Chapitre 27 : Une dispute de plus.

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Lundi 22 octobre 1984.

Le week-end a encore une fois, été beaucoup trop rapide. Je viens tout juste d'arriver au lycée et je me dirige directement vers Steve.

— « On mange ensemble ce midi ? Lui demandais-je.
— Tu ne préfères pas manger avec ton cher Billy ?
— Steve... Tu ne vas pas recommencer. Et comment tu sais que j'ai mangé avec lui d'ailleurs ?
— Tout se sait ici.
— Et donc ? C'était la première fois que l'on mangeait ensemble, arrête un peu.
— Tu me remplaces vite apparemment.
— Tu sais quoi ? Tu me gaves. Il est 8h et tu me prends la tête pour rien. Dis-je en commençant à partir.
— C'est ça, cours voir ton nouveau mec. »

Je me retournais et lui levait mon majeur. Il est vraiment insupportable par moments, il est beaucoup trop tôt pour ce genre de choses complètement débiles. Je m'avance vers mon casier et râlant. Je voulais bien commencer la semaine et il a tout gâché.

— « Tu parles toute seule ? Me demande Billy qui venait d'arriver.
— Non, si, enfin bref. Répondais-je en fermant mon casier.
— Tu as l'air de mauvaise humeur.
— Merci du compliment.
— Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire...
— C'est bon, je rigole et tu as raison. Steve me gave.
— Étonnant. Dit-il ironiquement.
— Je t'en prie, n'en rajoute pas.
— Qu'est-ce qu'il a encore fait ?
— Rien, c'est stupide.
— Je veux savoir quand même.
— Il est jaloux parce que je passe du temps avec toi.
— Ah ça, je le savais déjà. Il te kiffe, c'est évident.
— Arrête avec ça. On doit aller en cours, tu viens ? »

Il me glissait un sourire et on allait devant la porte de notre salle de cours. J'ai bien remarqué le regard noir que m'a lancé Steve quand il m'a vu arrivé avec Billy et d'ailleurs, Billy l'a aussi remarqué alors il a passé son bras derrière mes épaules pour m'approcher près de lui juste pour narguer Steve. Ça m'a énervée alors je l'ai repoussé en levant les yeux au ciel.
La journée touchait à sa fin, j'ai volontairement évité Steve toute la matinée et finalement, il est venu s'excuser et on a déjeuné ensemble. Je sais qu'il n'aime pas Billy et qu'il est inquiet pour moi, mais il va falloir qu'il me fasse un peu plus confiance.

Point de vue de Steve.

Il va vraiment falloir que je me décide à avouer mes sentiments à Caitlin. Je suis presque sûr que c'est réciproque et comme ça, cet abruti de Billy arrêtera enfin de l'approcher quand il comprendra que l'on s'aime. Je sais qu'elle a peur de se remettre en couple à cause de Hunter, mais je sais aussi que je suis l'homme parfait pour elle, je ferais absolument tout pour son bonheur. Je veux juste la protégée et je commence vraiment à ne plus contrôler ma jalousie.

Mardi 23 octobre 1984.

Point de vue de Caitlin.

Nous n'avons pas cours de matinée, je me suis levée pour absolument rien. Les professeurs sont toujours absents quand les vacances approchent. On commence donc à 15h. Cette semaine commence vraiment mal décidément.
D'ailleurs, je n'ai pas vu Billy, il n'est pas venu et c'est Suzanne qui a déposé Max. Cela m'inquiète alors je décide d'attendre Maxine à la sortie des cours, elle est venue seulement pour une heure de cours de 8h30 à 9h30, elle a aussi des profs absents.
Dès que je l'ai aperçue, je lui ai fait signe pour qu'elle vienne me rejoindre. Elle monte sur sa planche de skate et se rapproche de moi.

— « Hey, ça va ? Lui demandais-je.
— Euh oui, et toi ?
— Pourquoi Billy n'est pas venu aujourd'hui ?
— Ne t'inquiète pas pour lui.
— Si Max, je m'inquiète. »

Elle n'eut pas le temps de répondre, car au même moment, Billy arrivait, mais bizarrement, il roulait doucement, ce qui est très rare. Je m'approche de sa voiture et je me penche à sa fenêtre.

— « Eh ! Dis-je en lui mettant une petite tape sur l'épaule.
— Oh, salut... »

Il me regardait à peine, mais je ne suis pas dupe, il a encore pris des coups au visage et il a pleuré, ses yeux brillent.

— « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demandais-je.
— Rien, ça va.
— Billy, je ne suis pas bête ni aveugle. Je vais venir avec vous. »

Je ne lui aie pas laissé le temps de contester. Il n'avait pas l'air bien du tout. D'habitude, quand je lui demande ce qu'il s'est passé, il s'énerve, mais là, il n'a rien dit.
Pendant le trajet, il évite mon regard et je sentais que si je disais quelque chose, il allait fondre en larmes alors j'ai passé ma main dans ses cheveux, sur sa nuque pour essayer de l'apaiser, mais il l'a retiré aussitôt.

— « Pas maintenant. Après. On en parle après. Me dit-il en chuchotant. »

Je pense qu'il ne veut pas parler de cela devant Maxine, ce que je peux comprendre donc je ne force pas. Une fois arrivé devant chez lui, Max sort de la voiture en me saluant et Billy la regarde à peine. Il sert son volant comme pour se canaliser et je sais que si je dis un seul mot par rapport à Neil, il va craquer alors je me contente juste de lui dire : « Démarre, on va chez moi. »
Il me regarde, avec un soupir de soulagement, comme s'il me remerciait de ne pas poser de question tout de suite et il démarre. Ce qu'il s'est passé avec son père a dû l'atteindre et lui faire vraiment mal pour qu'il n'ait aucun excès de colère, je déteste le voir comme cela.
On arrive chez moi, on monte à l'étage, dans ma chambre et aucun de nous deux ne parle. Je ferme la porte et il s'assoit sur mon lit, en tailleur. Je m'assieds également, à côté de lui, mais on ne se fait pas face, je suis à sa gauche parce que je sais que si je force trop le regard, cela va le rendre mal à l'aise. Je décide d'engager la conversation.

— « Bon alors, raconte-moi.
— Je ne sais pas quoi te dire, il n'y a rien à raconter.
— Oh, si. Tu ne m'as pas envoyé promener une seule fois alors c'est qu'il y a vraiment un problème.
— C'est juste que... Mon père a dit des choses qu'il ne fallait pas dire, ça m'a énervé et il m'a frappé, enfin, c'est toujours la même chose.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
— Il a parlé de ma mère, il n'a pas à parler d'elle, c'est un enfoiré, je le déteste.
— Tu ne veux toujours pas me parler d'elle ?
— Non. »

Son visage s'assombrit, il tournait la tête et je le voyais serrer les poings. Je craignais qu'il s'énerve, mais je me suis approchée lentement et j'ai pris ses mains.

— « Je comprends, ne t'inquiète pas. Je sais que c'est un sujet compliqué pour toi et je ne te forcerais jamais à en parler si tu n'es pas prêt, mais je suis là, d'accord ? Dis-je.
— Merci... Je suis vraiment désolé de t'impliquer dans tout ce bordel.
— Et moi je suis contente de pouvoir être près de toi dans ce genre de moment. Il ne faut surtout pas rester seul.
— Mais attends... Et les cours ?!
— Du calme. Répondais-je en rigolant. On commence à 15h, il y a pas mal de profs absents aujourd'hui.
— J'ai cru que je t'avais fait sécher les cours.
— Je l'aurais fait.
— Pour moi ?
— Bien sûr, je t'ai promis de ne pas te laisser seul. »

Il me souriait, se rapprochait de moi et il posait sa tête sur mon épaule avant de prendre ma main dans la sienne. Je suis contente de pouvoir l'apaiser. Je sentais la tension de son corps se relâcher, j'ai vraiment l'impression que dès que l'on se touche, cela arrive à nous calmer directement.
La journée se terminait assez rapidement et Billy avait l'air d'aller un peu mieux. Si je peux l'aider, alors je continuerais de me rapprocher de lui pour qu'il me fasse confiance et qu'il vienne se confier à moi de lui-même.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant