Je pris alors ses mains, et les déposa sur mes hanches.

- Je sais que tes gestes sur mon corps seront toujours bienveillants envers moi, Joseph. Je ne veux pas perdre ce contact si chaleureux entre nos peaux. Je le trouve bien trop rassurant pour te laisser faire une croix dessus, lui souriais-je. N'ai pas honte de toi. Tu étais immature, et influençable, j'ose espérer que tu en as tiré des leçons. C'est tout ce qui compte aujourd'hui.

SAUVAGE : when we met againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant