Chapitre 49 : Confessions.

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On est restés plusieurs minutes dans les bras l'un de l'autre, sans rien dire et il a fini par se tourner vers moi.

— « Pendant combien de temps tu as vécu ces violences ? Me demandait-il.
— Euh...
— Je suis désolé, tu ne veux peut-être pas en parler...
— Non. Je te fais confiance et il est peut-être temps que je t'explique tout... »

Je respirais un bon coup avant de devoir lui raconter tout mon passé, j'espère ne pas fondre en larmes, mais cela risque d'être compliqué.

— « Premièrement, mes parents ne sont pas vraiment mes parents. J'ai été adoptée à 10 ans.
— À 10 ans ?
— Oui, je sais c'est bizarre. Et je n'ai aucun souvenir de mon enfance. Pendant 5 ans, j'ai vécu du harcèlement à l'école, je n'avais qu'une seule amie, j'étais timide donc forcément, les autres s'en sont pris à moi et à mes 15 ans, je suis sorti avec Hunter, le garçon populaire. Quand il a annoncé qu'on était ensemble, le harcèlement s'est arrêté et j'étais heureuse, pour la première fois de ma vie. Tout se passait vraiment bien au début, je pensais être amoureuse et que notre couple allait durer pour toujours et... »

Je retenais mes larmes le plus possible, mais je commençais à sentir ma gorge se nouer.

— « Prends ton temps. Me disait-il en prenant ma main dans la sienne.
— Il a commencé à m'insulter, me rabaisser sans arrêt devant ses potes, à me critiquer sur tout ce que je faisais. Il s'excusait, mais il recommençait et il m'a dit, enfin il m'a fait croire qu'être loin de moi, ça le rendait fou et on a décidé d'emménager ensemble dans un appartement que son père possédait.
— Mais vous étiez jeunes...
— Ouais... Je sais. Mais j'étais amoureuse et aveugle alors j'ai accepté et j'ai immédiatement regretté cette décision. Je pensais que tout allait s'arranger, mais ça n'a fait qu'empirer. Il a commencé à me frapper. Au début, ce n'était que des gifles, de temps en temps, mais après, c'est devenu un enfer. C'était quasiment tous les jours, j'avais des bleus, des hématomes énormes sur tout le corps. Dis-je en sentant les larmes couler sur mes joues.
— Ça va aller, je suis là. Me disait-il en caressant le dos de ma main avec son pouce.
— Il m'a interdit de sortir, de voir mes parents. Les seules fois où j'allais dehors, il était avec moi et si un seul homme osait me regarder, j'en prenais plein la gueule. Il a même... Voulu qu'on couche ensemble, plusieurs fois, et je l'ai toujours repoussé.
— Et cet abruti avait raconté le contraire à Justin en te faisant passer pour une salope...
— Exactement, tu comprends maintenant... Et évidemment, quand je le repoussais, ça se finissait par des coups. Puis un soir, il est rentré complètement bourré et il s'est jeté sur moi et comme d'habitude, je l'ai repoussé, mais là, ça ne lui a vraiment pas plu et c'est à ce moment-là qu'il m'a... Frappé avec sa ceinture, comme toi... Et mes parents sont arrivés.
— Quoi ?
— Ils étaient sans nouvelles alors ils ont débarqué sans prévenir et ont vu Hunter me frapper. Ils m'ont très vite sorti de là, mais j'étais déjà brisée et j'ai voulu mourir, tellement de fois... On a essayé de porter plainte, ça n'a jamais rien changé donc on a déménagé, ici, à Hawkins pour que j'aie un nouveau départ.
— Comment tu te sens depuis que tu es arrivée ici ?
— Mieux. Enfin, je crois. Grâce à Steve, grâce... À toi.
— Je suis tellement désolé que tu aies vécu tout ça... Tu ne méritais pas cette souffrance, tu mérites d'être heureuse... Et puis merde, viens là. »

Il ouvrait ses bras et je me jetai contre lui. Il y a 2 mois, jamais je n'aurais cru lui raconter tout cela, mais en même temps, ça m'a fait du bien de lui en parler. Il m'a serré si fort contre lui que j'avais l'impression que les morceaux de mon cœur étaient en train de se réparer.

— « Qui est au courant ? Me demandait-il.
— Mes parents évidemment et... Steve.
— Steve...
— C'est mon meilleur ami Billy... Dis-je en me retirant de ses bras.
— Je sais, je suis content que tu aies eu quelqu'un de présent pour t'aider. Et je suis désolé de t'avoir fait autant de mal. Finalement, ces coups de ceinture, je les méritais peut-être...
— Ne dis pas des choses comme ça ! Je t'ai raconté tout ça pour te prouver que j'avais confiance en toi, pas pour que tu culpabilises. »

Il me fixait pendant quelques secondes, sans rien dire. Il se mettait à fermer les yeux et il prenait une grande inspiration.

— « Ma mère m'a... Abandonné. Me dit-il d'un seul coup.
— Quoi ? Répondais-je un peu surprise.
— Tu me fais confiance alors à mon tour de te prouver que moi aussi, je te fais confiance.
— Billy, tu n'es pas obligé...
— T'inquiète. Ça va. Elle... M'a abandonné à mes 10 ans, elle ne supportait plus les coups de mon père. Parce que oui, il s'en est pris à elle aussi. Quand elle est partie, au début elle m'appelait souvent, en me disant qu'elle allait revenir puis un jour, plus rien. Elle a juste disparu de ma vie et mon père me l'a toujours reproché en me disant que j'étais faible et que c'était à cause de moi que ma mère était partie. Elle m'a juste laissé... Ça. M'expliquait-il en me montrant le collier qu'il portait sans arrêt.
— Je me demandais pourquoi tu le portais tout le temps...
— Maintenant tu sais. Et puis, Max et Suzanne ont débarqué et ça m'a rendu malade. C'était trop à supporter, comme si ma mère n'avait jamais existé. Elle m'a laissé tomber, mon père me détestait. J'étais seul et ayant vécu dans la violence, je suis devenu violent également, pour que les gens ne pensent pas que j'étais faible. Puis pour Maxine, tu le sais maintenant, que j'ai toujours voulu la protéger.
— Je le savais depuis longtemps déjà. Je savais que tu avais souffert et que tu n'étais pas la personne que l'on croyait. J'étais déterminée à savoir qui tu étais vraiment et j'ai réussi.
— Ouais, effectivement. Même si je te repoussais sans arrêt parce que... À chaque fois que je tiens à une femme, elle m'abandonne, et je n'aurais pas supporté que tu partes aussi, mais je préférais te perdre plutôt que de te faire du mal.
— Maintenant, tu n'es plus obligé de le faire, je ne vais pas partir, je suis là et je resterais près de toi. »

Il se blottissait contre moi et on ne disait rien pendant quelques minutes. On avait juste besoin d'être là, ensemble, sans forcément parler. De savoir tout ce qu'il a traversé... Je l'aime encore plus. Il mérite énormément d'amour et je suis heureuse de ne pas avoir laissé tomber avec lui.

— « Dis... Pour changer de sujet... Parle-moi un peu de toi. Me demande-t-il.
— Tu veux savoir quoi ?
— Je ne sais pas, quelque chose que tu aimes énormément.
— Hum... La nature. Quand je ne vais pas bien, je vais toujours dans la forêt, ou près d'une rivière. Quelque part dans la nature, dans un bel endroit de préférence pour me ressourcer.
— Ça m'arrive de faire ça aussi.
— Et toi, dis-moi quelque chose que tu aimes.
— Conduire.
— Comme tous les mecs. Dis-je en rigolant.
— Ouais, et la vitesse aussi.
— Ça, j'avais remarqué... Mais c'est dangereux.
— Je sais. »

On discutait comme cela pendant plus d'une heure et j'apprenais énormément de choses sur lui. Son sourire, son rire, sa voix... J'étais complètement folle amoureuse de lui.

— « On devrait peut-être aller dormir, viens. Lui dis-je. »

Je l'emmenais jusqu'à ma chambre en lui disant que j'allais aller dormir dans la chambre d'amis, mais au moment de sortir de ma chambre, Billy me retenait par la main.

— « Je me sens super mal de te demander ça, mais... J'ai envie que tu restes près de moi cette nuit. Ta présence m'apaise... Je comprendrais que tu ne veuilles pas.
— Je veux bien.
— Vraiment ?
— Au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué, tu es le seul qui peut me toucher.
— Oh... Oui, c'est vrai.
— Je ne supporte même pas le contact de Steve. Mais avec toi, c'est différent. Peut-être parce qu'on a vécu des choses similaires. »

Il me souriait et on s'installait tous les deux dans mon lit et il me demandait s'il pouvait me prendre contre lui et j'acceptais. J'étais si bien dans ses bras. Et si ma présence peut l'apaiser et lui faire un peu oublier la douleur, je resterais près de lui le temps qu'il faudra.

Clair-obscur - TOME 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant