Chapitre 11

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⚠️ TW : dans ce chapitre, je vais aborder des sujets tels que le harcèlement ainsi que le vi*l. Je n'entre pas dans les détails et ne décrit pas énormément les scènes, mais si certains d'entre vous ne se sentent pas à l'aise avec ces sujets, je vous conseille de passer ce chapitre.⚠️

Je pris une grande respiration, le regard plongé dans la vide je commença à raconter :

- Ceux que tu appelais tes "amis". Ils m'attendaient à la sortie tous les jours. Tu n'étais pas dans leur classe alors tu n'étais jamais là. C'est d'ailleurs pour ça que je pensais que tu n'étais pas présent. Mais en faite, tu ne le savais juste pas. Presque tous les soirs, il me traînait à l'écart et me ruait de coups. Jamais dans la tête, sinon cela aurait été bien trop voyant. Ils déchiraient mes cours, me traitaient de tous les noms d'oiseaux possibles et inimaginables. Dans l'enceinte de l'école, je te voyais toujours avec eux. Tu étais là pour me faire des croches pieds dans la queue de la cantine, ou pour me tirer les cheveux dans la cours de récréation. Lorsqu'il s'agissait de me traiter, tu étais le premier à arriver. J'ai toujours cru que c'était toi qui leur demandait de me frapper. Le dernier soir de mon année de 5e et donc le dernier soir de leur année de 3e, où nous avions finis à 18:00, ils ont été bien plus loin que tous les autres soirs.

Je sentais que les larmes montaient à mes yeux. Joseph posa sa main sur ma cuisse comme pour me rassurer et me dire de continuer. Je ferma les yeux et continua. Je me remémorais absolument chaque image dans les plus sombres détails.

- Il faisait presque nuit. J'étais heureuse car je savais que tous ça c'était finis, que l'année prochaine vous ne seriez plus là, et que pour une fois, je ne m'étais pas fait battre avant d'entamer le chemin pour rejoindre la maison. J'étais loin de me douter que tes amis me suivaient de près. Lorsqu'ils en ont eu l'occasion, et ils m'ont sauté dessus, une nouvelle fois.

Je décala sa main sur le canapé et essuya une larme qui coulait sur la joue. Je me promis à moi-même que ce serait la seule qui coulerait ce soir.

Je me tourna vers Joseph et lui dit :

- Je ne pense pas que tu aies besoin d'un dessin pour apprendre la suite de l'histoire. Ils m'ont violé. Tous les 3.

J'étais complètement dissocié de moi-même. La carapace s'était recouverte, comme si elles ne s'étaient jamais enlevées. J'étais une coquille vide de toutes émotions. Entre le début de mon récit et la fin, j'étais redevenue la Mélya insensible, celle que rien ne touchait et que rien ne pouvait atteindre. J'avais tellement façonné cette personne au cours de ses dernières années qu'il m'était devenue presque impossible de contrer son apparition. Pourtant, je ne voulais pas jouer l'insensible devant lui, je n'en avais pas besoin.

- Oh et, ajoutais-je comme si je n'en avais pas déjà assez dit, ils ont dit qu'ils l'avaient fait pour toi.

Je repris mon verre de ses mains et le finis d'une traite. Joseph se mordait les phalanges. Je sentais qu'il entrait en ébullition.

- Comment ai-je pu être aussi aveugle, dit-il au bords des nerfs.

Je ne comprenais pas son énervement. Si quelqu'un devait être énervé ici, c'était bien moi. Il avait littéralement ordonné le plus gros traumatisme de ma vie.

Il prit sa tête dans ses mains.

- J'avais un faible pour toi Mélya, lâcha-t-il d'un coup.
- Et t'agis toujours comme un putain de connard quand t'as un faible pour quelqu'un?!

C'en était trop pour moi. Son motif était complètement bidon.

- Ils étaient au courant. Ils savaient que tu m'intéressais. C'est eux qui m'ont persuadé que pour que tu t'intéresses à moi il fallait que je sois méchant avec toi. J'étais naïf. Je n'avais jamais essayé d'attirer l'attention d'une fille avant toi. Eux, ils avaient vu des dizaines de copines. Je pensais qu'ils savaient de quoi ils parlaient mais ils se sont bien foutu de ma gueule.

Sa mâchoire se contractait de plus en plus.

- Je ne savais pas ce qu'ils te faisaient après les cours.

Ces points s'étaient resserrés. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il explose.

- Ils t'ont violé putain, hurla-t-il.

La bouteille de vin blanc s'éclata sur le sol.

À cet instant je compris que je lui en avais voulu pendant presque 10 ans, pour rien. Il s'était fait manipuler du début à la fin, et j'étais maintenant sûr que ce n'était pas lui qui avait ordonné cet acte terrible.

Je m'effondra en larme. Toutes ses années, je m'étais trompée à son sujet. Je me sentais coupable. La carapace retomba. Tant pis pour le makeup. Je lui en avais plus voulu à lui pendant tout ce temps, parce que je pensais qu'ils ne faisaient que suivre ses ordres comme des brebis égarés, alors que depuis le début, c'était lui la brebis.

Joseph fut pris de panique en me voyant.

- Je suis désolé je ne voulais pas te faire peur, fit-il en osant à peine me toucher.

Je n'avais pas peur de lui. A cet instant, je me sentais juste pathétique. Maman avait raison. J'aurais dû le confronter plus tôt. J'aurais fait la paix avec moi-même bien avant.

Voyant qu'il n'osait pas poser sa main à nouveau sur moi, je m'engouffra moi même sur son torse. De ce fait, il me sera contre lui, comme par automatisme. Je l'entendais me chuchoter que tout irait bien maintenant. Qu'il était désolé du plus profond de son cœur.

- Regarde-moi, me fit-il en me relevant le menton.

Ses yeux brillaient, je compris qu'il retenait ses larmes. Il était probablement plus doué que moi pour ce genre de chose.

- C'est finis maintenant. Plus personne ne te fera de mal. Jamais.

Il essuya mes larmes avec ses doigts, de part et d'autre de mon visage. Je lui souris et il fit de même.

- Allez viens là petit panda, l'émission devrait commencer.

Il me blottît contre lui et alluma la télé. Je pense que la référence au petit panda venait de mon eye liner qui avait certainement coulé partout. Quelle technique de merde !

J'étais soulagé d'avoir enfin pu en parler avec lui. Et soulager qu'il ne pose pas plus de questions et qu'il mette terme à la discussion. Ce n'était pas le genre de sujet dont j'avais envie de débattre pendant des heures. Maintenant les choses étaient claires, autant pour lui que pour moi. Il était temps de passer réellement à autre chose.

Malgré ce que Joseph voulait me faire croire, je le sentais toujours crispé. Ses muscles étaient contractés et je sentais que sa mâchoire l'était aussi.

Au bout de quelques minutes sentant que ses nerfs n'étaient toujours pas détendus. Je mis ma main sur son bras en caressant légèrement sa peau du bout de mes doigts. Il ne semblait pas à l'aise, alors je retira ma main et me déblotit de lui aussitôt.

Son regard était plongé dans la télévision, mais je restais persuadée qu'il ne suivait pas du tout. A tel point qu'il se semblait même pas remarqué que je m'étais écarté. Je ne comprenais pas son jeu. Pourquoi faire mine de me rassurer et au final agir comme un glaçon avec moi?

J'aperçus la bouteille de vin complètement détruite au sol. Les bouts de verres jaillissaient à droite-à gauche de mon appartement.

Je me leva pour les ramasser. Je ne veux pas que l'un de nous les oublie et se blesse.

- Non laisse je vais le faire, fit Joseph et récupérant les morceaux que j'avais déjà ramassé.
- Je ne suis pas en sucre, lui répondis-je en ramassant d'autre morceaux.
- Tu vas te blesser arrête, rétorqua-t-il en récupérant à nouveau les morceaux que j'avais ramassé. Tu ne dois pas voir grand chose avec tes grands yeux tout noirs, va plutôt prendre une douche je m'en occupe.

Je ramassa un dernier morceau et le déposa dans sa main. Nos doigts eurent un contact durant un bref instant, auquel Joseph s'était empressé de mettre un terme.

Avoir un contact avec ma peau le dégoûte-t-il tant que ça maintenant qu'il sait?

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Ce chapitre n'a pas été facile du tout à écrire. Je n'en suis pas particulièrement fière. J'ai eu beaucoup de mal à trouver les bon mots. ☹️

J'espère qu'il vous plait quand même, n'hésitez pas à me donner vos avis, qu'ils soient positifs ou négatifs 😜

Prenez soin de vous 💘

SAUVAGE : when we met againOù les histoires vivent. Découvrez maintenant