Chapitre 11 : Tu n'es pas faible.

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Une fois arrivée chez moi, je posais mes affaires et allais dehors. J'ai empêché mes émotions de sortir toute la matinée, mais là, ce n'était plus possible. Je me suis mise à hurler, à pleurer et à frapper contre les murs de toutes mes forces jusqu'à ce que mes mains finissent en sang et que je ne puisse plus les bouger. Quand je suis en pleine crise, j'ai besoin de me faire du mal physiquement pour me calmer. Je n'aime pas être violente avec les autres, mais je le suis avec moi-même.
Je me laissais tomber à terre et je pleurais toutes les larmes de mon corps. Tout ce que je demande c'est que Hunter me fiche la paix, mais apparemment, c'est impossible. Et si j'en parle à mes parents, ils vont encore vouloir qu'on déménage et c'est hors de question.
Une vingtaine de minutes venaient de passer, j'ai repris peu à peu mes esprits. Mes mains sont dans un sal état. Je les ai passés sous l'eau rapidement avant de mettre des mitaines pour dissimuler le sang et les blessures. Je me rafraichis un peu le visage et prends une grande inspiration.
À 14h30, quelqu'un frappe à la porte, je vais ouvrir et Billy était là, avec une demi-heure d'avance.

— « Je t'avais demandé de venir à 15h. Dis-je d'un ton sec.
— Je sais, mais je m'ennuyais chez moi.
— Bon, entre. »

On s'installait dans mon salon. J'avais horriblement mal aux mains et aux poignets, mais j'essayais de ne rien laisser paraître. On commençait enfin ce fichu exposé.
Quelques minutes étaient passées, Billy était vraiment à fond dans l'exposé ce qui m'étonnait énormément. J'essayais d'écrire, mais c'était horriblement dur, j'avais si mal.

— « Pourquoi tu portes des gants ? Me demandait-il en fixant mes mains.
— Parce que c'est stylé.
— Tu te fiches de moi ?
— Quoi ?
— Je ne suis pas stupide, je vois bien que tu galères à écrire depuis tout à l'heure, qu'est-ce que tu me caches ?
— Rien, c'est bon.
— Très bien. Il posait le stylo qu'il avait dans la main et croisait les bras. J'arrête de travailler.
— Quoi, tu es sérieux ?
— Très sérieux même. »

Je le regardais quelques secondes et je soufflais en levant les yeux au ciel. Il était déterminé à vouloir savoir alors, je retirais difficilement les mitaines et c'était un désastre. J'avais du sang et des hématomes partout, je ne pouvais à peine bouger mes doigts et même en retirant les gants, j'ai poussé un cri de douleur.

— « Mais qu'est-ce que tu as fait ?! Me disait-il en essayant de toucher mes mains.
— Non ! Ne touche pas...
— Où est ton armoire à pharmacie ?
— Quoi ?
— Réponds-moi.
— À l'étage, dans la salle de bain, première à gauche. »

Il se levait pendant que je regrettais de lui avoir montré ça... Il va juste penser que je suis faible.
Il redescendait avec plusieurs produits dans la main et s'approchait de moi.

— « J'ai pris du désinfectant, de la pommade et des bandes. Je vais d'abord nettoyer tout ça, mais il faudra que tu mettes de la glace, c'est vraiment enfler. Me dit-il. »

Il posait délicatement mes mains sur ses genoux et je le laissais faire sans rien dire. Il désinfectait les plaies, cela piquait, mais c'était supportable, peut-être parce que je suis habituée à la douleur.
Une fois le maximum de sang enlevé, il allait dans la cuisine pour prendre de la glace et la poser sur mes mains.

— « Je vais laisser la glace quelques minutes et pendant ce temps-là, tu vas m'expliquer pourquoi tes mains sont dans cet état.
— Ce n'est pas la peine, ce n'est pas très grave je...
— Rien à foutre. Explique-toi.
— J'étais énervée par rapport à ce qu'il s'est passé ce matin, c'est tout.
— Et donc ? Tu décides de te faire du mal pour résoudre le problème ?
— Oui ! Billy. Je suis faible, folle, tout ce que tu veux, mais oui, quand mes émotions deviennent trop fortes et me font trop de mal, je dois les faire taire avant qu'elles ne me consument et je deviens violente envers moi-même. Là, en l'occurrence, j'ai frappé dans un mur.
— Tu n'es pas faible, ni folle. Et je suis désolé.
— Je n'ai pas fait à cause de toi, mais à cause de ce qu'a dit Justin sur moi, à cause de...
— Hunter ?
— Ne prononce pas son nom.
— Pourquoi il te fait ça ?
— Écoute, tu es adorable, mais je n'ai vraiment pas envie d'en parler... Je ne sais pas ce qu'il essaie de faire, mais si ces rumeurs se répandent.
— J'irais péter la gueule de tous ceux qui les répandent. Me dit-il en retirant la glace.
— Tu n'es pas drôle. Dis-je en rigolant à moitié.
— Pourtant tu rigoles. La prochaine fois, frappe sur un punching-ball et avec des gants, de préférence. Arrête de te faire du mal, tu ne mérites pas ça. »

Il était tellement gentil et attentionné. Ce n'était plus du tout le Billy qui m'insupportait, comme s'il y avait deux personnes totalement opposées en lui.
Il me mettait de la pommade juste avant de me bander délicatement les mains.

— « Merci, mais, comment je vais écrire ? Demandais-je en essayant de bouger les mains.
— Déjà, arrête de bouger. Me répondait-il. Je vais écrire et finir ce qu'on a commencé. On continuera quand tu iras mieux.
— Mais tu ne vas pas tout faire...
— C'est la moindre des choses vu comment je t'ai traitée ce matin. Si je me trompe sur un truc, dis-le-moi. »

Je le regardais écrire. Il est gaucher, je ne l'avais jamais remarqué, il a une très belle écriture, et de très belles mains aussi... Stop, je m'égare là.
Je commençais à avoir très mal aux mains, elles étaient complètement engourdies et la douleur devenait insupportable.

— « Ça ne va pas toi. Me dit-il.
— C'est juste... Super douloureux et mes mains sont engourdies, je ne pourrais même pas prendre un stylo.
— Tu as dû vraiment y aller super fort. »

Je ne prêtais pas attention à ce qu'il disait et commençais à avoir la tête qui tournait. Je me suis levée pour marcher un peu, mais une fois debout, j'ai perdu l'équilibre et Billy m'a rattrapé de justesse. Il me porte et m'allonge sur le canapé.

— « La douleur est forte à ce point-là ?
— J'ai juste... Pas mangé aujourd'hui.
— Ok, alors je vais commander une pizza.
— Non, tu as sûrement autre chose à faire.
— Non, et je n'ai pas envie de rentrer chez-moi. »

Je ne répondais pas et il allait passer commande. Il peaufinait ensuite le début de l'exposé et la pizza arrivait au bout de 30 minutes.
Quand on eut terminé, il voulait rester avec moi alors j'ai allumé la télé et je me suis littéralement endormie en à peine quelques minutes. Je me suis réveillé vers 18h et j'étais dans mon lit. Billy avait laissé un mot sur ma table de nuit : « Tu t'es endormie. Ne t'inquiète pas j'ai tout rangé. Repose-toi et sois sage. On se voit demain. Billy. » Je souriais, il avait l'air de vraiment s'inquiéter pour moi.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant